La Chine est, d’une part, en partie à l’origine de la flambée du prix de l’or, et d’autre part une grande gagnante de cette renaissance inattendue.


Achats d'or chinois
La « relique barbare », telle que l’appelait John Maynard Keynes, a encore de beaux jours devant elle. Mercredi 8 octobre, l’once d’or a pour la première fois dépassé les 4000 dollars, après avoir dépassé le cap des 3000 en mars et celui des 3500 en septembre. Depuis le 1er janvier, la hausse est de 51%. Depuis trois ans, elle est de 135%.
Parmi les explications de cette hausse, figurent d’abord les politiques accommodantes des banquiers centraux qui jettent le discrédit sur les monnaies traditionnelles, à commencer par le dollar, les incertitudes géopolitiques et économiques, mais aussi les demandes des banques centrales qui ont fait du métal jaune un instrument de réserve. En première ligne, la Chine essaie de vendre de nombreux produits en dollars pour les remplacer par de l’or. En 2000, le stock de métal jaune de la banque centrale chinoise n’était que de 395 tonnes. Il s’élevait à 2299 tonnes en juin 2025, se rapprochant de plus en plus des montants français (2436 tonnes). Même si cela ne représente qu’une faible partie de ses réserves totales (4,6%), ces tonnes d’or permettent à Pékin de prendre de l’indépendance vis-à-vis du dollar et de renforcer la stabilité du yuan.
L’Etat central gagnant
En 2023, la Chine est devenue le plus grand acheteur d’or au monde, dépassant l’Inde. Depuis, les achats de la Banque centrale sont continus, et s’ajoutent à une demande privée d’or dans des buts d’investissements et de bijoux. Cependant, d’autres pays sont aussi très actifs dans le sens des achats, l’Inde, donc, qui en a acheté 491 tonnes depuis 2002, mais aussi l’Arabie Saoudite, l’Azerbaïdjan, la Corée du Sud, la Biélorussie, le Brésil, l’Egypte, le Kazakhstan, le Qatar, la Turquie, Singapour et bien d’autres. Face à cette forte demande, certains imaginent que l’once pourrait atteindre 10.000, voire 25.000 dollars. Une telle flambée ne ferait que rentabiliser les investissements récents de Pékin.
D’ailleurs, fin septembre, la banque centrale chinoise a annoncé vouloir stocker les réserves de métal jaune d’autres pays, comme le font ses homologues américaine et britannique. Au moins un pays d’Asie du Sud-Est serait candidat. La manœuvre servirait non seulement à affirmer la place de Pékin dans le système monétaire international, mais permettrait aussi à certains régimes de s’affranchir du risque de sanctions occidentales. Par exemple, en 2020, la banque d’Angleterre avait voulu confisquer l’or vénézuélien stocké à Londres après la réélection contestée de Nicolas Maduro.
Les entreprises aussi
En Chine, l’Etat n’est pas pour autant le seul gagnant. Les entreprises privées surfent aussi sur ce prix de l’or, à commencer par Zijing Gold. Le 30 septembre, cette filiale de Zijing Mining a levé 2,7 milliards d’euros lors de son introduction à la bourse de Hong Kong. De plus, le cours de son action a bondi de 68% dès la première journée, confirmant l’intérêt des investisseurs pour tout ce qui touche au métal jaune. Parmi les acheteurs du premier jour, figuraient le fond souverain singapourien GIC, Hillhouse, Blackrock ou encore Schroders.
Alors que Zijing Mining exploite plus de 30 mines et projets dans 17 pays, l’argent gagné par cette IPO permettra d’acquérir de nouvelles mines, à commencer par une très prometteuse à Raygorodok au Kazakhstan. Là encore, il faut se souvenir que Zijing Gold n’a été fondée qu’en 2000 dans la province du Fujian. Voici donc encore un investissement bien porteur !
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