Tout a commencé mardi, lorsque l’Ouest et le Nord-Ouest ont été frappés par de fortes précipitations. L’orage s’est ensuite déplacé vers l’Est et a touché Athènes jeudi et vendredi, avant de toucher les îles de la mer Egée orientale.


Ces intempéries ont entraîné des conditions dangereuses pour les conducteurs et les piétons, ainsi que l’annulation de nombreux vols. Quatre régions grecques ont été placées en alerte “code rouge”, soit le niveau d’avertissement le plus élevé.
Une tempête qui apaise les pénuries d’eau ?
Dans un contexte où l’Attique, Leros et Patmos sont officiellement en état d’urgence en matière d’eau, on pourrait croire que ces pluies intenses offrent un répit. Mais ce n’est pas le cas.
Les orages courts et très intenses apportent rarement une amélioration durable. En effet, lorsque l’eau tombe trop vite, le sol ne peut pas l’absorber. Elle ruisselle alors à la surface, vers les canaux d’évacuation, les ruisseaux, puis la mer.
Les longues périodes sans pluie accentuent ce phénomène : la surface du sol durcit et devient imperméable. L’eau n’atteint donc pas les nappes phréatiques profondes ni les grands réservoirs souterrains qui alimentent le pays.
Ainsi, les épisodes violents mais brefs ne constituent pas une réponse efficace à la sécheresse. Pour recharger les réserves, il vaut mieux de petites pluies régulières.
Le problème de l’eau en Grèce
La Grèce affronte une sécheresse persistante depuis plusieurs années, due au manque de pluie et de neige.
Selon l’Observatoire National d’Athènes (ONA) “la neige est le moyen le plus efficace pour remplir les réservoirs”.
Or, il n’a pas neigé à Athènes depuis février 2023, et le pays dans son ensemble a enregistré un enneigement “nettement en dessous de la moyenne” durant l’hiver 2024-2025, selon l’ONA.
Le changement climatique est la cause principale de cette tendance. Le pays y est particulièrement vulnérable. D'après le World Resources Institute (organisme de recherche indépendant), la Grèce est le 19e pays au monde en terme de stress hydrique.
Donc le crise pourrait durer, ce qui inquiète la population. Lors de la grande sécheresse de 1993 dans l’Attique, les réservoirs étaient presque vides, et des restrictions sévères avaient été imposées. Leur impact sur la vie quotidienne reste encore présent dans les mémoires.
Le projet Eurytus, réponse du gouvernement de Kyriakos Mitsotakis
Face à l’urgence, plusieurs études menées par l’Ecole Polytechnique d’Athènes et par la Compagnie nationale d'approvisionnement en eau de Grèce ont appelé l’Etat à agir d’urgence pour moderniser le système hydraulique grec.
Un rapport complet sur les réserves d’eau en Grèce a également été commandé à l’Université Technique nationale d’Athènes, avec le soutien d’une équipe juridique, afin d’éclairer les futures décisions politiques.
C’est dans ce contexte que le gouvernement a annoncé, le 30 octobre 2025, le lancement du projet “Eurytus”, à l’occasion du centenaire de l’EYDAP, la compagnie des eaux d’Athènes.
Ce plan, évalué à 2,5 milliards d’euros, vise à sécuriser l’approvisionnement en eau du pays (notamment à Athènes et Thessalonique). L’état d’urgence décrété dans trois régions donne au gouvernement une marge d’action élargie pour mener ce projet à bien.
Les principaux axes sont les suivants :
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Redirection partielle des rivières Karpenisiotis et Krikeliotis vers le réservoir Evinos d’ici 2029, afin d’assurer l’approvisionnement de l’Attique pour les trente prochaines années.
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Développement des ressources souterraines, avec la construction de nouveaux puits capables de fournir 45 millions de mètres cubes d'eau par an.
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Construction d’usines de dessalement terrestre, particulièrement utiles pour les îles.
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Modernisation du réseau de distribution, dont l’amélioration du canal de Thiva, permettant d’économiser plus de 10 millions de mètres cubes d’eau.
La tempête Adel rappelle une réalité simple : les solutions ponctuelles ne suffisent pas à compenser les effets d’une crise climatique qui s’inscrit dans la durée. Les investissements massifs nécessaires pour assurer l’approvisionnement en eau montrent à quel point les conséquences environnementales ont aussi un coût économique majeur. Après une COP30 à Belém largement critiquée pour son insuffisance, il devient évident que traiter les causes profondes du dérèglement climatique serait, à terme, moins coûteux que d’en gérer les impacts.
Si la protection de l’environnement ne suffit pas à convaincre les décideurs, peut-être que le prix croissant de l’inaction finira par les y contraindre.




























