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Témoignages : accoucher à Jakarta, 10 choses à savoir

Santé accouchement Indonésie Santé accouchement Indonésie
Écrit par Athénaïs Pinard Legry
Publié le 7 octobre 2019, mis à jour le 6 décembre 2019

Qu’elles soient culturelles, administratives, logistiques… Il y a de nombreuses particularités intéressantes à connaître lorsque l’on est enceinte en Indonésie. Voici les 10 plus importantes selon les témoignages d’expatriées de toutes nationalités qui ont récemment donné la vie à Jakarta (les noms ont été modifiés).

 

1) Certains hôpitaux n’acceptent que les femmes mariées.

Mary : « Mon mari et moi n’étions pas mariés. Nous avons découvert à 34 semaines de grossesse que l’on ne peut pas vraiment donner naissance si l’on n’est pas marié. Très stressant. Nous devions montrer des papiers, sinon le bébé n’aurait pas de père légal. Nous nous sommes donc mariés, sous le régime islamique. Nous n’étions pas musulmans mais nous le sommes maintenant : il n’est pas possible de se marier à Jakarta si l’on n’a pas de religion. Or je ne pouvais plus prendre l’avion pour aller nous marier ailleurs. »

Mary a accouché à Bunda, qui suit cette politique comme de nombreux autres hôpitaux. Tous ne le font cependant pas ; le R.S. St. Carolus délivre par exemple un certificat de naissance stipulant "d’après la mère, le nom du père de l’enfant est… ".

 

2) Il peut ne pas y avoir d'anesthésiste à l'hôpital au moment où vous en aurez besoin.

Livia et Jenny sont d’accord : « Il faut s’assurer qu’il y a toujours un anesthésiste disponible 24h/24, 7j/7. Dans le cas contraire, vous devrez attendre qu’on l’appelle et qu’il arrive. Si vous voulez une péridurale ou si vous avez besoin d’une césarienne d’urgence, il faudra attendre, ce qui est particulièrement angoissant si l’on pense au cas de la césarienne d’urgence ! (…) Aux Philippines (mon pays), non seulement il y a des anesthésistes 24/7, mais il est possible de choisir le praticien qui sera présent le jour J. Si je n’avais pas demandé à mon gynécologue quel anesthésiste il pouvait me recommander, je n’aurais jamais su (que l’anesthésiste ne serait pas forcément présent à l’hôpital), et je n’aurais pas pu m’y préparer mentalement, ainsi qu’anticiper la demande d’une anesthésie pendant ma phase de travail. » Plusieurs femmes se sont plaintes que le délai entre la demande d’un anesthésiste et son arrivée pouvait être de 4 heures. 

 

3) Le contrôle de l'avancée du travail est laxiste : il ne faut pas hésiter à forcer la prise d’initiative.

« La principale chose que j’aurais voulu anticiper, c’est que les sages-femmes pratiquent très peu de toucher vaginal, je suppose par réticence culturelle. Je n’ai pas non plus eu de monitoring mis à part 20 minutes à mon arrivée à l’hôpital. Résultat, personne ne savait exactement où en était mon travail. J’ai fini par exiger un examen, mais trop tard pour une péridurale… », raconte Virginie.

Nat’ a eu une expérience similaire : « Si l’on sait qu’il n’y a pas d’anesthésiste H24, il faut bien se préparer à la possibilité d’un accouchement sans péridurale. Ou sinon, insister pour que l’anesthésiste soit appelé immédiatement à son admission en salle de travail, même si les sages-femmes disent "on va attendre que le médecin arrive", ou "que vous soyez dilatée à 4’" ou "de mesurer d’abord les contractions"… Alors que j’ai demandé dès mon arrivée, elles ont préféré attendre 30 minutes pour mesurer mes contractions ; finalement elles l’ont fait quand j’ai perdu les eaux mais c’était trop tard. Donc, vraiment, insister. »

 

4) Il faut penser soi-même au bien-être du Papa

Sally : « Je crois que c’est pareil partout : rien n'est prévu pour le papa. Donc c’est important d’ anticiper en préparant un petit nécessaire avec des snacks qu'il aime. Les cafét’ d'hôpitaux, ce n’est pas terrible. Pendant l'accouchement on a besoin d'un mari au top de sa forme pour nous soutenir. »

 

5) On peut embaucher une sage-femme privée pour nous accompagner avant et après l'accouchement… et surtout pendant !

