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Les responsables politiques calédoniens actent leur divergences

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Écrit par AFP
Publié le 16 décembre 2018, mis à jour le 16 décembre 2018

Six semaines après un référendum d'autodétermination historique en Nouvelle-Calédonie, qui a vu la victoire du non à l'indépendance, une réunion des responsables politiques calédoniens à Matignon autour du Premier ministre a souligné vendredi les divisions entre indépendantistes et pro-France sur l'après-scrutin.

 

Cette réunion du Comité des signataires de l'accord de Nouméa avait été annoncée par Edouard Philippe lors de sa visite éclair à Nouméa au lendemain du scrutin du 4 novembre, remporté avec 56,7% des voix par les pro-Français. 

Ce comité a notamment permis de fixer au 12 mai prochain la date des élections provinciales qui doivent rebattre les cartes de la composition du congrès de Nouvelle-Calédonie - actuellement dominé par les loyalistes.

Si indépendantistes et non-indépendantistes ont acté le fait de relancer le dialogue après ces élections provinciales, ils ont surtout clairement exprimé leurs divergences.

Principal point de désaccord, la possibilité, prévue par l'accord de Nouméa (1998) -si un tiers des membres du Congrès en fait la demande-, d'un deuxième référendum en 2020 et d'un troisième en 2022. 

"Il y a des interprétations différentes sur la lecture de la fin de l'accord", a reconnu devant la presse la ministre des Outre-mer Annick Girardin. "Mais c'est toujours important, depuis trente ans, que le dialogue soit maintenu entre les différentes forces" de Nouvelle-Calédonie. 

Dans l'archipel colonisé par la France en 1853, le référendum, intervenu dans le cadre du processus de décolonisation de l'accord de Nouméa, a donné lieu à un vote en partie identitaire, les Kanak votant majoritairement oui à l'indépendance et les autres communautés non.

Avec un score surprise de 43,3%, plus haut que le prédisaient les sondages, les indépendantistes sont sortis galvanisés du scrutin. Conséquence, ils entendent faire appliquer jusqu'au bout l'accord de Nouméa et deux référendums potentiels, au terme desquels ils espèrent la victoire de l'indépendance.

Pour Roch Wamytan (Union calédonienne-FLNKS), "l'accord de Nouméa, a un début, en 1998, et une fin, après le troisième référendum. Donc la question du 2e et du 3e référendum n'a pas à être discutée". Une position partagée par Victor Tutugoro UNI-FLNKS (Union nationale pour l'indépendance).  

Les indépendantistes, qui détiennent actuellement 25 élus sur 54 au Congrès, espèrent être majoritaires en mai, grâce "à des listes unitaires" entre les quatre partis du FLNKS.
   

« Référendum de projet »

En face, au sein de la droite loyaliste jusque-là très divisée, les Républicains calédoniens et le Rassemblement-LR ont créé un "front loyaliste" pour contrer les indépendantistes. 

Outre leur opposition à de nouveaux référendums qu'ils jugent "mortifères" pour l'économie, ils réclament la réouverture du corps électoral provincial, pour l'heure restreint aux personnes présentes sur le Caillou depuis au moins novembre 1998. Ce que refusent les indépendantistes, toujours au motif de l'application stricte de l'accord de Nouméa.

"C'est un comité des signataires qui a surtout acté les désaccords", a déploré Sonia Backès (Républicains calédoniens). "Les indépendantistes ont des positions extrêmement dures sur leur volonté de ne jamais rouvrir le corps électoral".  

Pour Thierry Santa (Rassemblement LR), "l'accord de Nouméa arrivera à son terme lors des prochaines élections provinciales", ce qui signifie notamment que "les 2e et 3e référendums n'ont plus lieu d'être".  

Calédonie Ensemble (droite modérée, majoritaire), également défavorable aux autres référendums, propose de rouvrir le dialogue après les provinciales.

Edouard Philippe, qui ne s'est pas exprimé devant la presse, a déjà indiqué à l'Assemblée que les référendums suivants se tiendraient conformément à l'accord de Nouméa "sauf consensus très fort".

Dans l'après-midi, les parties ont discuté, comme le souhaitait le Premier ministre, des "enjeux économiques et sociaux", dans un territoire marqué par de fortes inégalités sociales.

Mais les indépendantistes de l'Union calédonienne ont quitté la réunion, estimant qu'il s'agissait d'une manoeuvre de diversion pour "perturber une discussion essentiellement politique", selon Roch Wamytan. 

"Il y a un aussi un volet économique et social dans l'accord de Nouméa", a souligné Annick Girardin. L'ensemble des parties présentes s'est notamment mis d'accord pour soutenir le développement de la SLN (Société Le Nickel), filiale du français Eramet, dans le territoire. 

 

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Publié le 16 décembre 2018, mis à jour le 16 décembre 2018
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