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MON ŒIL SUR MANILLE – Manille horizontale, Manille verticale…

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Écrit par Solenn LESAGE
Publié le 15 octobre 2017, mis à jour le 29 octobre 2017

Manille fait partie de ces villes quune vie ne suffit pas à comprendre, à apprivoiser. Parce que ses charmes se nichent surtout dans les yeux de ceux qui la regardent, parce que lharmonie na pas fait partie des objectifs généraux de la politique urbaine des Marcos et de leurs successeurs, parce quelle se lit à lhorizontale comme à la verticaleapprendre à décrypter Manille révèle en nous quelques troubles de la lecture.

Dabord Manille, ce nest pas vraiment Manille.

C’est en fait Metro Manila, c’est en fait 17 villes, c’est en fait Makati, Quezon, Mandaluyong, Taguig… Manille, c’est une somme d’heures pour parcourir quelques kilomètres, c’est la conjonction de divers moyens de transport (tricycles, jeepneys, bus, taxis, métros aériens, métros souterrains…), ce sont des trottoirs conçus comme des parcours à obstacles, des tunnels pour relier ces trottoirs, des passerelles pour connaître l’autre côté du boulevard. Manille c’est long, c’est loin, c’est l’impression qu’on n’en verra jamais le bout, qu’on n’en connaîtra jamais le bord, qu’on n’en définira jamais le contour. Manille, c’est finalement se dire que ce serait plus simple de prendre l’avion pour la quitter et la retrouver.

Manille a par ailleurs cette fâcheuse tendance à sélever

Manille verticale

Manille a par ailleurs cette facheuse tendance s’élèver très haut pour occulter ce qui se passe très bas. Manille d’en haut prend de grands airs conditionnés tandis que Manille d’en bas s’asphyxie dans le souffle chaud des gaz réfrigérants. Manille d’en haut tutoie les étoiles quand Manille d’en bas voit parfois son ciel lui tomber sur la tête. Manille d’en haut et Manille d’en bas se croisent mais ne se côtoient que rarement. En effet, l’ascenseur (social) de Manille ne laisse pas monter tout le monde.

Au rez-de-chaussée, on quadrille Manille de long en large, on vend du maïs bouilli sur des chariots ambulants, on conduit, on cuisine, on nettoie, on trime pour les gens d’en haut, on observe du coin de l’oeil le ciel sans oser rêver le toucher. Dans les étages, on s’affaire, on se laisse pousser les œillères, on se fait conduire, on verrouille les portes, on teinte les vitres, on vise les étages du dessus.

Et au milieu coule une rivière

La rivière Pasig. Et au milieu émerge une classe, moyenne. Et au milieu s’inscrit l’espoir d’un juste ciel, où les étoiles tutoiraient le rez-de-chaussée.

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