

Mardi 4 octobre 2011 au soir, la version italienne de l'encyclopédie la plus célèbre du net annonce à ses utilisateurs la clôture temporaire du site. Une décision prise par toute la communauté, en réaction à l'annonce du projet de loi présenté par le gouvernement de Silvio Berlusconi
Une décision inopinée
Le 4 octobre au soir, les utilisateurs de Wikipédia Italie se sont vu refuser l'acces à leurs recherches. S'affiche alors comme unique réponse une page signalant la fermeture temporaire du site. Ce billet justifie la clôture momentanée du portail afin de sauvegarder les principaux piliers du site : "Malheureusement aujourd'hui, les piliers de ce projet- neutralité, liberté et vérifiabilité de ses contenus- risquent d'être fortement compromis par le paragraphe 29 de la loi dite de mise sur écoutes''.
Logo Wikipedia, Google Imgres
Une interruption décidée par l'ensemble de l'équipe de Wikipédia Italie, comme l'expliquait au journal Il Secolo XIX, Maurizio Codogno porte-parole de Wikimédia, association pour la libre diffusion d'informations de l'encyclopédie virtuelle. De fait, "les utilisateurs ont lu le texte et ont vu quelles en seraient les implications : ils ont compris que ce serait la fin de l'encyclopédie libre. Ils ont pensé faire une forte protestation afin de faire comprendre au reste de l'opinion publique ce que cela pourrait engendrer''.
Pourtant des opinions divergentes
Cette démarche, la première du genre pour l'encyclopédie, selon La Stampa, a donc suscité une importante mobilisation de la communauté web. En effet, la réaction des internautes ne s'est pas fait attendre: multiplication de groupes aux appellations éloquentes sur Facebook telsque "Sauvons Wikipédia !'' et organisation de manifestations sur toutes les places principales des villes italiennes. En seulement quelques heures, 100.000 personnes "likent'' l'événement, jusqu'à atteindre le nombre de 872.827. L'émoi est considérable. Certains s'expriment ouvertement : "Libérons l'Italie !'' s'exclame une internaute, "je ne peux plus travailler'' s'indigne un autre.
A contrario, certains médias dénoncent la déresponsabilisation de Wikipédia. De fait, selon Il Giornale, la loi "Bavaglio" serait un moyen de renforcer le contrôle sur l'anonymat prôné par l'encyclopédie. Il s'agirait ici d'éviter la désinformation ainsi que les dérives dues aux modifications faites par une source anonyme. Ce projet de loi imposerait un arbitrage objectif, sans que ce dernier porte atteinte à la liberté de la presse.
Plus de surveillance et de contrôle pour le web
Le projet de loi en question stipule la rectification immédiate de certains contenus de sites internet. Ce texte contraint tout site web à corriger sous un délai de 48 heures des informations jugées diffamatoires par une tierce personne. Rappelons que l'objectif principal de la loi "Bavaglio", est de limiter la publication d'écoutes téléphoniques autorisées par la Cour Suprême de Justice et de plus en plus présentes dans les médias italiens. Ainsi, d'après le Figaro, Wikipédia "considère que les lois sur la diffamation sont des protections suffisantes'' .
Face à ce projet de loi, l'encyclopédie craint les dérives de ceux qui voudraient rectifier ses pages "indépendamment de la véracité de l'information'' et porter préjudice à sa neutralité. Pourtant avec son statut d'encyclopédie et non de média, Wikipédia n'est pas l'outil le plus visé par la proposition du gouvernement de Berlusconi.
Néanmoins, les revendications des usagers du net ont porté leurs fruits, puisque le projet de loi est actuellement en révision et que les propositions de modifications seront examinées dès aujourd'hui. De fait, après 24 heures de clôture le site a rouvert l'accès à son portail, déclarant à la presse que "24 heures de grève étaient plus que suffisantes''. La page d'accueil reste toutefois marquée par un encadré dont l'objectif est de rappeler aux internautes la situation présente.
Louis GAUCHERAND (www.lepetitjournal.com/rome) Mercredi 12 octobre 2011


































