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« L’idée de faire du foot n’effleure même pas l’esprit des filles »

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Écrit par Pauline Robert
Publié le 25 octobre 2019, mis à jour le 11 janvier 2021

Malgré la ferveur qui règne en Turquie autour du ballon rond, le football féminin peine à prendre son envol, à la différence de ce qui se passe aux Etats-Unis, dans les pays scandinaves ou plus récemment en France. A Istanbul, le lycée Galatasaray est l’un des rares établissements scolaires stambouliotes à disposer d’une équipe féminine. Faute d’adversaire, ses joueuses ont dû se rendre jusqu’en Suède l’an passé pour se confronter à d’autres formations. Reportage.

Istiklal, sa foule qui déambule en faisant du lèche-vitrine, ses musées, ses restaurants, ses boîtes de nuits, et au milieu, caché derrière une imposante grille ornée de dorures, le lycée Galatasaray. C’est dans l’enceinte de cet ancien palais impérial transformé en 1868 en établissement scolaire qu’une dizaine de filles se retrouvent deux soirs par semaine, les lundis et les mercredis, pour jouer au football.

Si en Turquie, le ballon rond est une institution, il reste très peu pratiqué par la gent féminine, à la différence d’autres sports comme le volley ou le basket. Göksel Gündünz, l’entraineur, confie : « C’est la cinquième année consécutive que j’entraine des filles. Il y a quinze ans il y avait aussi une équipe que j’ai suivie cinq ans, puis les cinq années d’après il n’y a eu que des garçons. Pas de filles, pas d’équipe. » Ce manque d’effectif ne touche pas que le lycée Galatasaray. Lors des compétitions interscolaires, la plupart des équipes présentes sont composées d’athlètes, de volleyeuses ou de basketteuses réunies spécialement pour l’occasion.

L’année dernière, faute d’opposition du même niveau, l’équipe de Galatasaray s’est rendue jusqu’en Suède pour prendre part à un tournoi international où figuraient de nombreuses professionnelles. Sans surprise, les jeunes Stambouliotes, seule formation issue du milieu scolaire, n’ont pas réussi à se qualifier pour le second tour. « Mais nous avons gagné en expérience », positive Göksel Gündünz.

A l’université aussi, le football féminin se fait rare, au grand désespoir d’Aycel, une étudiante française d’origine turque, arrivée à Istanbul en septembre dernier dans le cadre du programme Erasmus. « J’ai essuyé plusieurs échecs, en appelant différents clubs, je n’ai trouvé qu’une seule équipe féminine très excentrée à Istanbul, le reste des clubs n’acceptent pas les filles… Mon seul espoir était qu’il y ait une équipe à l’Université Galatasaray. On m’a d’abord proposé de jouer avec les garçons mais je ne m’y serais pas sentie à l’aise. On m’a ensuite proposé de m’entraîner avec les lycéennes et j’ai accepté. »

Pour elle, si les joueuses manquent à l’appel, « ce n’est pas parce que ça n’intéresse personne, mais parce que le football est tellement associé aux garçons que l’idée d’en faire n’effleure même pas l’esprit des filles ».

Néanmoins, sous son impulsion, une dizaine d’étudiantes, débutantes ou pas, participent dorénavant aux entraînements avec les lycéennes de Galatasaray. Son objectif maintenant : « Dépasser les stéréotypes et assurer la pérennité de cette équipe. » A bon entendeur.

Publié le 25 octobre 2019, mis à jour le 11 janvier 2021

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