“Los pueblos del mañana”, c’est l’exposition-atelier imaginée par Jean-Charles de Castelbajac. Après Paris, elle s’installe pendant 1 an au centre Pompidou de Málaga. Conçue pour les enfants à partir de 4 ans, cette installation vitaminée propose aux visiteurs de découvrir l’univers coloré de l’artiste. Entre jeu et création, une expérience interactive à vivre en famille.
Le feu vert à peine donné, une vingtaine d’élèves de primaire se mettent à courir sur des tapis colorés. Un petit groupe s’empare de nuages en polystyrène, un autre sautille sur une marelle musicale, les derniers pianotent sur des boutons aux figures poétiques. En un instant, l’espace jeune public du Centre Pompidou de Malaga quitte sa torpeur pour se vêtir de rires et de musique. Avec l’exposition-atelier « Los pueblos del mañana », l’appropriation est immédiate.
Une exposition qui réveille l’âme de l’enfance
Au milieu de ce ballet d’écoliers, un grand enfant se détache. Debout face à une drôle de machine musicale intitulée le « synthémo », Jean-Charles de Castelbajac - lui-même - joue les DJ. Sourire aux lèvres, l’artiste est venu présenter les différents espaces de son exposition. Il observe avec plaisir les enfants s’emparer de ses installations. Cette approche intuitive du vivre ensemble, c’est justement ce qu’il souhaitait. Invité par le centre Pompidou à réaliser un projet pour sensibiliser le jeune public à l’art, il a souhaité un parcours vivant. « Ici, les parents qui se rendent au musée avec leurs progénitures ne sont pas transformés en porte-manteau ! », explique-t-il en souriant. « L’idée, c’est que tous les membres de la famille participent à l’expérience », ajoute-t-il.
Dans cette installation, le visiteur est invité à manipuler, à créer, à rêver. Jean-Charles de Castelbajac en est convaincu : grâce à l’expérimentation, l’art s’invite dès le plus jeune âge. « Je suis très attaché à l’univers de l’enfance », confie-t-il. Avant de poursuivre : « C’était aussi le cas de Picasso ou de Cervantès. D’ailleurs Miguel de Cervantès disait : Garde toujours dans ta main la main de l’enfant que tu as été. C’est ce que j’essaye de faire. »
« Los pueblos del mañana » est née dans l’imagination de l’artiste pendant la pandémie de Covid-19. « Je souhaitais donner de l’espoir aux jeunes et je voulais créer un projet qui donne aux enfants une dimension universelle », explique Jean-Charles de Castelbajac.
Une exposition universelle qui s’exporte à l’international
D’abord visible pendant 9 mois au centre Pompidou de Paris, cette exposition-atelier a transité 3 mois par Clermont-Ferrand avant de poser ses valises pour 1 an à Malaga, sous le patronat de la Fundaciòn Caixa Bank.
Présente de façon simultanée à Shangai, “Los pueblos de mañana” porte incontestablement des valeurs universelles. « Dans cette exposition, pas besoin de traducteur ! », s’amuse Jean-Jacques de Castelbajac. Ici, la transmission passe par les formes, la couleur, les signes, la musique ou encore le geste. « J’ai toujours été fasciné par les sciences liées à la symbolique (…) » explique l’artiste. « Dans mes dessins d’enfance, je résumais ou condensais mes émotions par des symboles : la tristesse par un nuage pluvieux, la récompense par une couronne, le don par une main, créant ainsi un langage de signes universels. » À travers l’usage de symboles, Jean-Charles de Castelbajac veut livrer une « Pierre de rosette » aux enfants pour qu’ils inventent un langage international, avec l’art comme alphabet.
Pour Isabelle Frantz-Marty, commissaire de l’exposition et cheffe de projet au centre Pompidou de Paris, « Los pueblos del mañana » permet de construire des passerelles avec les collections du musée. Selon elle, « cette installation basée sur la pratique permet au visiteur de s’approprier la couleur et les formes pour mieux appréhender l’art, en général. » Ainsi, la main stylisée de Jean-Charles de Castelbajac fait écho à l’empreinte des hommes préhistoriques laissée dans les grottes ou renvoie à la main de Fatma. Autant de ponts possibles avec l’histoire de l’art.
De la couleur à la forme, de la musique au geste
À travers un parcours libre, le visiteur découvre l’univers poétique et protéiforme de Jean-Charles de Castelbajac. Quatre ateliers en totale immersion sont proposés au visiteur : « Inventer un drapeau », « Composer avec des signes et des sons », « Jouer avec les formes et les images » et « Danser avec les signes ».
L’atelier drapeau invite chaque enfant à imaginer son emblème intérieur. À l’aide de figures à placer sur des fonds colorés, le visiteur peut concevoir son propre pays intérieur, celui qui reflète fidèlement ses valeurs et son univers de cœur. Ici, pas question de frontières ni de clivages. Le drapeau est vidé de son marqueur identitaire. Loin de la standardisation, l’art permet avant tout de laisser libre court à son imagination.
Dans l’atelier totems - aussi baptisé « Totaimes » - le public peut inventer sa propre pyramide de symboles en empilant des figures pour créer une combinaison d’émotions.
La marelle sonore, quant à elle, invite à la création musicale. En sautant sur les cases dessinées au sol, elle libère des sons originaux composés par l’auteur-compositeur-interprète français Julien Granel. Enfin, d’autres expériences ludiques mettent en scène le geste, grâce notamment à une collaboration avec le chorégraphe Karim Naar.
Dans cette exposition-atelier, les couleurs « blocs » de Castelbajac font corps avec celles du cube du centre Pompidou de Malaga. « Quand je suis arrivé à Malaga et que j’ai vu le cube coloré de Buren, je me suis tout de suite senti à la maison ! » confie Jean-Charles de Castelbajac. Avant d’ajouter : « Je suis très heureux d’être exposé en Espagne, car ce pays aime la couleur, comme moi. » Nul doute que le public international de Malaga saura se fondre dans l’univers de l’artiste.
Gratuite, l’exposition-atelier « Los pueblos del mañana » est ouverte au public jusqu’en février 2024.
Infos pratiques : Ouvert au public les lundi, mercredi, jeudi et vendredi de 17h à 19h30. Samedi, dimanche et jours fériés de 12h30 à 14h. et de 17h à 19h30.
Toutes les informations sur le site internet du Centre Pompidou de Malaga.