Plat traditionnel de la région valencienne, étendard de la cuisine espagnole à l’étranger, la paella sera célébrée le 20 septembre à l’occasion du World Paella Day. De plus, pour rendre hommage au plat et à ses aficionados, la semaine de la paella a lieu du 17 au 27 septembre et voit dans la Communauté valencienne une soixantaine de restaurants proposer des menus spéciaux.
Le concours World Paella Cup se déroulera ce dimanche 20 septembre à partir de 10h en ligne et sera retransmis sur Facebook et Instagram. Nous avons rencontré à cette occasion un couple franco-espagnol de cuisiniers qui vit dans le Loir-et-Cher, Nathalie Bertheau et José López-Cordón. Plusieurs fois médaillés, ils participeront au concours de cette année.
Paul Pierroux-Taranto : Comment avez-vous découvert cette compétition et quand avez-vous commencé à y participer ?
Nathalie Bertheau : Alors qu’on travaillait sur un marché, un valencien est passé à notre stand et a trouvé notre paella très bonne. Il nous a félicité en particulier sur la qualité de cuisson de notre riz et nous a parlé d’un concours qui avait lieu à Valence. On a tout de suite cherché sur internet et c’est comme ça qu’on a participé à notre premier concours à Sueca en 2014.
Vous avez participé à plusieurs compétitions depuis et avez chacun, seul ou en binôme, remporté plusieurs titres.
NB : En effet, j’ai remporté le championnat d’Europe en 2018 puis José a été désigné ambassadeur de la paella en Europe et on a organisé un concours à Blois en présence de quatre pays : la France, la Belgique, la Suisse et l’Italie.
José López-Cordón : En 2016, j’ai remporté la médaille de bronze au concours international de la Paella à Sueca. Puis, en 2017, Nathalie et moi avons remporté la médaille d’or lors de la première édition du concours en ligne. En 2019, nous avons aussi remporté la médaille de bronze pour la troisième édition du concours en ligne. Cette année, le concours devait initialement avoir lieu à Sueca et se faire au feu de bois, mais pour les raisons sanitaires liées à la pandémie, le concours aura finalement lieu en ligne à travers l'organisation World Paella Day.
Comment va se dérouler la compétition cette année ?
NB : Il y aura huit participants cette année : le Japon, l’Espagne, l’Australie, la Roumanie, la Chine, la France, l’Italie et les Etats-Unis. Le concours sera retransmis en direct sur facebook et sur instagram dimanche 20 septembre à partir de 10h. Les personnes qui nous suivront pourront voter en direct et choisir un pays. Ce sera un peu comme un match de football avec des commentaires en live, une véritable ambiance quoi ! (rires)
On va diffuser un certain nombre de vidéos pour que le public puisse se faire une idée et choisir. Il y aura aussi un jury qui va s’intéresser à l’aspect plus technique de la cuisson, aux ingrédients, à la recette, etc. Au total, nous préparerons trois paellas.
Diriez-vous que vous avez amélioré votre recette au fil des années?
JLC : Oui. Chaque personne qui aime cuisiner cherche toujours à s’améliorer. Quand on cuisine, on est attentif à tout, on regarde par exemple si on a mis assez de bouillon, on surveille le feu. Cela requiert beaucoup d’attention et de concentration. On progresse toujours. Je dirais que notre paella est meilleure année après année.
Un conseil pour les personnes qui veulent s’essayer à la paella ?
JLC : Mon conseil, qui m’a beaucoup servi, c’est qu’il n’y a pas de quantités exactes ! Un point important, c’est de respecter les lois de la physique. L’équilibre est essentiel. Il faut toujours surveiller le feu. Il faut équilibrer la température pour que l’eau s’évapore et cuise le riz au bon rythme.
Vous vivez en France et êtes traiteur organisateur de réceptions dans le Loir-et-Cher. Quelle est la paella qui rencontre le plus de succès auprès de vos clients français ?
NB : En France, la paella qui plait le plus est celle qu’on appelle “la traditionnelle”, c’est-à-dire la mixte avec le poulet et les fruits de mer. En général, quand on propose aux français la paella “valenciana” avec les escargots et le lapin, ils sont un peu réticents. Ils ne la connaissent pas bien. Souvent les français demandent pourquoi on ne met pas de chorizo dans la paella.
JLC : Concernant le chorizo, j’ai une explication. C’est une hypothèse, mais pour en avoir parler avec des espagnols d’une autre génération, j’ai appris qu’à une époque le pimentón (piment doux) était rare. Peut-être que la solution temporaire a été de remplacer le pimentón par du chorizo (qui est lui-même fait à partir de pimentón) pour donner ce goût espagnol si caractéristique à la paella. La Paella valencienne est la maman de toutes les paellas ! C’est la première mais la cuisine évolue, évidemment, et quand les espagnols ont émigré dans le monde entier, ils ont fait ce qu’ils ont pu avec ce qu’ils avaient et ont ainsi dû s'adapter. C’est comme ça que les recettes ont évolué, se sont transformés. D’où peut-être cette habitude aussi du chorizo dans la paella en France.