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VIVRE EN AUSTRALIE - Après le rêve, la réalité

Poussés par la crise économique européenne, les jeunes Français sont de plus en plus nombreux à venir tenter leur chance au pays des kangourous. Mais pour nombre d'entre eux, la réalité de la vie australienne réserve plus d'une surprise.  

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Les médias de l'Hexagone n'hésitent pas à vanter la vie facile australienne. En février dernier, France 2 y consacrait un reportage "le nouveau far-west " avec soleil, plages, atmosphère relax et? le plein emploi ;  le journal L'étudiant publiait aussi récemment un article illustrant la qualité du système universitaire australien, et l'Express proposait un guide, bien conçu, sur la vie professionnelle australienne.

Mais les jeunes qui viennent tenter leur chance dans les grandes métropoles australiennes en espérant y trouver le dernier Eldorado sont rarement préparés au monde qu'ils découvrent. 

La crise du logement
Ce dont on parle rarement dans les médias français, c'est de la crise de la location qui sévit à Melbourne depuis plusieurs années. Pour les jeunes arrivant aujourd'hui dans la ville, les loyers sont souvent exorbitants et les logements parfois proches de l'insalubre. Caroline raconte : "Je suis arrivée en octobre 2012. J'ai trouvé une chambre en collocation à St Kilda, nous étions plus d'une dizaine dans une petite maison, plusieurs chambres étaient partagées mais j'avais la mienne pour moi seule, pour 200 dollars par semaine (près de 700 euros par mois?). Tout était sale, je devais traverser la cuisine pour arriver dans ma chambre, et un jour le toit s'est écroulé !"

Pour 100 dollars par mois, on risque de devoir partager non seulement une chambre, mais même un lit unique avec un colocataire employé de nuit par exemple. Linda, arrivée le mois dernier, paie 170 dollars par semaine pour une chambre qu'elle doit partager avec une amie (soit un total de 340 dollars pour les deux pour une pièce), après avoir payé plus cher pour une chambre dans un appartement dont le salon même était occupé par des colocataires.

Point positif, le dossier de demande à l'agence est beaucoup plus simple que son équivalent parisien : "Ici il n'y a pas besoin de caution parentale, ni de beaucoup de paperasserie annexe. Les formalités sont beaucoup plus simples et rapides". Son conseil ? Ne pas passer par des sites internet comme Gumtree qui sont saturés mais plutôt de s'adresser directement à une agence immobilière.

Emploi : une offre non extensible
Les visas "Visa Vacance Travail" (Working Holiday Visa) et "Etudiant" limitent tous deux les conditions de travail à des "petits boulots" : qui peut espérer postuler à un emploi stable et porteur si la limite d'emploi est de 6 mois (VVT), ou de 20 heures au plus (Etudiant) ? Comme le rappelle Madame Galvao, Consule-Adjoint à Sydney : "Le Visa Vacance Travail a comme première finalité de fournir une main d'?uvre bon marché pour les travaux à la ferme et la cueillette. Il n'a pas été conçu pour faciliter l'immigration permanente ni l'emploi dans les autres industries".

Quant à se faire sponsoriser par une entreprise locale pour obtenir le visa 457 (qui permet de travailler jusqu'à 4 ans et également de postuler pour la résidence permanente), difficile de convaincre un employeur qui ne vous connait pas de faire une telle démarche? Flora explique "Quand je suis arrivée en avril 2012, je venais de finir mes études et donc je n'avais pas d'expérience. D'autre part, j'ai étudié en France et les employeurs ici ne connaissent absolument pas la qualité des écoles et le contenu des filières. Et puis c'est quasiment impossible de vérifier les expériences que j'avais eues pendant mes stages et autres petits boulots".

Linda, elle, a une autre approche. Diplômée en droit et ayant déjà travaillé en France, elle n'est pas venue ici dans l'espoir de trouver un emploi stable. Mais ce pourrait être, confie-t-elle, un voyage de "reconnaissance". Si le pays lui plaît vraiment, elle tentera en rentrant en France de trouver une entreprise internationale qui pourrait par la suite l'envoyer travailler en Australie, avec le bon visa.

Certes, les "petits boulots" existent, mais le marché n'est pas inépuisable. Outre les étudiants et lycéens australiens, de nombreux backpackers venus d'autres pays d'Europe sont sur le marché. Caroline V raconte : "Je suis arrivée au bon moment, avant Noël, j'ai facilement trouvé un travail de serveuse. Aujourd'hui j'aurais beaucoup plus de mal". En effet pour Anne-Hélène, débarquant à Melbourne au mois de janvier, les choses ont été plus difficiles : "Je n'ai rien trouvé comme travail de vendeuse, j'ai fini par faire des ménages dans des familles françaises. Comme j'étais logée chez des amis en échange de quelques heures de babysitting, j'ai pu m'en sortir". Pour celles et ceux qui aiment les enfants et sont prêts à vivre avec une famille, les emplois d'au pair semblent être un créneau où la demande est forte, comme le mentionnait lepetitjournal.comMelbourne le mois dernier.(voir lien)

S'adapter n'est pas toujours facile
Les demandes de "visa vacance travail" sont passées de 4.500 à 22.000 en mois de 10 années et on compte environ 4.000 détenteurs de visas étudiants. Avec l'augmentation de jeunes Français en Australie, les appels au secours arrivent plus souvent au consulat.

"Avec la crise en France, un certain pourcentage de ces personnes viennent aujourd'hui "par défaut", plus pour quitter la France que par réel désir de voyager. Ils sont souvent mal préparés, se trouvent limités par la barrière de la langue et peuvent perdre pied s'ils ne sont pas un peu débrouillards", explique Sylvia Galvao. Pour elle le problème principal réside dans les différences culturelles entre les deux pays, que certains jeunes découvrent à leur dépends. "L'Australie a une tradition anglo-saxonne qui implique le respect de la légalité par exemple. Il n'est pas question ici de discuter avec un agent de police, cela peut avoir des conséquences graves". Autre domaine de différence, les relations homme-femme. Qu'il y ait consommation d'alcool ou pas, des gestes peuvent être mal interprétés et on peut ici facilement se retrouver accusé de harcèlement sexuel ou assaut indécent.

Les clés d'un bon séjour ?
Voici les principales :

-       Bien préparer son voyage, lire les documents du site de l'ambassade de France en Australie et se renseigner également à l'ambassade d'Australie à Paris ;

-       Amener suffisamment d'argent pour tenir les premières semaines après son arrivée : la recherche d'emploi et de logement dureront peut-être plus que prévu ;

-       Prendre absolument une assurance-maladie, la sécurité sociale australienne (Medicare) ne couvre pas les non-ressortissants du pays et est souvent conditionnelle pour l'obtention de certains visas ;

-       S'enregistrer au consulat à son arrivée en remplissant ce document ; 

-       Garder en lieu sûr une copie de son passeport, ce qui facilitera beaucoup le consulat s'il doit remplacer celui que vient d'être perdu ;

-       Au volant, respecter les limites de vitesse (même sur les routes vides de l'Outback, il existe des patrouilles régulières en voiture banalisée) et accrocher sa ceinture de sécurité, y compris les passagers arrières ;

-       Et enfin : en tant qu'invité dans un pays étranger, mieux vaut en respecter les us et coutumes ; même loin de chez soi, tout n'est pas permis.

Edith Nicolas (www.lepetitjournal.com/melbourne) Mardi 14 mai 2013

Sur la même question, vous pouvez également consulter l'article de l'édition de Sydney Working Holiday Visa ? la Grande illusion et parfois la désillusion  

 

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