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19 mai : jour de commémoration du génocide grec pontique de 1914-1923

Moins connu que celui qui a frappé les Arméniens en 1915, le génocide grec pontique aurait fait, à partir de 1914, et surtout 1919, plus de 300 000 morts. Organisé, lui aussi, par les autorités turques, les massacres, persécutions et expulsions avaient pour objet revendiqué de « turquiser l’Anatolie », en y éliminant les populations grecques. En ce jour de commémoration, l’association ΕΠΟΝΑ tient un lieu d’information place Syntagma.

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Écrit par Lepetitjournal Athènes
Publié le 18 mai 2025, mis à jour le 19 mai 2025

 

« Le problème grec »

 

À partir des années 1910, les autorités turques ont considéré les populations grecques comme une source de déstabilisation à leur projet de « turquisation ». Nourrissant contre eux le ressentiment, les quelque 700 000 Grecs qui vivent dans la région du Pont depuis des siècles commencent ainsi à être menacés.

Les violences commencent à partir de 1914 et la Première Guerre mondiale. Les hommes sont soumis aux travaux forcés où ils s’épuisent jusqu’à la mort. Les autorités turques ont ainsi pu éliminer plusieurs milliers de personnes en affirmant que cela n’était que la conséquence de travaux militaires.  

La guerre sert également à justifier les déportations dont sont victimes les populations de nombreux villages qui en sont pourtant fort éloignés. Les femmes, familles et vieillards sont forcés de marcher vers les montagnes et meurent de froid, de faim et d’épuisement.  

 

La « guerre intérieure » contre les Grecs

En 1919, le gouvernement grec, invoquant la protection des Grecs d’Anatolie et espérant renforçait son pouvoir sur l’Égée, déclare la guerre à la Turquie. Le 19 mai, Kemal débarque à Samsun, ville du Pont, où il organise l’armée et décide de la « guerre intérieure » contre les Grecs, notamment dans le Pont, et donc loin du front.

Les massacres se multiplient, des villages sont brûlés et certains habitants sont tués pour l’exemple. Des milliers d’autres sont envoyés sur les routes où ils meurent épuisés. Parfois, ils sont assassinés - hommes, femmes et même enfants - par dizaines sur le bord des chemins.  

 

Quelque 300 000 morts

Des dizaines de milliers de Grecs pontiques perdent ainsi la vie, près de chez eux ou sur les routes. Les villages dans lesquels vivaient la population sont presque tous détruits, pillés et brûlés.

Des parodies de procès sont organisées en 1921 et quelque 400 notables sont exécutés sous le sceau de la justice, éliminant ainsi des représentants influents qu'auraient pu avoir les Grecs pontiques.

Ainsi, de 1914 à 1923, ce ne sont ainsi pas moins de 350 000 Grecs pontiques qui sont tués, de manière directe ou du fait de l’exode, de la faim et du froid. Des dizaines de milliers de Grecs sont également morts en Anatolie occidentale, du fait du conflit et des exactions turques.

 

L’exode définitive

Depuis plusieurs années, des centaines de milliers de Grecs ont fui l’Anatolie occidentale pour la Grèce, du fait de l’avancée des Turcs.

C’est également le cas de nombreux Grecs pontiques qui s’étaient déjà réfugiés en Grèce, mais surtout vers la Russie, très proche. À partir de 1923, conformément aux échanges de population prévus entre la Grèce et la Turquie, quelques dizaines de milliers de Grecs pontiques sont contraints de quitter leurs terres et se réfugient en Grèce.

C’est ainsi que la présence hellénique millénaire dans le Pont disparaît définitivement.

 

La question mémorielle

Les massacres sont assez peu évoqués pendant une large part du XXe siècle, du fait notamment des guerres et des changements politiques. Ce n’est qu’en 1994 que la Grèce reconnaît le génocide grec pontique et qu’elle œuvre en vue de sa reconnaissance internationale.

Entre 2007 et 2015, l’Association internationale de recherche sur les génocides, l’Arménie, la Suède et les Pays-Bas reconnaissent le génocide pontique. En 2015, à l’occasion du centenaire du génocide arménien, le Pape François commémore « les tragédies inouïes du dernier siècle » dont « le premier génocide du XXe siècle qui a frappé les Arméniens – première nation chrétienne –, avec les Syriens catholiques et orthodoxes, les Assyriens, les Chaldéens et les Grecs. »

 

Lieu d'information, place Syntagma

 

Assez peu connu et peu reconnu, c’est la raison pour laquelle, à l’occasion de la commémoration du génocide, l’association ΕΠΟΝΑ tient un lieu d’information place Syntagma.   

 

 

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