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Lisbonne : Le maire veut réhabiliter les logements Airbnb vacants

Appartement AirBnb LisbonneAppartement AirBnb Lisbonne
©M.J. Sobral
Écrit par Lucie Etchebers-Sola
Publié le 15 juillet 2020, mis à jour le 16 juillet 2020

Le maire de Lisbonne, Fernando Medina, s’est engagé à faciliter l’accès au logement pour les  « travailleurs essentiels »  dans le centre-ville. Sa stratégie est simple : tirer parti des appartements Airbnb vides pour reloger cette population.
 

Loyers sécurisés pour familles en difficultés

A Lisbonne, un tiers du centre-ville est occupé par des appartements destinés à la location touristique. C’est une triste réalité, d’autant plus triste qu’avec la crise sanitaire, ces logements sont aujourd’hui pour la plupart inhabités. Pour remédier à cette absurdité, le Maire de Lisbonne Fernando Medina a lancé fin mai le programme « Renda Segura » (« loyer sécurisé »). L’objectif est à la fois de soutenir les propriétaires de logements destinés à la location Airbnb en mal de clients, mais aussi de ramener les Portugais chassés du centre historique par la flambée des prix de l’immobilier. Nombre de ces habitants sont des travailleurs que le maire qualifie comme « essentiels », comme c’est le cas des professionnels de la santé, des enseignants où des commerçants par exemple. Malgré un ralentissement notable depuis 2018, l’évolution du prix des loyers dans la région métropolitaine de Lisbonne – la plus chère du pays – n’a cessé d’augmenter en 2019. La déferlante Airbnb et les « Golden Visa » n’ont rien arrangé. Contre toute attente, c’est finalement le Covid-19 qui a eu raison de la bulle immobilière, mais aussi du succès touristique qui a bénéficié au Portugal ces dernières années. La ville est désormais dépourvue d’un grand nombre de ses touristes et les appartements Airbnb sont délaissés. En conséquence,  la municipalité de Lisbonne propose aux propriétaires de louer leurs biens (pour un montant négocié au cas par cas), puis se charge de les sous-louer à un loyer abordable (entre 450 et 1000€ selon la surface) à des familles appartenant aux catégories professionnelles qui sont considérées  comme fournissant des « services essentiels ».  Le socialiste Fernando Medina a prévu de consacrer 4 millions d’euros par ans à ce projet. Dans un premier temps, plus de 300 appartements ont déjà été sélectionnés pour faire partie du programme. Une seconde vague de candidature sera ouverte d’ici le 15 septembre.
 

LIsbonne

 

Priorité aux « travailleurs essentiels »

L’idée du programme est aussi de stabiliser le marché de l’immobilier en favorisant des locations longues. Il prévoit donc des baux d’au moins cinq ans pour éviter les locations expresses mais surtout la relégation vers le Grand Lisbonne des locataires précaires. « Lisbonne a énormément profité des millions de touristes mais elle a payé un prix social. Nous voulons ramener ceux qui sont notre force vitale dans le centre-ville », a déclaré Medina au quotidien britannique The Independent, avant de continuer : « Les travailleurs essentiels et leurs familles ont été chassés avec force du centre-ville au profit des locations Airbnb, faisant augmenter les prix, vidant les quartiers, et menaçant l’identité unique de la ville. Ces professionnels des « services essentiels » auxquels Medina fait référence ne sont pas seulement les travailleurs de la santé évoqués au-dessus et applaudis pendant la crise, mais aussi les épiciers, les commis des stations-services, les caissiers de supermarché, les aides à domicile pour  personnes âgées, les chauffeurs de transports publics, les travailleurs des secteurs des services et de l’agroalimentaire, tous ceux sans qui le pays aurait simplement collapsé au plus fort de la pandémie s´ils n´avaient pas été là au quotidien.  La crise sanitaire actuelle a révélé  la précarisation de l’emploi et l’exploitation de ces travailleurs à bas salaires « devenus » essentiels en temps de crise. Ceux-là même qui n’ont pas résisté à la hausse des prix de l’immobilier et ont dû quitter le centre-ville. De fait, ce sont ces travailleurs qui sont visés par le programme « Renda Segura ». L’occasion aussi pour les propriétaires de bénéficier de contrat de location à long terme et de commencer à changer la donne pour Lisbonne, la ville visitée par plus de touriste chaque année qu’elle ne possède d’habitants.
 
Le maire de Lisbonne a rappelé l’opportunité offerte par la crise de faire les choses différemment, de combattre les inégalités, et de protéger Lisbonne d’un avenir sans Lisboètes.

 

Publié le 15 juillet 2020, mis à jour le 16 juillet 2020

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