

Depuis le 5 juillet dernier, des femmes algériennes d'Annaba se rendent en bikini à la plage afin de lutter contre le harcèlement et le moralisme religieux.
Au nord de l'Algérie, à Annaba, c'est la mobilisation totale chez les femmes. Le concept est né le 5 juillet, depuis, des dizaines de femmes se rendent en groupe à la plage de Seraidi en revêtant leur bikini afin d'affronter le harcèlement sexuel, mais aussi moral, dans un pays très conservateur sur le plan religieux et culturel.
Origine du mouvement
Elle s'appelle Sara et c'est elle la fondatrice du mouvement. Pour elle, tout a commencé lorsqu'elle a été sujette à des agressions verbales ou physiques lorsqu'elle se rendait à la plage. Depuis, la jeune femme préfère garder ses vêtements, de peur d'être agressée. Mais très vite, elle décide de créer un groupe Facebook destiné à rassembler les femmes d'Annaba, et ainsi, organiser des sorties à la plage en maillot de bain.
Une réussite
Il y a trois semaines, elles étaient une quarantaine, elles sont désormais 3 500 à rejoindre le rang des « bikinistes ». Depuis la création du mouvement, elles ont foulé trois fois la plage de Seraidi, avec pour objectif de sensibiliser les gens et faire évoluer la société de manière profonde, sans ayant la volonté de créer le buzz.
Ce rassemblement est perçu comme une évidence pour les résidentes d'Annaba, pour elles, c'est juste un moyen efficace d'affirmer la liberté des femmes, tout en condamnant la banalisation des regards insistants qui attisent leur objectivation.
Pour Sara, ce mouvement ne devrait pas être considéré comme un exploit. « Chaque année, on voit plus de voiles que de bikinis. La femme algérienne n'est plus ce qu'elle était par le passé (?) la culture arabo-musulmane ne devrait pas être un prétexte pour piétiner la liberté des gens ». Toujours est-il que le fait d'enfiler un bikini est devenu un vrai symbole de progrès mais « cela ne devrait pas être un exploit et encore moins choquer » estime la fondatrice du mouvement.
La critique inévitable
Si les femmes font preuve d'un grand courage et d'une solidarité à toute épreuve entre elles, elles n'en ont pas moins peur des représailles. Elles savent que cette mobilisation n'est pas au goût de tout le monde et sera critiquée par une partie. En effet, de nombreux commentaires haineux se sont multipliés sur les réseaux sociaux: « Je me baigne avec mon hijab, je laisse la nudité aux animaux » peut-on lire sur une page très conservatrice, destinée à défendre une vision spécifique de l'Islam. Pire, certains internautes appellent à un contre-mouvement, qui consiste à photographier les femmes en bikini à l'insu et contre leur gré, afin de dénoncer ces « rebelles » au détriment du respect de la vie privée de l'individu.
Vincent VILLEMER pour www.lepetitjournal.com/Alger Lundi 24 Juillet 2017
