On les manipule tous les jours, et pourtant... bien malin qui pourrait décliner la liste des personnalités figurant sur les billets ou identifier les espèces mises à l’honneur par la monnaie sonnante et trébuchante.
Petite présentation.
Des pièces qui mettent à l’honneur le patrimoine naturel indonésien
Côté face, elles arborent toutes l’emblème national, « Garuda Pancasila ». Le célèbre oiseau Garuda est orné d’un bouclier aux 5 piliers du Pancasila : l’étoile pour l’appartenance à une religion monothéiste, la chaîne représentant les générations, « une humanité juste et civilisée », le taureau incarnant la démocratie, et enfin le riz et le coton en tant que moyens de subsistance pour le peuple indonésien.
Le côté pile met principalement à l’honneur des fleurs ou des oiseaux emblématiques du pays.
La pièce de 1.000 Rp représentait un palmier à huile dans sa version historique de 1993. En 2010, le palmier a été remplacé par un angklung (instrument de musique traditionnel en bambou, inscrit au patrimoine immatériel de l'UNESCO depuis 2010) devant le Gedung Sate, bâtiment colonial érigé en 1920 à Bandung, aujourd’hui musée et siège du gouverneur de province.
La pièce de 500 Rp arbore une fleur de jasmin (bunga melati) depuis son édition en 1997, toujours présente depuis son renouvellement en 2003.
La pièce de 200 Rp promeut le « jalak Bali bird », oiseau blanc aux yeux, bords des ailes et queue noirs. Cet oiseau est menacé d’extinction.
La pièce de 100 Rp n’a au contraire pas évolué depuis son édition en 1999 et représente le « kakaktua Raja bird », un cacatoès noir endémique de Raja Ampat, en Papouasie.
La pièce de 50 Rp arbore le loriot de Chine, bel oiseau jaune vif, très réputé dans le centre de Java : il est dit qu’une femme enceinte qui en mangerait donnerait naissance à un enfant magnifique...
Les billets portent la mémoire de héros nationaux
Ré-édités en 2016, sur les nouveaux billets les visages des héros nationaux sont associés soit à une danse, soit à un lieu ou bien à une fleur symbolique.
Le billet rose de 100.000 Rp porte la mémoire de deux illustres personnalités indonésiennes, proclamateurs de l’indépendance : Soekarno et Mohammed Hatta. Soekarno (1901-1970) fut le premier président de la république d’Indonésie fondée le 17 août 1945, et Mohammed Hatta (1902-1980) son premier vice-président.
Les éditions successives, de 2004, 2011 et 2014 portent au dos le parlement indonésien.
L’édition de 2016 met en valeur trois symboles forts : la danse des masques effectuée au cours des mariages traditionnels betawi, Raja Ampat, cet archipel réputé dans le monde entier pour la biodiversité de ses fonds marins, et l’orchidée blanche « Moon », endémique d’Indonésie et découverte par un botaniste hollandais, Carl Ludwig Blume.
Le billet bleu de 50.000 Rp a été conçu à l’effigie de I Gusti Ngurah Rai, héros national (1917-1946). Lieutenant-colonel commandant les forces armées indonésiennes à Bali contre les Néerlandais durant la guerre d'indépendance, il fut tué lors de la bataille de Margarana en 1946.
Au verso, le billet illustre le lac Beratan à Bedugul, et le temple Ulun Danu, à Bali.
Ce billet bleu a été complètement revu en 2016 pour mettre en valeur Djuanda Kartawidjaja (1911-1963), plusieurs fois ministre et qui fut l'initiateur du concept de pays archipélagique. Lors de la « déclaration Djuanda » il réclame la souveraineté du pays sur l'ensemble des eaux reliant les milliers d’îles de l’archipel ; l’Indonésie a ainsi vu sa surface être multipliée par 2.5.
Au verso, la danse balinaise Legong, le parc national de Komodo et la fleur de frangipanier, très présente dans les rites balinais, forment le trio de symboles.
Sur le billet vert de 20.000 Rp figure Oto Iskandar di Nata (1897-1945). Secrétaire puis président de l’organisation Paguyuban Pasundan promouvant la culture soundanaise, il fut membre de l’assemblée nationale de l’époque (Volksraad) entre 1930 et 1941, directeur du journal Tjahajaactif sous l’occupation japonaise, et membre des institutions mises en place par le gouvernement colonial japonais pour préparer l’accession à l’indépendance.
