Mardi 11 juillet, la Diète polonaise a adopté une résolution commémorant les victimes des massacres de Volhynie, à l’occasion du 80ème anniversaire de l’événement. Ces massacres ont eu lieu pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque des membres de l'UPA ont attaqué et tué des milliers de civils polonais vivant dans la région de Volhynie, qui faisait alors partie de la Pologne. Aujourd’hui, la question de la culpabilité et l’exhumation des victimes reste un obstacle dans la réconciliation polono-ukrainienne construite depuis des années.
La Diète polonaise adopte une résolution commémorant les massacres
La Diète (Sejm) a adopté mardi une résolution commémorant les victimes du massacre de Volhynie. 440 députés ont pris part au vote, et tous ont voté « pour ». La résolution a été votée symboliquement le 11 juillet, soit 80 ans après le « dimanche sanglant de Volhynie », moment culminant des massacres au cours duquel des membres de l’UPA ont attaqué 99 villages de Volhynie. Cette même date est, depuis 2016 en Pologne, la « Journée nationale de commémoration des victimes du génocide commis par les nationalistes ukrainiens sur les citoyens de la Deuxième République de Pologne ».
Les massacres des Polonais en Volhynie correspondent à une opération de nettoyage ethnique à l’encontre des civils polonais par des membres de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) pendant la Seconde Guerre mondiale, entre 1943 et 1944. Ces massacres ont entrainé la mort de 50.000 à 100.000 Polonais dans l’actuel Воли́нська о́бласть (Volýnsʹka óblast’, Obwód wołyński, Oblast de Volyn) en Ukraine.
La résolution adoptée note que « les victimes du génocide étaient principalement la population rurale, les familles nombreuses, surtout les femmes, les enfants et les personnes âgées », et que « cela s'est accompagné du pillage des biens, de la liquidation de toute trace de polonité, de la destruction du patrimoine culturel de ces terres, en particulier des églises et des autres lieux de culte ».
Le texte souligne que « la réconciliation polono-ukrainienne, construite au fil des ans par les représentants des deux nations, doit également inclure la reconnaissance de la culpabilité et la commémoration des victimes des années de la Seconde Guerre mondiale » et qu’ « il est essentiel de procéder à l'exhumation, à l'enterrement dans la dignité et à la commémoration de toutes les victimes du génocide dans les zones frontalières orientales ».
La membre de la Diète Anna Dąbrowska-Banaszek a rappelé que toutes les victimes n’ont pas été exhumées et que les descendants des victimes attendent toujours que leurs proches puissent être enterrés décemment.
Andrzej Duda et Volodymyr Zelensky rendent hommage aux victimes
Quelques jours plus tôt, le 9 juillet, le Président polonais, Andrzej Duda, avait rencontré son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, en Volhynie pour rendre hommage aux victimes de ces massacres. Ensemble, ils ont participé à un service œcuménique dans la cathédrale Saints-Apôtres Pierre et Paul de Loutsk, en Ukraine.
« Ensemble, nous rendons hommage à toutes les victimes innocentes du massacre de Volhynie. La mémoire nous unit ! Ensemble, nous sommes plus forts », Volodymyr Zelensky via ses réseaux sociaux.
Cet hommage s’est tenu quelques semaines après l’indignation provoquée en Ukraine lorsque le porte-parole du ministère polonais des Affaires étrangères, Łukasz Jasina, avait estimé que le président ukrainien devait s’excuser pour les massacres de Polonais commis par l’UPA. L’ambassadeur ukrainien en Pologne, Vasyl Zvarych, avait alors répondu sur Twitter que cette demande était « inacceptable ».
La Pologne tente de faire reconnaitre son passé douloureux par son voisin ukrainien, actuellement attaqué par la Russie, et la mémoire des victimes est commémorée chaque année, non pas dans un esprit de vengeance, mais pour se souvenir et faire entendre la voix des victimes.
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