Que sait-on des effets néfastes de la pollution lumineuse? Où se situe Hong-Kong sur l’échelle de cette pollution souvent moins évoquée que les pollutions classiques : déchets, smog urbain, eaux souillées... Que peut-on faire pour la réduire ? Le sujet est vaste, voici un aperçu.
La pollution lumineuse appelée aussi photopollution apparaît à la tombée de la nuit lorsque les nombreux éclairages artificiels et omniprésents nuisent à l'obscurité normale et souhaitable de la nuit.
Des images satellites de nuit montrent que de la terre scintille de plus en plus, particulièrement dans les zones urbaines développées et industrialisées, comme la Chine. Et les chiffres confirment les images: la luminosité nocturne augmente de 20% par an dans certaines parties du monde et 80% de la population mondiale n’a jamais vu la voie lactée.
La lumière est importante mais la valeur de l’obscurité est souvent méconnue ou oubliée. Et si l’obscurité peut effrayer, la nuit n’est jamais complètement noire grâce à la lune et les étoiles.
Selon le Dr Jason Pun Chun-Shing du département physique de l’Université d’Hong-Kong, la ville compte parmi les pires de la planète au niveau de la pollution lumineuse avec par endroits un ciel nocturne 1,000 fois plus lumineux que les normes internationales. En cause: l'éclairage publicitaire et urbain surdimensionné. A tel point que les autorités locales reçoivent de plus en plus de plaintes des citadins qui ne supportent plus cette nuisance.
Les conséquences sur le vivant
Quand les sources de lumières artificielles (éclairage urbain, enseignes publicitaires, vitrines de magasins, bureaux allumés en permanence...) prennent le relais du soleil aussi bien dans les grandes villes que dans les petits villages, il est démontré que l’impact sur l’environnement et la santé est néfaste.
Le Dr Pun explique que cette pollution affecte la nature, la faune et l’écosystème, ce que confirme Steven Lockley de la Harvard Medical School "il y a des conséquences sur les rituels d’accouplement et de migrations."
Chez l’humain, la lumière nocturne empêche la production de mélatonine, connue comme l’hormone du sommeil qui joue aussi un rôle protecteur contre le développement des tumeurs. S’exposer à la lumière la nuit augmente les risques de troubles de sommeil, de diabète et même d’obésité.
Comment lutter contre cette pollution lumineuse ?
Réduire l’intensité, ajuster l’orientation de la lumière et ajouter des filtres, tout simplement. Oui mais concrètement ?
Voici 5 idées lumineuses pour tamiser la lumière artificielle pendant la nuit (source Journal of Applied Ecology) :
- Eteindre pardi ! Evident, efficace et économique, aussi bien les lumières intérieures qu’extérieures, sachant qu’il y a très peu de preuves que ces dernières impactent le taux de criminalité (NDLR extrêmement bas à Hong-Kong).
- Remplacer les éclairages les plus lumineux par des ampoules à plus faible éclairage et installer des détecteurs de mouvements. Ces petits gestes ont un grand impact et permettront même de réduire les factures d’électricité.
- Limiter l’utilisation des écrans le soir et la nuit et idéalement les éteindre complètement. Si c’est impossible, mettre les écrans en mode nuit pour éviter les effets négatifs de la lumière bleue qui altère la production de mélatonine.
- Contrôler la nuisance lumineuse en se protégeant des éclairages extérieurs au moyen de rideaux occultants par exemple, en dirigeant mieux la lumière vers ce qu’elle doit réellement éclairer et en utilisant une intensité adéquate.
- Promouvoir localement l’utilisation de lumières plus faibles et « eco-friendly » la nuit et sensibiliser son entourage à cette pollution lumineuse. Encourager chacun à observer les étoiles. Quand on sait que la reconnexion avec les milieux naturels a une importance capitale sur notre équilibre et notre capacité à vivre ensemble, on n’hésite plus.
Mais encore ?
Participez à la campagne lancée par l’université de Hong-Kong (jusqu’au 31 janvier 2018) et postez une photo sur Facebook montrant comment un geste, une lampe, une idée qui réduit la pollution lumineuse, avec le hashtag #ResponsibleStargazer.
Les meilleures photos seront exposées lors du Hong-Kong Science Festival au Hong-Kong Science Museum en mars 2018. Toutes les infos sur la campagne ici