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Grèce : la colère populaire après la tragédie ferroviaire de Tempi

Le 28 février 2023, la collision frontale de deux trains à Tempi, près de Larissa, a causé la mort de 57 personnes, dont de nombreux étudiants. Ce drame a déclenché une vague de colère à travers la Grèce, donnant lieu à des manifestations massives contre la gestion des infrastructures ferroviaires et la négligence des autorités.

le 1er mars 2023. © Alexandros Avramidis, Reutersle 1er mars 2023. © Alexandros Avramidis, Reuters
Écrit par Lepetitjournal Athènes
Publié le 17 février 2025

Une mobilisation immédiate et massive 

Dès les premiers jours suivant l’accident, des milliers de personnes sont descendues dans les rues d'Athènes, Thessalonique et d’autres grandes villes pour exprimer leur indignation. Le 3 mars, environ 5 000 manifestants ont convergé vers le centre d’Athènes, brandissant des pancartes et scandant des slogans tels que "Ce n’était pas un accident, mais un crime". La police est rapidement intervenue pour disperser la foule, utilisant des gaz lacrymogènes, ce qui a intensifié la tension.  

Le 8 mars, la mobilisation a pris une ampleur inédite avec plus de 50 000 personnes à travers le pays, dont 40 000 à Athènes. La place Syntagma, devant le Parlement, est devenue l’épicentre de la contestation. Des affrontements ont éclaté entre certains manifestants et les forces de l’ordre, témoignant d’une exaspération profonde. 

Une colère alimentée par des années de négligence 

Les manifestants dénoncent une négligence systémique et un manque d'investissement chronique dans le réseau ferroviaire. Depuis des années, les syndicats alertaient sur l’état vétuste des infrastructures et l’absence de mesures de sécurité suffisantes. "Nous avons tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises, mais personne ne nous a écoutés", a déclaré Kostas Genidounias, leader du syndicat des conducteurs de trains (Le Monde). 

Le ressentiment populaire trouve aussi ses racines dans les années d’austérité imposées à la Grèce après la crise financière de 2008. Les coupes budgétaires ont particulièrement touché les services publics, dont le secteur ferroviaire. La privatisation partielle de l’opérateur ferroviaire en 2017 et le manque de contrôle étatique sont pointés du doigt comme des facteurs aggravants. 

Un mouvement porté par la jeunesse 

Parmi les manifestants, une forte proportion de jeunes et d’étudiants, touchés de plein fouet par la catastrophe. Beaucoup des victimes étaient des étudiants rentrant à Thessalonique après un week-end prolongé. "Nous pourrions être à leur place", témoignent certains manifestants, expliquant leur engagement dans ce mouvement de contestation. 

Les réseaux sociaux ont joué un rôle clé dans la mobilisation, permettant d’organiser les rassemblements et de diffuser des témoignages bouleversants sous les hashtags #JusticePourTempi et #NousN’oublieronsPas. Cette dynamique rappelle les mouvements de contestation précédents en Grèce, notamment ceux liés à la crise économique. 

Des excuses gouvernementales jugées insuffisantes 

Face à la pression populaire, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a présenté des excuses publiques et promis des réformes pour améliorer la sécurité ferroviaire. Mais ces annonces n’ont pas apaisé la colère des citoyens, qui dénoncent une réaction tardive et insuffisante. 

Les manifestations continuent, signe d’une crise de confiance profonde entre la population et ses dirigeants. La catastrophe de Tempi s’est transformée en un symbole du mécontentement généralisé envers un système perçu comme inefficace et corrompu. Pour les manifestants, cette tragédie ne doit pas être oubliée et des mesures concrètes doivent être prises pour garantir que cela "ne se reproduise jamais". 

lepetitjournal.com Athènes
Publié le 10 février 2025, mis à jour le 17 février 2025

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