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Le 25 octobre 2010 le volcan Merapi entrait en éruption

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©Véronique O.
Écrit par Lucie Pech
Publié le 25 octobre 2017, mis à jour le 18 mars 2024

Le volcan Merapi ou Montagne de feu est l'un des volcans les plus actifs et les plus dangereux au monde avec 49 éruptions explosives enregistrées entre 1548 et 2010. Des éruptions moindres se produisent tous les quatre ou cinq ans et les plus grandes chaque siècle.

Il y a exactement 7 ans le 25 octobre 2010 le Centre de Volcanologie et d'Atténuation des Risques Géologiques (CVGHM) situé à Bandung et responsable de la surveillance permanente des 127 volcans actifs en Indonésie élève le niveau d’alerte au niveau IV, le maximum possible. En effet les observations montrent des niveaux d'activité sans précédent, jamais atteints dans les relevés de l'observatoire. Les signes d'activité anormale ont commencé en novembre 2009 et ont été suivis par une augmentation lente mais quasi constante de la sismicité, des déformations et des flux d'émission de gaz volcanique. Les scientifiques notent depuis plusieurs semaines un gonflement du volcan, un réchauffement du dôme de lave et la formation d’un panache volcanique blanc. L’explosion a lieu le lendemain le 26 octobre 2010 tuant 38 personnes. L’activité du volcan augmente encore  et culmine le 5 novembre avec l'explosion du dôme de lave suivie de l'effondrement de la partie supérieure de la montagne produisant des gaz extrêmement destructeurs et des matériaux rocheux à 300 ° C qui parcourent plus de 16 km autour du sommet. Le volcan continue son activité éruptive très complexe jusqu'au 23 novembre.

Bilan : 400 000 personnes réfugiées, 367 tuées dont 200 à cause des coulées pyroclastiques.

Pourtant l'Agence géologique, structure appartenant au Ministère de l'énergie et des ressources minérales chargée de fournir des informations pour la communauté afin de réduire l'exposition des personnes aux risques naturels, avait fait son devoir d’alerte. Le volcan Merapi a même une place particulière dans cette structure avec son propre centre de recherche et de technologie situé à Yogyakarta (BPPTKG). 

Mais le volcan Merapi est considéré comme un site sacré pour les Javanais car Il est situé à l'extrémité d'une ligne symbolique qui le relie à la «mer du Sud» (l'océan Indien) via le kraton, le palais royal de Yogyakarta. Chaque année, la cour du palais organise un «labuhan», une cérémonie de procession sur le flanc sud du Merapi accompagnée de prières et d’offrandes (objets sacrés, fruits, cônes de riz et argent) à l'esprit du volcan. Des offrandes sont également faites pour calmer le volcan quand il tremble. Un «juru kunci», littéralement «gardien des clés» et gardien du Merapi est nommé par le sultan de Yogyakarta conformément à la tradition des «maîtres spirituels du volcan» qui remonte au royaume de Mataram dont le deuxième sultan, Panembahan Suropati à la fin du 16ème siècle, a promis de protéger la population. 

Le 26 octobre 2010 Mbah Marijan le gardien des clés, fils d’un serviteur du sultan anobli par ce dernier, comptera parmi les premières victimes avec à ses côtés une trentaine de fidèles. Tous ont refusé d’évacuer et succomberont aux gaz et cendres volcaniques à 1000 degrés d’une nuée ardente qui détruira leur village de Kinahrejo situé au sud du volcan.

cimetière victimes éruption Merapi 26 octobre 2010
©Véronique O.Cimetière au pied du Merapi pour les victimes de l'éruption du 26 octobre 2010

Environ 1,3 million de personnes vivent aujourd’hui sur les flancs de ce volcan majestueux et sacré, dans un rayon de 20 km autour du sommet du cratère tandis qu'environ 500 000 ont leurs maisons dans les zones à haut risque sujettes à des coulées pyroclastiques mortelles et hautement destructrices ainsi qu’aux lahars. Les habitants acceptent le risque principalement en raison du sol volcanique très fertile qui fournit 3 récoltes de riz par an.

La coopération intergouvernementale sur la volcanologie entre la France et l'Indonésie a été initiée dans les années 1980 grâce au célèbre vulcanologue Haroun Tazieff qui est venu observer le Merapi à la fin des années 50 puis en 1977. Elle a été formalisée lorsqu’il est devenu secrétaire d'Etat à la prévention contre les risques naturels et technologiques de 1984 à 1986. La coopération avait trois objectifs principaux : trouver de nouvelles techniques pour évaluer les risques volcaniques, former des scientifiques indonésiens et mieux comprendre le comportement des volcans andésitiques (explosifs) comme La Soufrière en Guadeloupe ou La Montagne Pelée en Martinique. Cette coopération a entre autre permis une meilleure surveillance des volcans dans les territoires d'outre-mer français aux Antilles.

Article rédigé avec l'aide précieuse de :

  • François Beauducel, volcanologue français, professeur titulaire à l'Institut de physique du Globe de Paris (IPGP) et directeur de la recherche à l'Institut de recherche pour le développement en Indonésie (IRD)
  • Caroline Berthonnet