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KEY FIGURES – Luis Taruc, chassé comme un criminel…

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Écrit par Lycée Français à Manille
Publié le 4 avril 2018, mis à jour le 27 février 2024

… et reconnu comme un héros. Luis Taruc est surtout connu pour avoir dirigé le mouvement communiste philippin Huk pendant la Deuxième guerre mondiale.

 Il est reconnu, depuis 2017, comme héros national des Philippines.

 

Interview exclusive…

 

Lepetitjournal.com/manille : Vous êtes aujourd’hui officiellement célébré comme « héros national ». Comment expliquez-vous que cette reconnaissance ait été si tardive ?

 

J’ai été autrefois considéré comme un ennemi du gouvernement philippin. Si mon action a servi la nation philippine, elle a pu en effet également être considérée pendant toute une période comme une menace pour le pouvoir en place. Si un engagement communiste avait soutenu la libération du pays contre l’occupation japonaise, il n’était pas question que le communisme puisse s’exprimer comme force politique au sein des Philippines. Et notre mouvement représentait alors une force véritable…

 

Revenons donc sur votre parcours. Vous êtes d’extraction très populaire ?...

 

En effet. Je suis né d’une famille pauvre à Pampanga, le 21 juin 1913. Je n’ai été scolarisé qu’à 8 ans et j’ai poursuivi mes études jusqu’à 21 ans, en médecine et en droit, à l’Université de Manille. Ne pouvant plus payer les frais, j’ai dû retourner à Batasan sans obtenir mon diplôme.

 

Je me suis alors assez vite engagé politiquement. Dès 1935, à 22 ans, j’ai intégré le parti socialiste des Philippines.

 

Et j’ai assez tôt payé le prix de cet engagement : j’ai été emprisonné trois fois avant la guerre, du fait de ma participation à la lutte pour l’union des ouvriers et des paysans.

 

On vous a comparé à Felipe Salvador. Certaines figures historiques philippines vous ont-elles influencé ?

 

L’histoire des Katipuneros qui se sont battus pour l’indépendances des Philippines contre l’Espagne, durant la période de la colonisation, m’a sans doute influencé. Et Felipe Salvador, chef du Katipunan, est en effet une figure marquante.

 

Pouvez-vous revenir pour nous sur votre action durant la Deuxième guerre mondiale ?

 

Je suis, en 1942, devenu le dirigeant du mouvement communiste Hukbalahap, souvent appelé « Huk ». « Hukbalahap » signifie « armée du peuple contre les Japonais ».

 

Taruc

 

Telle a été notre mission : créer une armée de résistance à l’occupation japonaise aux Philippines. Notre armée a essentiellement réuni des paysans du centre de Luzon.

 

 

En 1945, nous avons réussi à reprendre aux forces militaires japonaises la grande majorité de Luzon. Notre action militaire a surtout reposé sur la création de forteresses dans les villages et sur une guérilla acharnée.

 

Je caressais également le rêve d’un gouvernement communiste, dont j’aurais pu prendre la tête. Mais l’ensemble de nos troupes n’étaient pas communistes.

 

Comme je l’ai précisé au début de cette interview, nous sommes, après la guerre, devenus une menace pour le gouvernement en place et nos troupes ont été arrêtées. Notre mouvement a ainsi pris fin en 1954.

 

J’ai témoigné de notre engagement et de cette injustice dans deux livres : Born of the people (1953) et He who rides the tiger (1967). Et je suis mort en disgrâce le 4 mai 2005, à 92 ans.

 

Audrey MAY – 2de LFM

 

N.D.R. : Comme l'ensemble des articles de cette chronique, cette "interview exclusive" d'un personnage historique est évidemment une interview fictive écrite à partir d'éléments historiques avérés.

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