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Le Polonais qui a découvert au Pérou la liane anti-cancéreuse

Peru Machu PicchuPeru Machu Picchu
Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 29 janvier 2020, mis à jour le 5 mars 2020

Découvrez dans notre article le fabuleux destin d’Edmund Szeliga, un prêtre Polonais de Tychy que rien ne prédestinait à découvrir chez les indiens Pirs du Perou des plantes aux propriétés magiques…

Entretien avec Marta Skolmowska, propriétaire du Centre de médecine par les plantes Wilcaccora à Łomianki

 

lepetitjournal.com : Pouvez-vous présenter à nos lecteurs le personnage d'Edmund Szeliga, dont vous poursuivez le travail dans votre centre de médecine par les plantes Wilcaccora basé à Łomianki près de Varsovie?

Marta Skolmowska : Edmund Szeliga est un homme extraordinaire, sensible aux maux et aux souffrances humaines. Il était considéré comme «l'un des médecins les plus efficaces au monde». Grâce à l'expérience acquise parmi les Indiens d'Amazonie: les Pirs (dans leur langue "les gens du fleuve") et les Machiguens, il a utilisé des méthodes uniques dans le traitement des maladies telles que le cancer, le SIDA, le diabète ou la cirrhose du foie entre autres. Il a passé plus de 70 ans au Pérou.

Edmund Szeliga

 

lepetitjournal.com : Comment se fait-il qu'un Polonais – un Européen des années 30 se soit retrouvé dans le lointain Pérou?

Marta Skolmowska : À la base, rien ne le prédestinait à cela ... Il est né le 9 novembre 1910 dans une famille pauvre de la ville de Tychy en Pologne en Haute Silésie. Après la mort de son père, plein de rêves de jeunesse et d'optimisme, il a fait ses études dans un collège tenu par l’ordre des Salésiens. Dans ce collège, une prophétie lui est venue de la bouche d'un cardinal visitant l'école qui lui dit qu’il travaillerait parmi les Indiens. Le jeune homme n'y attacha pas d'importance.

 

lepetitjournal.com : Cette prophétie s'est-elle réalisée?

Marta Skolmowska : Après avoir terminé son noviciat à Czerwińsk nad Wisłą et après avoir obtenu son diplôme de l'Académie théologique de Cracovie, ses supérieurs lui ont confié une "mission de civilisation" - pour diffuser ses connaissances parmi les jeunes du Pérou.

 

lepetitjournal.com : Qu'a-t-il fait à son arrivée à Lima?

Marta Skolmowska : Lorsqu'il est arrivé au Pérou le 4 octobre 1930, il avait moins de 20 ans. Conformément à sa mission, il a travaillé dans des centres salésiens - il a enseigné l'anglais. Son esprit agité et sa curiosité pour la vie l’ont empêché d'être juste un enseignant. Il voulait aider les pauvres. En trois mois, il a appris l'espagnol parce qu'il voulait en savoir autant que possible sur un pays qu'il ne connaissait que par les chroniques d'Amerigo Vespucci.

 

lepetitjournal.com : Quand est né son intérêt pour la médecine par les plantes?

Marta Skolmowska : Lors d’un séjour à Cuzco, autrefois la capitale des Incas. Là-bas, il a rencontré l'herboriste Mariano Moscozo, qui a soigné par les plantes des maladies soi-disant incurables des années 1930 aux années 1950. Le jeune Szeliga a été attiré par la jungle dès le début. Il a appris rapidement la langue quechua et a tenté de gagner la confiance des indigènes. Ce n'était pas facile, les Indiens se souvenaient de la façon dont les Blancs les avaient traités pendant la «fièvre du caoutchouc» ou la «ruée vers l'or». Il a tout de même réussi à se lier d'amitié avec la tribu des Pirs, qui le considéraient comme un frère. Les Pirs ont vu qu'il était guidé par son cœur et qu’il ne voulait pas les exploiter. Ils lui ont appris à tirer à l'arc, et lui, il les a aidés, notamment à cultiver le sol, leur a enseigné la religion et a partagé leur quotidien. Il a pu ainsi observer le travail des curanderos, mais ne croyait pas tout à fait au pouvoir des plantes qu'ils utilisaient.

 

lepetitjournal.com : Qu'est-ce qui a changé son point de vue?

Marta Skolmowska : Devant lui, les Indiens ont sauvé un garçon mordu par un serpent shushupe, venimeux et mortel. Le garçon est tombé dans le coma. Après lui avoir administré une décoction de Mikania Cordifolia, autrement appelé Huaco Blanco, il a été guéri. Szeliga a décidé d'envoyer des échantillons de ces plantes à l'Université de San Marcos à Lima et à l'Université de Naples pour des tests phytochimiques. Les résultats ont surpris les scientifiques.

 

lepetitjournal.com : Le père Szeliga est-il le découvreur de la Vilcacora – la liane d'Amazonie aux propriétés anti-cancéreuses?

Marta Skolmowska : Les Indiens Pirs lui ont parlé de la Vilcacora. En buvant une décoction de cette plante, ils n’étaient pas affectés par le cancer - il n'y avait aucun cas de cancer parmi eux.

vilcacora

 

lepetitjournal.com : Quand le père Szeliga a-t-il ouvert son propre cabinet de phytothérapie?

Marta Skolmowska : Il a d'abord décidé de compléter sa formation. Il a ramené de Lima des manuels universitaires de médecine et de chimie et les a étudiés dans la jungle. Puis, dans les années 1960, il a ouvert des points de consultation à Lima et a également rendu visite à des patients alités chez eux. Il soignait les corps et les âmes. Il avait une intuition extraordinaire et infaillible que tous les médecins ne possèdent pas. Il était modeste mais charismatique. Le succès a été spectaculaire, des gens venaient du monde entier pour le voir, les médecins voulaient qu’il partage avec eux son savoir. En 1982, un homme d'affaires, guéri par Szeliga du cancer de la mâchoire, a financé la création de l'Institut de Phytothérapie. Les statistiques de l'Institut parlent de plus de 50.000 guérisons du cancer et de plus d’une dizaine du sida.

Le père Edmund Szeliga est décédé à Lima en 2005. En 1999, il a réussi à revoir une dernière fois son pays natal, la Pologne.