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URBANISME- Pourquoi des quartiers aussi cloisonnés ?

Écrit par Lepetitjournal.com aux Philippines
Publié le 6 juin 2017, mis à jour le 8 février 2018

Troisième analyse des élèves de 2de de l’option Littérature et Société consacrée au quartier du Lycée français de Manille : Betterliving à Parañaque. Avec les outils du géographe, ils ont tenté de comprendre le cloisonnement urbain, un élément incontournable de la ville de Manille.

La capitale des philippines est en effet en grande partie découpée en quartiers résidentiels privés dits "Residential Villages" gérés par des associations. La ville de Parañaque ne fait pas exception. Mais pourquoi donc un tel cloisonnement ? Plusieurs explications peuvent être avancées.

Un modèle d'urbanisme à l'américaine

Il ne faut pas oublier qu’avant la Seconde guerre mondiale les Philippines étaient considérées comme un "territoire d’outre-mer" des Etats-Unis et subissaient leur influence dans tous les domaines. A la fin de la guerre, Manille est détruite par les bombardements. Malgré cela, les flots de migrants venus des campagnes s’accentuent et Manille devient une ville de plus en plus congestionnée : à la fin des années quarante, elle est, avec Jakarta, la seule ville à atteindre le million d’habitants en Asie du sud-est. La surpopulation et les ravages de la guerre dans cette mégalopole entrainent les plus riches à quitter les quartiers du centre de la ville pour créer, dans les banlieues, un type d’habitat inspiré des "Gated communities" américaines. C’est la naissance des quartiers résidentiels privés. Mais une autre raison, elle aussi historique et propre aux Philippines, explique ce cloisonnement généralisé de la ville.

Une conséquence de la loi martiale

Pendant la période de la loi martiale imposée en 1972 par le dictateur Ferdinand Marcos, un couvre-feu systématise les check points et les contrôles des individus. Les grillages, barrières et murs se multiplient : se murer chez soi devient la norme. Ce cloisonnement impose évidemment une régulation systématique de l’accès à l’espace privé.

Une organisation urbaine qui perdure et creuse les inégalités sociales

Aujourd’hui les quartiers résidentiels privés continuent de se développer. Mais il ne s’agit plus ni de l’influence du modèle américain de développement urbain ni des conséquences de la loi martiale : ce cloisonnement urbain est le reflet de la fracture d’une société très inégalitaire dans laquelle les plus riches s’enferment dans des villages pour bénéficier d’aménités que les plus pauvres ne sont pas en mesure de s’offrir et se protéger contre les "nuisances" qu’impliquent pour eux la pauvreté.

A leur tour, les classes moyennes développement de nouveaux quartiers résidentiels privés pour imiter le mode de vie de plus riches : c’est exactement le cas de Betterliving, à Parañaque.

Isabella NOUVELOT (2de-LFM) (www.lepetitjournal.com/manille) mercredi 7 juin 2017

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Publié le 6 juin 2017, mis à jour le 8 février 2018

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