Du 14 au 16 avril, à l’occasion du Nouvel An khmer, des milliers de personnes se ruent vers la ville de Siem Reap à la recherche de la fête la plus importante de l’année. Durant ces quelques jours la ville se transforme en terrain de jeu géant et accueille l’une des plus impressionnante bataille d’eau jamais organisée. Chaque année de nombreux occidentaux participent à ces festivités, moment important de la culture cambodgienne.
« Entre passer un week-end caniculaire à travers des rues entièrement vides, et partir à Siem Reap où, paraît-il, la moitié du pays s’arrose et danse toute la nuit dans les rues, mon choix était vite fait », confie Sybille, étudiante de 21 ans. La plupart des habitants de Phnom Penh vont fêter le Nouvel An khmer dans leur famille en-dehors de la capitale, qui se transforme en ville fantôme pour quelques jours. A l’inverse, Siem Reap habituellement aux mains des touristes, est reprise par les Khmers durant cette période et devient alors l’endroit rêvé pour faire la fête. Cela se constate dès le choix du transport, qu'il faut réserver plusieurs jours à l’avance, et prendre son mal en patience durant le trajet interminable dû à l’afflux de véhicules sur les routes.
À peine arrivé aux abords de la ville, l'excitation est déjà palpable. La population khmère n’attend qu’une chose, faire la fête. Quelques heures avant le début des festivités, chacun vaque à ses dernières occupations et préparatifs, tandis que les enfants trop impatients d’attendre le soir commencent déjà à arroser les promeneurs. Le soir venu, des milliers de personnes sortent dans les rues et célèbrent ensemble le passage à la nouvelle année.
Une bataille d’eau géante dans les rues de la ville
« Je m’attendais à quelques passants qui jettent de l’eau sur les touristes, mais j’étais très loin du compte », sourit Camille, trempée de la tête aux pieds et recouverte de talc. À chaque coin de rue des Khmers attendent d’arroser leur prochaine proie. Le but est d’arroser littéralement de haut en bas le maximum de personnes. Petits et grands, armés et sans défense, tout le monde y passe sans exception. Absolument tous les moyens sont bons ; seaux d’eau gelée jetés du haut des balcons, pistolets achetés à la sauvette remplis d’eau tiède quémandée aux robinets des restaurants, bouteilles, tuyaux d’arrosage, etc. Que vous soyez à pied, en scooter, dans un tuk-tuk ou dans le coffre d’un pick-up, l'eau est inhérente.
« J’ai l’impression d’être au cœur d’une espèce de guerre civile où les mots d’ordre sont la bonne ambiance et le sourire », confie Adrien au beau milieu de la cohue. Au fil de la soirée, les rues de la ville se transforment en ruisseaux, théâtre d’une bataille d’eau géante. Pub Street, déjà réputée pour son ambiance festive, prend des allures de champ de bataille. Des cris de joie jaillissent de partout, couverts par le son de la musique monté à son maximum. Des milliers de personnes s’amassent dans ces quelques rues et il devient alors impossible d’y échapper. Du talc reçu par la gauche, des jets d’eau glacée venant de tous les coins, des ballons remplis d’eau déboulant de nulle part... Il suffit alors de s’armer d’un courage déterminé, d’une bonne humeur contagieuse et de s’amuser ! Et ne vous y trompez pas, ce ne sont pas les expatriés les plus présents, mais bien les Khmers, ravis de partager ces coutumes de leur culture avec des étrangers. Au-delà du divertissement, cette activité est une tradition et permet de se purifier du mauvais pour ne garder que le bon.
Les accessoires indispensables
Un équipement adapté est indispensable pour apprécier d’autant plus cette bataille d’eau :
- Tout d’abord, des lunettes de protection pour éviter les jets trop puissants qui peuvent vous aveugler pendant plusieurs secondes.
- Une pochette imperméable pour l’argent et les objets de valeur.
- Et bien sûr, un pistolet à eau rempli à ras bord.
Les lunettes et la pochette étaient vendues un dollar dans les rues. L'arme aquatique pouvait se négocier entre 8 et 25 dollars en fonction des tailles.
Avec cela, vous êtes paré pour toutes les embuscades !
Deux dimensions différentes du Nouvel An
Le réveillon de la Saint Sylvestre n’est qu’une simple petite soirée comparée à ce week-end hors du commun. « Je me souviendrai toute ma vie de ces trois jours de fête », s'émeut Sybille. La population khmère qui n’a habituellement pas le même rythme de vie que les occidentaux, ni la même conception de la fête, s’offre alors une belle occasion de se rattraper. En France, un tel événement aurait requis un encadrement particulier afin d’éviter d’éventuels débordements. Au cours de ce week-end, ils nous ont appris à s’amuser à leur manière. Une belle leçon de vie. Et quand il s’agit de répondre à la question, que ferez-vous l’an prochain pour le Nouvel An khmer, pour tous ceux qui auront la chance d’être encore au Cambodge, la réponse est unanime : la fête à Siem Reap.
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