Le 14 octobre 1957, le Turia, le fleuve qui traverse Valence, connaît une crue sans précédent et inonde la majeure partie de la ville. Au moins 81 morts sont recensés. Un immense projet de détournement vers le sud est alors réalisé. S'il est d'abord envisagé de faire de l'ancien lit du fleuve une autoroute, c'est finalement cet incroyable jardin, véritable poumon vert dans la ville, qui est retenu. Le Jardin du Turia est bien plus qu’un espace vert ordinaire. Découvrez tout ce qui se cache sous les arbres du mystérieux Turia.
8h-11h Le paradis des sportifs
Le Turia s’éveille de bon matin avec ses joggeurs fluorescents, ses cyclistes et ceux qui promènent leur compagnon à quatre pattes. A première vue, le Turia n’est rien de plus qu’un espace vert comme un autre.
Mais ce constat est une erreur. Il faut souligner que le Turia offre à ces lève-tôt de tout poils un incomparable terrain de jeu avec plus de neuf kilomètres de parcours. De plus, le Turia impressionne par la variété des sports qui se pratiquent en son sein. Si l’on croise d’innombrables runners, il faut également prêter attention aux escrimeurs, aux footballeurs, aux grimpeurs, aux lanceurs de poids, joueurs de baseball, de basketball, à ceux qui s’exercent aux arts martiaux et bien plus encore.
« Faire du sport dans le Turia est un bon moyen de détente pour les Valenciens » explique Carlos, un coach sportif qui y donne des cours chaque semaine.
Nous sommes en plein cœur de la ville mais cela permet vraiment de se reconnecter avec la nature.
Un endroit idéal donc pour les amateurs de sports qu’ils soient débutants ou confirmés.
11h-13h Une oasis pour les touristes
Les heures passent et le thermomètre se met à grimper. Les sportifs plient bagages et laissent place aux touristes de passage. Le Turia est rarement en tête de liste des lieux que les touristes privilégient pour leur séjour à Valence mais ils finissent toujours par y faire un tour une fois la Cathédrale visitée.
C’est le cas de Kiara et Antonio, un couple d’Italiens venus en vacances en août avec leurs deux enfants. Ils se sont décidés à louer des vélos pour parcourir l’ancien lit du fleuve au début de leur deuxième semaine de vacances. « Nous aimons beaucoup le Turia, sourit Kiara. On peut y faire du vélo en toute sécurité, il y a beaucoup de jeux pour les enfants et il y fait beaucoup plus frais qu’en centre-ville ».
Il arrive également que les touristes se rendent dans le parc sans y faire attention en visitant la Cité des Arts et des Sciences par exemple ou en sortant du Musée des Beaux-Arts.
D’autres encore préfèrent l’originalité et en font le tour en groupe du haut d’un Segway. Là encore, à chacun sa façon d’arpenter ce sinueux jardin.
13h-16h Le royaume de la sieste
Il est connu qu’en Espagne, les horaires n’en font qu’à leur tête. Les restaurants et magasins ouvrent tard et surtout font une pause de plusieurs heures entre le matin et le début de la soirée : la fameuse siesta.
Pour certains locaux, rien de mieux que de se reposer dans le lit du Turia, à l’ombre de sa végétation, bercé par les gazouillis des oiseaux. On voit également à cette heure-ci de nombreux félins se balader dans l’herbe, pour chasser ou se prélasser. Mais attention, on ne donne pas de caresses, ce sont sûrement des chats sauvages.
Si l’on ne saurait se permettre de dormir alors qu’il fait encore jour, il est tout aussi appréciable de lire adossé à un arbre près d’une des fontaines qui enchantent ce lieu, décidément dédié au repos à cette heure-ci.
16h-18h Le terrain de jeux des petits et des grands enfants
Descendons au Sud-Est de la ville et du Turia, juste avant la Cité des Arts et des Sciences. On tombe alors sur le parc Gulliver. Se dresse devant vous l’immense représentation d’un géant, allongé sur le sol. Sur ce corps inerte grouille une multitude d’enfants comme autant de Lilliputiens dans l’œuvre de Jonathan Swift. Mais ici Gulliver n’est autre qu’une gigantesque aire de jeux et ses bras, ses pieds et ses cheveux sont autant de grands toboggans à dévaler.
Sefora emmène souvent son fils s’amuser dans le Parc Gulliver : « C’est un endroit super. Ce qui est bien c’est que c’est propre et très sécurisé, il y a des agents qui surveillent et qui sifflent si une personne ne respecte pas le règlement. De plus, c’est gratuit et ouvert à tous, les enfants adorent. »
Un peu plus au Nord du Turia, vous risquez de tomber sur un groupe de jeunes gens qui s’affrontent à coup d’épée, de hache et de hallebarde … en mousse ! Kike et ses amis se réunissent souvent dans le parc pour s’affronter avec leurs armes faites maison, tout droit sorties du Seigneur des anneaux.
C’est comme pratiquer un sport dans un club mais c’est gratuit, on s’amuse entre nous.
Ne soyez donc pas surpris si au détour d’un bosquet, vous croisez l’un de ces preux chevaliers.
18h-21h Le rendez-vous des amoureux
Direction le Nord-Ouest de notre coulée verte. Juste à côté du Bioparc se trouve l’endroit le plus romantique du Turia, si ce n’est de la ville : le Parc de Cabecera. La végétation, qui dans tout le reste du parc reste ordonnée, se permet, ici, de ressembler à un jardin anglais. Le Turia redevient en partie liquide et l’on peut louer une barque (ou un pédalo en forme de cygne, si l’on préfère) pour naviguer sur le lac artificiel.
Certains amoureux ont même fondé leur propre Pont des Arts en accrochant quelques cadenas sur une fine barrière au bord de l’eau. Un endroit paisible, où il fait bon venir regarder un coucher de soleil avec sa moitié.
21h-07h Le repère des fêtards
Alors que la nuit enveloppe le lit du fleuve, les chemins du Turia se vident peu à peu et les promeneurs se font rares. Si l’on est distrait, on pourrait croire que la vie quitte le Turia lorsque le soleil se couche, mais rien n’est moins vrai. En marchant quelques temps, on peut être assuré de tomber sur une fête improvisée autour de quelques bancs.
Certains soirs, on peut assister à de petits barbecues qui réunissent des voisins et en période scolaire, on est certains de tomber sur les fameux botellón. Respectant une véritable coutume, les étudiants se réunissent le soir, dans le Turia, pour boire et faire la fête en plein air. Nina, une jeune valencienne de 19 ans est justement en plein botellón avec ses copines :
Cela a toujours existé, mes parents faisaient la même chose aussi : on achète des bouteilles et on boit dehors, tous ensemble, souvent avant d’aller en boite pour éviter d’avoir à consommer et à payer plus cher à l’intérieur.
Le Turia n’ayant pas d’horaires, la nuit poursuit ainsi son cours festif, jusqu’au lendemain suivant. Le soleil se lèvera alors et les sportifs en tout genre reprendront, à leur tour, possession des lieux.