L’histoire du chemin de fer indonésien est intimement liée à la période coloniale néerlandaise, à l’industrialisation des cultures d’exportation et à l’évolution politique du pays. Des premières lignes tracées pour le transport des denrées jusqu’aux projets modernes de train à grande vitesse, le train a façonné — et continue de façonner — le paysage économique et social de l’archipel.


Les origines coloniales : un train pour les plantations
L’histoire du train en Indonésie remonte à l’époque coloniale néerlandaise. La Cultuurstelsel, système de culture imposé par le gouvernement néerlandais en 1830 influence largement le développement du chemin de fer en Indonésie. Les cultures de café, caoutchouc, quinquina, cacao, sucre, tabac, coton, muscade, poivre, ... nécessitent un transport rapide et efficace. Le train s'avère être la solution.
Le 15 août 1840, le Colonel Van der Wijk propose alors la construction d'un réseau ferroviaire afin de résoudre le problème du transport, tout en offrant également un avantage en matière de défense.
Mais ce n'est qu'en 1862 que le gouvernement néerlandais accorde une concession à la Nederlandsch Indische Spoorweg Maatschappij (NIS) afin de construire une ligne de chemin de fer reliant Semarang à Surakarta et Yogyakarta.
Deux ans plus tard, le 17 juin 1864, le gouverneur général des Indes orientales néerlandaises Van Den Beele donne le coup d'envoi de la première ligne de chemin de fer à Semarang. Le 10 août 1 867, 26 km de ligne sont construits avec un écartement de 1,435 m : la première ligne de chemin de fer de Semarang à Tanggung est officiellement ouverte.
La naissance d’un réseau structuré
En raison des difficultés rencontrées par la NIS, le gouvernement crée la Staatsspoorwegen (SS). Le 16 mai 1878, la SS inaugure la ligne entre Surabaya et Pasuruan, d'une longueur de 115 km.
Ces lignes s'avèrent être d'une grande rentabilité et des dizaines de compagnies ferroviaires voient le jour. Elles construisent principalement des voies de tramway, beaucoup moins onéreuses, et de constructions plus légères, autorisant une vitesse qui ne dépasse pas les 35 km/h.
La construction du réseau ferré est rapide. En 1900, on dénombre 3338km de voies ferrées non seulement sur Java, mais aussi à Madura, à Sumatra et aux Célèbes.
En 1939, on atteint 6 811 km de voies ferrées.
Le 28 septembre 1945, les employés de l'Angkatan Moeda Kereta Api (AMKA) reprennent les chemins de fer des mains des Japonais. C'est pour cette raison que le 28 septembre a été déclaré journée du train en Indonésie.
Le 30 septembre 1945, les chemins de fer sont nationalisés sous le nom de Kereta Api Indonesia (KAI), qui détient aujourd'hui le monopole du transport ferroviaire en Indonésie.

Plusieurs types de trains sont mis en service : des trains exécutifs, des trains d'affaires, des trains économiques non climatisés et des trains de marchandises qui transportent du charbon, des carburants, de la pâte à papier...
En 1950, le réseau ferré n'est plus que de 5 910 km. Les voies ferrées furent probablement détruites durant l'occupation japonaise et pour certaines transportées en Birmanie.
Un réseau ferroviaire en mutation
Aujourd’hui, le train reste un moyen de transport clé en Indonésie, avec des projets modernes comme le train à grande vitesse Jakarta-Bandung, inauguré en 2023.
Le réseau ferroviaire indonésien est principalement concentré sur les îles de Java et Sumatra.
Actuellement, il compte environ 6 529 km de ligne, dont 5 042 km en exploitation : 3 672 km à Java et 1 370 km à Sumatra. Seules 100 km de ces lignes sont électrifiées à Java.
D'autres îles, comme la Sulawesi et Kalimantan, ne possèdent pas encore de réseau ferroviaire opérationnel, mais des projets sont en cours pour y développer des infrastructures ferroviaires.
Le dernier projet à l'étude est la construction d'un train à grande vitesse reliant Jakarta à Surabaya. Les deux villes seraient distantes de 3 heures au lieu des 10h46 à l'heure actuelle. Qui dit mieux ?
Sur le même sujet
