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WIELKANOC - «  On retrouve des éléments traditionnels d’autres pays »

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Écrit par Hervé Lemeunier
Publié le 18 avril 2019, mis à jour le 18 avril 2019

La Pologne célèbre ce week-end son « Wielkanoc », le week-end de Pâques traditionnel polonais. L’occasion de revenir, avec le Père Michał, prêtre de la paroisse francophone de Bobola, sur l’importance de cette célébration et les différentes traditions qui s’y sont greffées au fil du temps.

 

Lepetitjournal.com/Varsovie : Face à la concurrence d’un Noël plus commercial, Pâques est-elle restée la fête la plus importante aux yeux des Polonais ?

 

Père Michał : Du point de vue théologique, c’est évidemment la principale. Pour les familles, elle est également un moment important pour souffler, faire le point sur sa Foi. Cependant, toujours au niveau familial, Pâques vit une période plus difficile. Noël revêt beaucoup d’importance, peut-être grâce au froid : les familles restent chez elles, et sont donc tout le temps ensemble. D’un autre côté, l’arrivée du printemps pendant les festivités de Pâques apporte beaucoup de joie dans les familles, ainsi que de l’espoir. L’esprit des deux fêtes est assez différent, je dirais.

 

Pâques attire-t-elle toujours autant de monde à la messe ?

 

La tendance générale n’est pas excellente. Il y a une sensible baisse d’affluence chaque année, même pour la célébration dominicale, mais je ne pourrais pas vous donner de statistiques.

 

Pour nuancer cette impression, je dirais quand même que certaines communautés en Pologne célèbrent Pâques de façon moins traditionnelle, en fréquentant moins les églises mais en vivant cette fête de façon plus « vraie ». Ces dernières arrivent à vivre Pâques très profondément, avec des relations communautaires très fortes. On touche le vrai mystère de la fête, soit le Christ lui-même ressuscité.

 

Puisque vous parlez d’esprit traditionnel, pouvez-vous nous détailler différentes traditions polonaises ? Quelles sont celles qui restent populaires, celles qui sont oubliées et celles qui apparaissent ?

 

La tradition des œufs est très ancienne : elle est apparue lors de la création du pays, dans une ambiance chrétienne. Les œufs, c’est le symbole de la vie qui apparaît. Traditionnellement, les croyants doivent faire bénir un panier rempli d’oeufs, de charcuterie et de sel lors de l’office du dernier samedi avant la fin du Carême. Il faut cependant savoir que cette tradition tient ses origines d’un christianisme plus oriental, où la viande, les œufs et le sel ne devaient pas être consommés pendant la période du Carême. Bien que cette tradition soit donc ancestrale en Pologne, elle ne tire pas ses origines de chez nous, mais de bien plus à l’Est.

 

Le second point essentiel des traditions pascales polonaises, c’est le petit-déjeuner traditionnel après la veillée pascale. Les Polonais sont toujours aussi nombreux à le célébrer, alors même que l’affluence lors des veillées diminue. A Noël, c’est le soir du 24 qui a toute son importance, mais à Pâques, c’est proprement le petit déjeuner qui est central. On y mange de la soupe faite avec du levain, des œufs et de la charcuterie. La soupe représente le Christ, qui donne et apporte la vie et la nourriture à la famille réunie, qui peut ainsi expérimenter le bonheur de vivre. Bien que les Polonais aient aujourd’hui beaucoup de nourriture et que le symbole s’en trouve affaibli, ce petit-déjeuner reste très populaire.

 

Avez-vous béni certains paniers plus originaux que d’autres ?

 

Bien sûr ! On retrouve de plus en plus d’éléments traditionnels d’autres pays européens dans ce panier. Le petit lapin en chocolat, qui n’était pas une tradition polonaise, a de plus en plus de place dans les paniers des familles. On peut également y retrouver des petites plantes, voire même des poussins ! Un autre élément intéressant dans le contenu des paniers, c’est le nombre de victuailles qui y sont apportées. Quand il y a beaucoup de saucissons, on sait que la famille se retrouve en grand nombre. Au contraire quand on ne voit que peu de charcuterie ou quelques aliments de base, on prie pour la personne qui les apporte car elle vit peut-être seule ou traverse une période difficile.

 

Le Śmigus dyngus, ou lundi mouillé, est une autre tradition étonnante : est-ce récent ?

 

Non, c’est très ancien. Mais voilà encore une tradition étonnante, puisque celle-ci ne vient pas du christianisme, mais des périodes païennes antérieures. Le douzième jour de fête, il était de coutume que les garçons puissent verser de l’eau sur les filles. Traditionnellement, cela voulait dire que le garçon formulait le souhait d’épouser la fille qu’il arrosait. Mais, puisque c’est un jeu amusant, tout le monde s’y prête désormais. De nombreux objets sont même vendus à cette occasion, comme de simples pistolets à eau, ou des petits œufs en plastiques à presser pour éclabousser ses proches. Cette tradition a pris un sens totalement universel.

 

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