La Chine vient de découvrir le plus grand gisement d’or au monde dans le Hunan. Plus généralement, la richesse de son sous-sol pourrait en faire un géant des matières premières.


La ruée vers l’or en Chine
« Forez, forez », répète Donald Trump aux Américains depuis son élection. La Chine n’a pas attendu cette injonction pour sonder son sous-sol, et, le moins que l’on puisse dire, c’est que cette recherche a payé. En effet, le 20 novembre 2024, des représentants du Bureau géologique de la province centrale du Hunan ont annoncé avoir découvert ce qui pourrait être le plus grand gisement d’or de la planète.
Plus précisément, il s’agirait d’un ensemble de 40 filons d’or, s’étirant jusqu’à une profondeur de 2000 mètres. Une première estimation évaluerait le total à 330 tonnes d’or, mais, en se fondant sur des modèles informatiques 3D, certains experts miniers ont poussé l’hypothèse d’un total de 1000 tonnes. En tout cas, pour l’instant, l’agence de presse chinoise Xinhua a avancé la valeur de cette réserve à 82,9 milliards de dollars, soit 600 milliards de yuans.
Les bonnes nouvelles ne s’arrêtent pas là. En effet, l’extraction serait assez aisée, puisque le gisement compterait 138 grammes d’or par tonne de minerai. De plus, des sondages réalisés en périphérie laisseraient à penser que des gisements encore plus importants existeraient aux alentours.
10% de la production mondiale
Pour l’instant, le plus grand gisement d’or au monde est celui de South Deep en Afrique du Sud, et la mine la plus productive se situe à Muruntau en Ouzbékistan. Malgré cela, la Chine est déjà le premier producteur d’or au monde, avec 370 tonnes d’or produites en 2023, soit plus de 10% de la production mondiale, devant l’Australie et la Russie. Pour autant, cette extraction ne suffit pas à satisfaire l’immense consommation d’or de la Chine, qui était encore de 985 tonnes en 2024, soit environ 20% de la demande mondiale. Si la bijouterie en or y est en relatif déclin, le métal jaune est souvent vu par les ménages chinois comme un investissement sûr. Quant à la banque centrale, elle ne détient officiellement que 2200 tonnes d’or, mais ce chiffre est en hausse et pourrait encore augmenter dans les années à venir.
Face à cette demande, entre 2008 et 2022, le budget chinois consacré à la prospection aurifère a été estimé entre 200 et 340 milliards de dollars par an. Début 2024, on recensait déjà 2000 tonnes de réserves aurifères dans le pays. A l’instar de l’Arabie Saoudite dans le domaine du pétrole, cette position dominante de la Chine dans le domaine de l’or pourrait lui permettre d’exercer une influence sur les cours mondiaux du métal jaune.
Cuivre, antimoine, terres rares...
D’une manière plus générale, la Chine cherche à renforcer ses positions dans de nombreuses productions minières. Ainsi, le 6 janvier 2025, un gisement de 20 millions de tonnes de cuivre a été découvert sur le plateau tibétain, à plus de 4000 mètres d’altitude. Selon de nombreux experts, il pourrait même y avoir jusqu’à 150 millions de tonnes de réserves dans cette zone montagneuse, ce qui pourrait remettre en cause la première place mondiale du Chili dans la production de ce métal rouge.
D’ores et déjà, la Chine occupe une position ultradominante dans la production de nombreuses terres rares. Cela lui a permis par exemple de provoquer une envolée du cours de l’antimoine, après une décision du mois d’août 2024 obligeant les entreprises chinoises à obtenir une licence du gouvernement pour en exporter. Le prix de la tonne d’antimoine est ainsi passé en quelques mois de 15.000 à 38.000 dollars. Des mesures semblables avaient déjà été annoncées auparavant sur le gallium, le germanium et le graphite, avec des effets similaires. Dans la guerre économique qui s’annonce avec les Etats-Unis, la Chine pourra certainement utiliser ces positions dominantes dans de nombreuses productions minières, elles-mêmes issues de prospections planifiées, continues et concluantes.
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