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ART - Jeff Koons à Versailles : le homard n'a tué personne

L'artiste vivant le plus cher du monde est à Versailles. Jeff Koons a installé ses sculptures polychromes dans les appartements royaux. Pendant que quelques grincheux lui font don d'une petite polémique, tout se passe bien au Château

Un homard suspendu par les pieds, bienvenue à l'exposition de Jeff Koons! (photo Jeff Koons)

Jean-Jacques Aillagon, désormais président du domaine de Versailles, peut jubiler. Le buzz a fonctionné, alimenté par la polémique gentiment offerte par une poignée de crispés du patrimoine.
L'exposition Jeff Koons, installée dans les jardins et les appartements royaux, a rencontré, dès son premier week-end,un franc succès et multiplié par deux la fréquentation du Château. 10.000 visiteurs se sont pressés devant les oeuvres colorées du prince néo-pop vénéré des collectionneurs milliardaires.
Alors, pro ? Anti ? Difficile de se situer radicalement devant l'évènement.
Même si elle ne propose que 17 pièces, l'exposition a le mérite de donner à voir le travail d'une star internationale extrêmement rare en France, puisqu'il s'agit de sa première véritable rétrospective hexagonale. Et puisque Jeff Koons est l'artiste vivant le plus coté (un Balloon Flower a été adjugé la bagatelle de 16 million d'euros il y a peu) pourquoi ne pas lui fournir un écrin à la mesure de son compte en banque ? A savoir un des monuments les plus flamboyants, condensé, en son genre, d'ostentation et d'exaltation du pouvoir.

Biscuits, business et sucreries
De toutes façons, pour les détracteurs de Koons, la clause morale n'est sans doute pas à chercher du côté du porte-feuille mais plutôt de la feuille de vigne et des photos explicitement sexuelles de l'artiste en compagnie de son ex-femme, la Cicciolina. Elles proposaient pourtant une vision assez pimpante du coït humain.
Peu importe ! Les oeuvres sélectionnées aujourd'hui sont beaucoup plus consensuelles. Ici, un homard géant suspendu au plafond du Salon de Mars (Lobster), une effigie de Mickael Jackson ou un Balloon dog étincelant. Là un autoportrait de marbre ou une sculpture monumentale ornée de 10.000 fleurs... Les oeuvres de Koons sont à la fois clinquantes et glaciales, premier degré et cyniquement séduisantes, sympas et nocives comme une boite de bonbons Haribo. On peut y voir une intrusion des icônes de la culture populaire dans des murs d'élite ou de la pure démagogie esthétique. Elles n'ont en tout cas pas force de provocation dans le bon goût, somme toute très relatif, de la galerie des glaces.
Les limites de l'exposition tiennent plutôt à son absence de création : aucune oeuvre n'a été conçue spécifiquement pour Versailles.
Il s'agit plus simplement d'un show luxueux, d'une joyeuse balade d'agrément dont il ne faut peut-être pas chercher trop loin la profondeur.
Jean-Marc JACOB. (www.lepetitjournal.com) vendredi 26 septembre 2008

Site Internet de l'exposition
Jusqu'au 14 décembre 2008, Château de Versailles

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