Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

Français en Pologne : un difficile retour au pays

Français en Pologne CoronavirusFrançais en Pologne Coronavirus
Écrit par Florine Chatillon
Publié le 16 juin 2020, mis à jour le 17 juin 2020

Alors que la Pologne a rouvert ses frontières et levé sa quarantaine obligatoire pour les citoyens ressortissants de l’Union Européenne, les Français en mobilité internationale commencent à envisager leur retour dans l’Hexagone.

 

Des Français confinés en Pologne

Nombreux ont été les étudiants Erasmus, expatriés et voyageurs français à décider de s’isoler en Pologne. Un choix résultant des recommandations données par l’Ambassade de France pour ne pas aggraver une situation déjà périlleuse. Le déconfinement en Pologne s’est, depuis le lundi 20 avril, opéré en 4 étapes. L’occasion de commencer à réfléchir à son retour, plus ou moins pressé selon les situations de chacun. Aux prémices de la reprise du trafic aérien, on constate que le retour en France pose encore des problèmes.

Selon les dernières données officielles - au 31 décembre 2017 - 6.436 Français sont enregistrés auprès de la section consulaire de l’ambassade de France à Varsovie. En intégrant les binationaux, le pays compte environ 10.000 personnes de nationalité française. Des chiffres globalement stables depuis. Au sein de cette communauté, nous avons suivi la trajectoire de Pauline, Louise et Théodore. Ces trois étudiants de 21 ans effectuaient une mobilité internationale à Wroclaw. Ils ont décidé de rejoindre la France au terme du confinement.

 

Un Erasmus écourté

Fin mai, Pauline reçoit un mail de l’université Politechnika de Wroclaw : les cours sont maintenus en ligne jusqu'à la fin de l’année scolaire. Cette décision sonne la fin de son expérience Erasmus et elle décide aussitôt de regagner Paris. Elle rentre via l’Allemagne et la Belgique le 8 mai. Louise veut quant à elle attendre la fin de ses examens - le 22 juin - pour rentrer à Bordeaux. Elle achète un billet avec la compagnie Lufthansa pour le 30 juin. Théodore devait se rendre à Marseille en avril. Ayant dû annuler précipitamment son séjour lors du confinement, il réserve le premier billet disponible : un aller Varsovie-Paris prévu le 7 juin par Air France.

 

Le voyage rocambolesque de Pauline

Dans l’attente d’un retour à la normale, la voie routière a constitué le moyen le plus fiable de rentrer en France. C’est l’option qu’a choisie Pauline. Le vendredi 8 mai à 21 heures, elle prend la route en direction de l’Allemagne avec la compagnie Sindbad. « Toutes les précautions sanitaires étaient prises. J’étais toute seule sur deux fauteuils et il y avait une bâche entre le chauffeur et nous ». Après cinq heures de route, sans aucun contrôle, elle arrive à Berlin et prend un Uber pour se rendre à la gare centrale. Démarre alors une longue attente jusqu’à l’arrivée au quai à six heures de son train, direction Cologne. Le train est relativement vide. On contrôle ses billets, sans plus. Arrivée à Cologne, Pauline se dirige vers l’avant-dernière étape de son périple: une correspondance direction Liège. « Dans le train, ils ont fait plusieurs appels pour nous prévenir de descendre si nous n’étions pas Belges ou si nous n’avions pas d’autorisation spéciale. Je suis quand même restée car j’avais mon attestation et je faisais le voyage avec ma colocataire belge ». Un contrôleur lui demande sa nationalité au cours du voyage. Elle présente son attestation, il n’insiste pas. Arrivée à Liège, la libération se fait sentir. « Je suis sortie sans problème et j’ai rejoint la mère de ma colocataire. On a pris la route jusqu’à la frontière franco-belge. J’ai traversé la frontière à pied pour rejoindre ma mère qui m’attendait de l’autre côté ». Unique embûche du voyage, la mère de Pauline s’était garée en Belgique. « Elle ne savait pas parce que c’était pas bien marqué. Quand on est allées prendre de l’essence, deux policiers sont venus nous contrôler. Ils nous ont réprimandées mais ne nous ont pas donné d’amende ». Pauline arrive finalement à Paris à 15 heures, la dernière partie du trajet a eu lieu sans encombre.

 

Un périple imprévu pour Théodore

L’intensité de ce périple, Théodore voulait l’éviter. Il ne se sent pas pressé et décide donc d’attendre le premier vol pour rentrer en France. On envisageait en Pologne l’ouverture des lignes aériennes le 6 juin. Il achète donc son billet avant que la décision officielle ne soit relayée, persuadé de la reprise du trafic. Sa surprise est palpable lorsqu’il reçoit un e-mail le samedi 6 juin à 12h52 : la compagnie Air France annule le trajet. Les connexions ne reprendront pas. Ni une ni deux, il réserve un bus de Wroclaw destination Marseille. Il prend la route deux heures plus tard. Le trajet est long mais paisible. Il a deux sièges pour lui tout seul. Il effectue une correspondance à la frontière allemande sans problème et n’est contrôlé qu’une fois, à hauteur de Besançon. Il arrive à Marseille le lendemain, à 15h30. Malgré l’annulation du vol, le jeune homme a gardé son billet. La compagnie Air France a en effet pris des mesures exceptionnelles. En raison de la crise sanitaire, toute personne ayant acheté un billet à partir du 22 avril a la possibilité de le modifier sans frais.

 

Reprise des lignes aériennes… en théorie

Ce mardi 16 juin a marqué la Pologne par la reprise de l'activité des lignes aériennes à l’échelle internationale. Cette réouverture des transports aériens semble cependant être de l’ordre de la théorie. L’expérience de Louise en témoigne : « Le 30 mai, j’ai reçu un mail me disant que mon statut de vol avait été modifié ». Elle est alors confrontée à deux possibilités : modifier son retour ou se faire rembourser. Elle choisit la première option. « J’ai demandé à échanger mon billet pour le premier vol disponible : le 1er juillet ». Le 5 juin, Louise reçoit de nouveau un mail : « J’étais partie en me disant c’est bon et littéralement 48 heures après avoir modifié mon vol, ils m’ont renvoyé le même mail pour me prévenir de son annulation ». Malgré de nombreuses tentatives d’appels, la compagnie n’est pas joignable. Louise est retournée peu après sur le site officiel de la compagnie Lufthansa : elle a été surprise de voir que le vol du 1er juillet était toujours disponible à la vente. « En fait, la compagnie ne veut pas trop perdre ses bénéfices donc elle ne prévient pas les gens et laissent des vols disponibles alors qu’ils savent pertinemment qu’ils ne sont pas maintenus ». La compagnie polonaise Lot a quant à elle décidé d’adopter une tactique plus transparente : il est affiché sur son site internet que les vols sont suspendus jusqu’au 30 juin.

 

S’il est possible d’aller en France, les moyens de transport n’ont pas tous été rétablis et il convient donc de définir son itinéraire avec prudence. Cette situation exceptionnelle offre aux Français une expérience de taille. Pour la première fois de leur vie, les citoyens sont confrontés aux frontières, en dépit d’un passeport considéré comme l’un des plus puissants au monde.

 

Pensez aussi à découvrir nos autres éditions