Margot a engagé une sage-femme indépendante pour l’assister le jour de son accouchement en plus du gynécologue qui la suit. Celle-ci a pu ensuite veiller à son confort lors de son séjour à la maternité : « un vrai chien de garde ! Elle ne laissait personne rentrer de façon impromptue dans ma chambre lorsque bébé et moi nous reposions. »

June ajoute : « je ne savais pas qu’on peut engager une personne qui tienne une sorte de rôle de sage-femme / infirmière personnelle, qui peut venir travailler avec soi pendant un mois entier pour gérer la période post-partum. C’est important à savoir, particulièrement parce qu’apparemment la liste d’attente pour les bonnes assistantes de ce type peut être assez longue. »

 

6) Le placenta se garde.

Lougna : « Pour moi, la surprise a clairement été la question : où devons-nous mettre le placenta ?. J’ai compris que la pratique usuelle était de ramener le placenta chez soi. Si l’on n’en veut pas, il faut signer un papier pour pouvoir le laisser à l’hôpital ». Virginie renchérit : « là où j’ai accouché, le laisser n’était pas autorisé. Le personnel médical nous l’a rendu dans un sac plastique. Nous voulions le donner à la science, mais ce n’était pas possible. Apparemment on est supposé enterrer le placenta dans son jardin… mais j’habite dans un appartement ! »

 

7) Il faut affirmer sa volonté pendant le séjour à la maternité.

Clémence : « j’aurais voulu savoir que l’on peut demander aux infirmières d’assister aux premiers bains du bébé, au nettoyage du cordon, etc. Elles ne m’ont jamais proposé de venir et je ne savais pas que je pouvais. » Arnaud se souvient quant à lui s’être énervé après la naissance de son fils « la sage-femme l’a emmené pour le nettoyer et l’habiller. Je n’étais pas autorisé à rentrer dans la pièce ! J’entendais mon bébé hurler. J’ai fini par m’imposer, pour demander qu’au moins elle lui parle pendant qu’elle le manipulait. Ce petit être était tout nouveau dans le monde, ça me paraissait la base d’accompagner ses soins d’une voix apaisante. »

Margot n’a pas apprécié le comportement intrusif du personnel une fois dans sa chambre : « les allées et venues incessantes sont agaçantes, mais pas seulement. On essaie de te retirer ton enfant pour la nuit, on ne t’apprend pas à donner le bain… C’est peut-être dû à la supposition que tu as chez toi une nounou qui s’en chargera. Dans mon cas ils sont venus chercher ma fille sans mon autorisation pendant que j’étais sous la douche, et ils l’ont lavée alors que j'avais spécifié que je ne le souhaitais pas. »

 

8) Les démarches administratives peuvent être vraiment compliquées 

Le constat est unanime : « si j’avais su dès le départ comment enregistrer mon bébé (écriture du nom etc.), mon Dieu cela nous aurait épargné tellement de peine, de temps et d’agacement ! (…) Notre fils a failli ne pas avoir de nom de famille : nous ne savions pas que la politique de notre hôpital était de mettre une virgule entre le prénom et le nom… »

« Les Indonésiens n’ont pas de prénom et de nom séparé comme les étrangers sur leurs papiers d’identité » ; « les noms multiples sont clairement un problème  ».

« Anticipez les papiers pour l’akte kelahiran (certificat d’accouchement), la liste est longue et en plus elle change en fonction de son interlocuteur. »

 

9) L'accompagnement post-partum est inexistant.

Maya nous confie : « pour ma part je trouve qu’on est assez bien accompagnée avant l’accouchement. Mais après c'est une autre histoire ! En France on a trois visites à domicile de la sage-femme, et ça aide pas mal. Ici pas de conseils allaitement ou de rééducation du périnée qui tiennent. »

 

10) Il y a des groupes WhatsApp regroupant des mamans et des professionnels de santé expatriés qui peuvent être d'une grande aide.

Plusieurs groupes WhatsApp valent la peine d’être connus dès sa grossesse, tels que « Birthing Women in Jakarta » qui regroupe de nombreuses mamans, des sages-femmes et des conseillères en lactation.

Il vaut également la peine de se renseigner sur l’existence de groupes spécialisés, que ce soit par aire géographique (chaque zone de Jakarta à son groupe de mamans), date prévue d’accouchement, centres d’intérêt communs (rencontres, cafés, playdates, vente de matériel d’occasion…), etc.

Bonus :

« Bien sûr une dernière chose à considérer à Jakarta, c’est le timing. On ne sait jamais combien de temps ça va prendre d’aller à l’hôpital. Apparemment il est possible de réserver et payer la police locale pour nous escorter et ouvrir la voie si l’on est en travail ! »