La Chine a plusieurs stratégies pour se doter d’une monnaie mondiale. Cela passe notamment par le développement du e-yuan et la création de stablecoins.
Le dollar à la peine
Jeudi 18 septembre, le président américain Donald Trump a saisi la Cour suprême, qui lui est favorable, pour révoquer une gouverneure de la Fed, Lisa Cook, qui lui est opposée. S’il parvient à ses fins, le président républicain aura une forte influence sur la banque centrale américaine aujourd’hui indépendante, et pourra faire pression pour des baisses de taux directeurs. Tout cela pourrait avoir pour conséquence de faire s’effondrer la valeur du dollar et de saper la confiance en cette devise qui demeure la monnaie mondiale depuis Bretton Woods.
D’ores et déjà, le billet vert a perdu beaucoup de son prestige. Le 20 janvier, date de l’entrée en fonction de Donald Trump, un euro valait 1,04 dollar américain. Huit mois, plus tard, la parité est à 1,19, soit 14% de plus. Dans le même temps, les épargnants ont fui les bons du Trésor américain, mais aussi tous les placements aux Etats-Unis pour préférer d’autres valeurs plus sûres, à commencer par le métal jaune. Par exemple, depuis trois ans, les banques centrales du monde entier ont augmenté leurs réserves en or de 1000 tonnes par an.
En revanche, l’euro est aussi de moins en moins une valeur refuge. Alors qu’en 2009, la monnaie européenne représentait le deuxième actif des banques centrales dans le monde (28%), elle est désormais dépassée par l’or (16% contre 20%).
Volonté d’internationaliser
Face à cette défiance envers le dollar et l’euro, victimes de « planches à billets », le yuan pourrait avoir un rôle à jouer. Cependant, il présente certains inconvénients. En premier lieu, il n’est pas entièrement convertible. En deuxième lieu, il ne dispose pas forcément de tout le système juridique permettant de protéger la propriété face aux litiges. Sur ce second point, l’annonce par Hong Kong, en mars dernier, de la création d’une maison de règlement internationale peut rassurer les investisseurs.
Sur l’insertion dans le système monétaire international, la volonté chinoise semble indéniable. En juin, lors d’un forum à Shanghai, Pan Gongsheng, gouverneur de la Banque centrale de Chine, a estimé : « nous ne pouvons plus dépendre d’une seule monnaie ». Il a par ailleurs appelé à la construction « d’un système international multipolaire ». Mais, l’empire du Milieu part de loin. En 2024, le yuan ne concernait que 5% des commerces de change, 5,5% des échanges internationaux, et 4,2% des paiements transfrontaliers.
Stablecoins envisagés
Pour augmenter cette part tout en évitant une fuite des capitaux envisageable en cas de convertibilité totale du renminbi, Pékin semble avoir trouvé la solution. En août, il a annoncé étudier l’autorisation de stablecoins indexés sur le yuan. Tout devrait commencer par Hong Kong, qui dispose déjà d’une législation favorable aux cryptomonnaies, et qui, contrairement à la Chine continentale, n’a pas de restriction sur le contrôle des capitaux. Le dispositif pourrait être mis en place avant 2026, et l’usage pourrait être testé en premier lieu sur les échanges avec l’Asie, l’Afrique ou le Moyen-Orient.
Dans le même temps, la Chine étend son projet de yuan numérique, testé à Hong Kong. Le e-yuan, contrairement au stablecoin, resterait centralisé et destiné en priorité au marché intérieur. Toutes ces innovations pourraient à terme offrir des alternatives crédibles non seulement au roi dollar, mais aussi à tous les systèmes américains de transactions (Swift, Mastercard, Visa…). Pour Pékin, cela serait aussi un moyen de regagner de l’indépendance face à ces puissantes armes financières américaines, possibles génératrices de sanctions qui ont par exemple touché la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine.
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