Béatrice Malige-Dufrenne, passionnée de cinéma, met la ville de Celestynow, au sud-ouest de Varsovie, à l’heure du cinéma français, à partir du 15 septembre, grâce à l’association GRAND ÉCRAN 2001, basée à Clapiers, près de Montpellier. C’est un festival de films en miroir : en Pologne, le festival fait découvrir le cinéma français et en France, le cinéma polonais. Béatrice Malige-Dufrenne nous parle de cette deuxième édition, qui, après une pause imposée par la crise sanitaire, est attendue avec impatience, tant par les habitants de la ville de Celestynow que par ses organisateurs.
Lepetitjournal.com/varsovie : comment est née l’idée de créer un festival de cinéma entre la France et la Pologne ?
Béatrice Malige-Dufrenne : l’idée me trottait dans la tête parce que j’aime le cinéma polonais et que Clapiers, la ville où j’habite, près de Montpellier, est jumelée avec Celestynow, en Pologne. J’en avais parlé au consul de Pologne à Montpellier, et en 2019, l’Institut de Pologne à Paris, en la personne d’un responsable de département Histoire et Mémoire nous a sollicités pour la projection de 5 films ayant trait à la Seconde Guerre mondiale. J’ai, sans hésitation, permis que cela se fasse, à Clapiers et dans la Métropole de Montpellier, ayant des ouvertures professionnelles, puisqu’intervenant au sein d’associations et de l’Université du Tiers Temps pour des analyses filmiques de films d’actualité et du patrimoine. C’est ainsi que s’est déroulé le 1er festival, du 14 au 17 décembre 2019.
Comment vous êtes-vous organisés au plus fort de la pandémie de COVID ?
La 2e édition prévue en décembre 2020, à cause du Covid, s’est tenue dès l’accalmie, du 26 au 29 mai 2021, avec des films de Pawel Pawlikowski, Andrzej Wajda, mais aussi un hommage à Pola Négri (NDLR Actrice américaine née Barbara Apolonia Chałupiec, en Pologne).
Et en décembre de cette même année, nous avons réalisé la 3e édition avec une programmation à laquelle nous avons ajouté une rencontre avec une responsable de l’école de Lodz et une sélection de films de cette même école, regroupant de nouvelles et anciennes réalisations.
C’est à la suite d’une rencontre avec des Polonais de Celestynow, que nous avons décidé de sauter le pas et d’organiser un festival de films français dans leur commune. Le maire, Witold Kwiatkowski, et son équipe ont accepté cette proposition avec enthousiasme, un partenariat s’est mis en place, et le Premier 3F (Festival de films Français) s’est déroulé en septembre 2021, en présence du maire de Clapiers, Eric Penso et du Consul de Pologne, qui cautionnent cette aventure et nous ont accompagnés.
Qu’est-ce qui différencie votre festival de ce qui existe déjà ?
Notre concept est de faire connaître des films français de qualité avec au moins un film tourné dans notre région, en Occitanie. Et surtout d’accompagner les projections, d’analyses cinématographiques pour mettre en valeur l’écriture cinématographique des réalisateurs choisis, et faire en sorte que le spectateur développe son esprit critique en sachant distinguer un chef-d’œuvre d’un « bon » film ou encore d’un divertissement commercial. Le festival est donc aussi prétexte à faire de l’éducation à l’image.
Parlez-nous de l’association GRAND ÉCRAN 2001, qui porte les projets et de la sélection des films…
L’association GRAND ÉCRAN 2001, porteuse des projets, reçoit une aide financière de la municipalité de Clapiers, du conseil Départemental de l’Hérault et de la Métropole Méditerranée Montpellier. Mais l’inquiétude est grande, car 2023 s’annonce avec de sérieuses réductions de budgets...
La sélection des films se fait en fonction de mes propres coups de cœur, de l’envie de partager des émotions avec des films. En tant que monteuse et réalisatrice, critique de cinéma, je propose des films du 7e art, accessibles à un large public, et des films d’auteur, dits « difficiles », appartenant aux anciens comme aux modernes.
Quel est votre plus beau souvenir de festival ?
À titre personnel l’un de mes plus beaux souvenirs, c’est la découverte de Pola Négri, que je ne connaissais que de noms, mais dont j’ai découvert l’immense talent dans La chatte des montagnes, de Ernst Lübitsch où, sous la direction du maître, elle est exceptionnelle de dynamisme et de drôlerie. Et ce qui est touchant lors de ces rencontres, ce sont les témoignages de Français d’origine polonaise, qui peuvent s’exprimer en évoquant leurs parents et grands-parents venus se réfugier en France et qui, pour certains, ont pris part à la Résistance, pendant la Seconde Guerre mondiale. Et il faut noter également, l’enthousiasme de nombreux cinéphiles qui suivent ces festivals.
Quoi de neuf, pour l’édition 2022 ?
De belles émotions restent à venir, car pour l’édition de ce 3F, en septembre 2022, nous avons ajouté à la programmation, une rencontre avec des enfants du jardin d’enfants de Celestynow, auxquels nous projetterons des films d’animation produits en France, spécialement choisis, et une rencontre est prévue aussi avec des lycéens d’Otwock, à qui nous ferons découvrir l’art de Jacques Tati avec le film Les vacances de Monsieur Hulot, un bijou d’humour.
La bande-annonce du festival
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