Sara Bieger, la présidente de la Chambre Franco-Espagnole de Commerce et d'Industrie (CCI France Espagne), était en visite à Valence fin avril. Nous l’avons rencontrée et interviewée pour connaître son parcours et comprendre son rôle. Retour sur notre conversation avec cette femme aux multiples casquettes.
Un parcours diversifié
Après des études de droit à l’Université CEU San Pablo de Madrid, Sara Bieger commence à travailler chez Bull, une entreprise française. Plus tard, c’est en qualité de vice-présidente qu’elle met ses compétences à profit dans l’Agence de développement économique de la région de Castille-et-León : “Nous étions chargés d’attirer les investisseurs dans la région. Ces années ont été très enrichissantes pour moi et nous sommes parvenus pendant cette période à développer et attirer des projets d’investissement à forte valeur ajoutée pour la région”, précise-t-elle.
Elle poursuit sa carrière dans la région comme CEO du Parc Technologique. Quelques années plus tard, elle devient chasseuse de tête, et rejoint le cabinet d’origine française, AltoPartners, comme Associée Directrice du bureau en Espagne. En parallèle de cette activité, toujours très engagée dans des actions visant à mettre en avant les talents féminins et l’égalité de genre dans les entreprises, elle est vice-présidente du club International Women's Forum en Espagne. Sara Bieger est également administratrice indépendante pour les assurances AXA en Espagne et conseillère hospitalière chez Santander Hospital Igualatorio Cantabria.
Un parcours très varié qui la conduit à devenir, en 2020, présidente de la Chambre Franco-Espagnole de Commerce et d'Industrie, dont elle était vice-présidente et présidente de son Club d’Affaires : “Ce parcours et les trajectoires que j’ai choisies prouvent ma passion pour les entreprises et les relations internationales”, ajoute la présidente.
Se renouveler ou mourir
“En novembre 2019, j’ai prononcé un discours à l’occasion du 125ème anniversaire de La Chambre. Dans ce dernier, j'ai dit qu’il fallait soit se renouveler, soit mourir. Six mois plus tard, je devenais la présidente de la Chambre Franco-Espagnole”, explique Sara Bieger.
Depuis lors, prenant ce rôle avec passion, elle travaille pour faire rayonner La Chambre auprès de ses membres. Pour Sara Bieger, ce qui est essentiel dans la nouvelle stratégie, est de se rapprocher des entreprises partenaires : “Par nos activités, il fallait prouver aux entreprises qu’elles ont de la valeur et qu’elles sont au cœur de toutes nos actions”, commente-t-elle.
Pour recréer ce lien avec les membres, La Chambre a travaillé sur ses huit commissions et un Club CFOS, qui regroupent actuellement plus de 100 entreprises et 300 experts, afin de promouvoir les bonnes pratiques et de les offrir comme de réelles solutions pour aider les entreprises : “Nous voulons leur apporter de nouvelles idées, les former et informer des nouvelles tendances. Notre but, c’est de les mettre en valeur, de créer des espaces de networking et d’échanges, pour qu’elles fassent des affaires”, poursuit Sara Bieger.
Gagner la confiance des membres impose de créer de vrais liens. La Chambre veut renforcer ce rôle de partenaire, donner des conseils pertinents par la connaissance qu’elle a des spécificités des deux marchés, des entreprises et des entrepreneurs. Ainsi elle veut être une oreille attentive pour réellement comprendre les besoins et les attentes et ensuite apporter des solutions en cas de problème, ou mieux, faire partie de la solution.
“Nous continuons de nous développer et moderniser, ayant toujours les entreprises françaises au cœur de notre métier”, se réjouit la présidente, qui aborde l’avenir avec optimisme. “Ces dernières années ont mis en avant la valeur du travail d’équipe, avec plus de communication, et une plus grande présence sur les réseaux sociaux, ce qui est indispensable en 2022”.
Quels défis pour les entreprises françaises établies en Espagne ?
La difficulté en Espagne est souvent de comprendre les différences entre les 17 communautés autonomes. Les législations ne sont pas les mêmes, et lorsqu’elles viennent d’un pays avec un règlement centralisé comme la France, les entreprises éprouvent parfois des difficultés à comprendre pourquoi l’Espagne ne se penche pas sur l’option d’un marché unique. En ce qui concerne les autres défis, Sara Bieger affirme que ceux des entreprises françaises sont les mêmes que pour toutes les autres : “Elles doivent continuer à travailler sur le développement durable et numérique, la logistique, l’innovation, et faire en sorte que la chaîne d’approvisionnement ne tombe pas en panne.”
Pourquoi choisir Valence lorsqu’on est un entrepreneur français ?
La France entretient depuis toujours une relation particulière avec Valence, et réciproquement. “C’est un lien historique très fort. Il y a de nombreuses années, les Valenciens parlaient déjà le français car c’était indispensable pour exporter leurs produits vers le marché français (fruits – dont les agrumes – et légumes, produits manufacturés, céramique…)”, explique Sara Bieger, qui ajoute que le commerce entre Valence et le reste de l’Europe, pas seulement la France, existe depuis longtemps.
De nos jours, plus de 120 entreprises françaises sont implantées dans la Communauté valencienne. Un nombre significatif qui prouve l’intérêt du pays voisin pour la région. Énormément de cadres français viennent également s’installer, séduits par ce qu’offrent Valence et ses alentours : “Entreprendre à Valence, c’est aussi choisir une qualité de vie”, rappelle la présidente.
Sara Bieger insiste également sur l’importance du bien-être lorsqu’on choisit un endroit où implanter son entreprise : “Lorsqu’on choisit son lieu d’implantation, on se fonde évidemment sur une série d’éléments objectifs comme la logistique, les coûts, les talents,… Mais les facteurs subjectifs comme la qualité de vie, l’accueil, la météo, sont aussi déterminants.”
Valence possède énormément d’atouts pour séduire et attirer les entrepreneurs : des pôles et des parcs technologiques, une région facilement accessible par avion, par route, par bateau, par train…. Mais Sara Bieger nuance : “Chaque communauté autonome en Espagne possède ses arguments. Les entreprises choisissent en fonction de ce qui leur correspond le mieux”.
Pour la présidente de la Chambre, le plus important, après un écosystème favorable aux affaires, est de se sentir bien. Si ce n’est pas à Valence ou dans la région, ce sera ailleurs, mais elle accorde une grande place au bien-être, même dans le choix d’une implantation d’entreprise. “Lorsqu’on se sent bien, on crée ses meilleurs souvenirs”, conclut-elle. Qui dirait le contraire ?