Le verso du billet représente la récolte des feuilles de thé à Java ouest.
La réédition de ce billet vert de 2016 illustre Sam Ratulangi (1890-1949), homme politique de Minahasa, dans le nord de Sulawesi, par ailleurs journaliste et professeur.
Au verso : la danse du gong des Dayak de Kalimantan représente la beauté et la tendresse des femmes. Elle accompagne les îles Derawan, à l’est de Kalimantan, connues pour leurs tortues marines, et l’orchidée noire, endémique de Papouasie.
Le billet violet de 10.000 Rp illustre le Sultan Mahmud Badaruddin II (1767-1852). Il a été le 8ème sultan de Palembang, dans le sud de Sumatra, et a combattu sans relâche les Anglais et les Hollandais.
Le verso du billet représente des« rumah limas », les maisons traditionnelles de cette région dotées de plusieurs planchers notamment pour les cérémonies lors de l’accueil de visiteurs.
Sur la version 2016 de ce billet violet figure Frans Kaisiepo (1921-1979), homme politique originaire de Papouasie, membre actif du mouvement nationalistes anti-hollandais « IRIAN ».
Le verso illustre la danse Pakarena, le parc national marin Wakatobi et la fleur de magnolia champaca, tous trois symboles du sud de Sulawesi.
Les billets de 5.000 Rp ont été émis pour la première fois en 2016. Ils mettent à l’honneur Idham Chalid (1921-2010), président pendant 34 ans du mouvement musulman Nahdlatul Ulama, organisation islamique la plus influente du pays, qui œuvre sur les terrains de la religion, des affaires sociales ou encore de l’éducation.
Au verso, la danse Gambyong de Surakarta, dédiée à Dewi Sri, déesse du riz, est associée au mont Bromo et à la fleur d’agave, utilisée par le peuple Asmat pour la composition de parfums.
Le billet de 2.000 Rp, commémore Pangeran Antasari (1707-1862). Également appelé « prince Antasari », il a été sultan de Banjar, dans le sud de Kalimantan. Fils de la lignée royale de Banjar, il s’est battu contre l’usurpation du pouvoir familial par les Hollandais au 18ème siècle, avant d’être emporté par une épidémie de variole.
Le verso de ce billet illustre la danse traditionnelle des Dayak : Kancet Datun Julut.
La réédition de 2016 du billet de 2.000 Rp illustre Mohammad Hoesni Thamrin (1894-1941), célèbre figure betawi aux ascendants hollandais.
Au verso, la danse des assiettes de Minangkabau dédiée aux dieux après la récolte, le canyon Sianok, site touristique, et la fleur d’ylang-ylang symbolisent la richesse de Sumatra.
Enfin, le petit billet de 1.000 Rp commémore Kapitan Pattimura (1783-1817).
De son vrai nom Thomas Matulessy, ce soldat originaire d'Ambon, dans les Moluques, a rejoint l’armée britannique quand celle-ci a repris les Moluques aux Hollandais. Lorsque les Moluques redevinrent hollandaises en 1816, il démissionna et conduit une rébellion armée, qu’il mena jusqu’à la prise du fort Duurstede. Il fut proclamé leader du peuple Moluque le 29 mai 1817, avant d’être trahi puis capturé le 11 novembre 1817 par les Hollandais, qui le pendirent un mois plus tard. Pattimura représente le symbole de la double indépendance des Moluques et de l’Indonésie.
Le verso du billet représente les îles Maitara et Tidore situées au Nord des Moluques, ainsi qu’un pêcheur retirant son filet.
Sa réédition de 2016 marque un tournant puisqu’elle met une femme à l’honneur : Tjut Meutia (1870-1910). Cette femme courageuse originaire d’Aceh n’a jamais été bridée par sa condition de femme. Armée du rencong, couteau traditionnel de la région, elle a combattu pour défendre sa terre natale sous l’occupation hollandaise.
Au verso, la danse Tifa de Papouasie est illustrée ainsi que deux symboles des Moluques : Banda Neira, épicentre du commerce de la noix de muscade jusqu’au 19ème siècle, et l’orchidée violette.
Pour plus d'informations, vous pouvez consulter le site de la Bank Indonesia