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La mythologie et ses lieux : la plaine de Troie

Au nord-ouest de l’Anatolie, face à la mer Égée, s’étend la plaine de Troie, vaste espace fertile bordé par le mont Ida et baigné par les eaux du Scamandre. Derrière ces terres paisibles, que l’on imagine aujourd’hui propices aux cultures et aux pâturages, se dresse l’un des décors les plus célèbres de la mythologie grecque. Ici, l’histoire et la légende s’entremêlent, et les batailles contées par Homère résonnent encore entre champs et collines.

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Écrit par Mounir Moujoud
Publié le 22 août 2025

Un champ de bataille devenu légende

La plaine de Troie est indissociable de la guerre homérique, ce conflit mythique où les Achéens assiégèrent la cité fondée, selon la tradition, par Dardanos, ancêtre de Priam. L’Iliade d’Homère situe dans cette plaine les duels mémorables d’Hector et d’Achille, les charges héroïques de Diomède et d’Ajax, ou encore les larmes d’Andromaque.

Au-delà de la violence, cette terre fut un théâtre symbolique : les dieux de l’Olympe y descendaient pour prendre parti, transformant chaque combat en un affrontement entre mortels et immortels.

 

Entre nature et mémoire

La plaine s’ouvre entre les hauteurs du mont Ida et les rives du fleuve Scamandre, où Homère place les courses effrénées des chars achéens. Ses sols riches, irrigués par des sources abondantes, en faisaient une région agricole prospère. C’est précisément cette fertilité qui nourrissait le contraste entre la douceur du paysage et la brutalité des récits de guerre.

Strabon, au Ier siècle avant notre ère, évoquait encore la localisation des murailles de Troie et l’étendue de la plaine où s’étaient affrontées les armées. Les fouilles modernes, initiées par Heinrich Schliemann au XIXe siècle et poursuivies par Wilhelm Dörpfeld, ont confirmé la superposition de plusieurs cités, dont la plus fameuse reste l’Ilion homérique.

 

Un site bouleversé par le temps

Comme l’Hélicon, la plaine de Troie n’a pas échappé à l’érosion du temps. Les fortifications de la ville ont été détruites, reconstruites puis abandonnées à plusieurs reprises. Les siècles ont recouvert le champ de bataille de cultures et de routes, mais la mémoire du lieu est restée vive dans la culture européenne et même au-delà.

Les poètes latins, de Virgile avec son Énéide à Properce, ont repris l’héritage homérique. Plus tard, la redécouverte de Troie à la Renaissance et au siècle des Lumières a renforcé la fascination pour cet espace où se rencontrent mythe et archéologie.

 

Comment s’y rendre et que découvrir sur place

La plaine de Troie se situe près de la ville moderne de Çanakkale, en Turquie, à quelques kilomètres du détroit des Dardanelles. Le site archéologique de Troie, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, permet d’arpenter les vestiges des remparts, des temples et des habitations qui témoignent de près de trois millénaires d’occupation.

Le visiteur peut contempler la reconstitution symbolique du cheval de bois, marcher sur les traces d’Hector et d’Achille, ou encore admirer les horizons du Scamandre et de l’Ida. Peu de lieux condensent avec autant de force le mariage de la poésie, de l’histoire et du paysage.

 

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