L’EuroNASCAR Pro 2024 a débuté ce week-end à Valencia. Le pilote Paul Jouffreau démarre sur les chapeaux de roue, malgré plusieurs problèmes mécaniques venus perturber les plans. Le Français termine deuxième le samedi et seizième le dimanche après un accrochage. Reportage.
A l’horizon du circuit Ricardo Tormo, près de Cheste, pas un nuage pour assombrir cette journée qui s'annonce brûlante. Sur la piste de quatre kilomètres, quelques pilotes de l’EuroNASCAR 2024 s'échauffent. Les voitures fusent dans un bruit assourdissant, contrastant avec le calme qui règne dans les tribunes. L'odeur de pneus brûlés et d'essence se mélangent.
Devant le box de RDV Compétition, tout est calme, à l'image de Paul Jouffreau qui s'approche d'un pas tranquille. "Je suis serein. Les essais se sont bien passés. L'équipe finit en P1 jeudi et en P2 hier. La voiture ne me plaisait pas, donc on ne peut que faire mieux", assure le pilote, confiant. Mais le sport mécanique réserve toujours son lot de surprises. La casse de la barre stabilisatrice de son véhicule est venue contrecarrer ses plans de course, le faisant terminer quinzième sur 24 lors des qualifications. “C’est un miracle qu’il ait réussi à finir quinzième”, explique Sylvie, sa mère, arrivée quelques jours plus tôt à Valencia. “Pour la course 1, il a deux objectifs : faire la plus belle remontée et faire un des tours les plus rapides, pour gagner le maximum de points”.
La loge 29, “le fief” de Paul Jouffreau
C’est dans la loge 29 que se sont regroupés les soutiens du pilote pour le week-end. Drapeaux valencien et français, photos de Paul sur les murs, vins de Bordeaux sur la table : l’heure est à la bonne humeur, malgré les déconvenues du matin. Pour la famille Jouffreau, ces rendez-vous sont l’occasion de créer et maintenir des liens entre soutiens, sponsors et partenaires. “Il y a beaucoup de bienveillance entre les sponsors. Nous essayons de créer une ambiance familiale pour que les gens ne se lassent pas”, explique Eric Japiot, sponsor et ami de la famille, qui suit la carrière de Paul de près.
“L’ambiance pèse autant que les victoires de Paul. S’il y a une bonne ambiance, les gens reviennent. On commence à tous se connaître.” Venu avec ses deux filles, il organise régulièrement des rencontres entre les partenaires pour aider “Frédo”, Frédéric de son vrai nom, le père de Paul Jouffreau. “Nous sommes très touchés. Cela leur coûte du temps et de l’argent pour venir”, continue Sylvie, qui tient à remercier les quelque 130 personnes venues de France et d’Espagne spécialement pour l’événement. “Certains n’aiment même pas le sport mécanique. Mais ils viennent parce que l’histoire les a touchés.”
Le pro des remontadas
14 heures approchent. Quand les pilotes s’alignent sur la ligne de départ, tous se pressent sur le balcon de la loge 29, drapeau français à la main et casquette jaune clair au nom de Paul Jouffreau vissée sur la tête. “On doit être une des teams avec la meilleure ambiance”, remarque Eric Japiot. Il est difficile de trouver de la place pour observer la course depuis le balcon de la loge. Certains spectateurs sont même passés sur les balcons des loges adjacentes, vides. Tous ont les yeux rivés sur la course, chacun y allant de son commentaire à chaque mouvement de la voiture fraîchement réparée du pilote français. Un soulagement général se fait entendre après le premier virage, où quelques-uns y ont laissé des plumes, permettant à Paul de gagner cinq places, se replaçant dans le top 10 par la même occasion.
A 20 ans. C’est historique. C'est grandiose. C'est monstrueux.
Des applaudissements et encouragements fusent au passage de la voiture 3, vite remplacés par des cris de joie à chaque concurrent doublé. Après vingt minutes de course, le pilote français est sixième. Bernard Latouche était le préparateur mental de Paul Jouffreau lorsque ce dernier faisait du karting. “Paulo est le pro des remontadas”, lâche-t-il dans un grand sourire. Dans les tribunes, l’ambiance s’intensifie à mesure que les tours s'enchaînent. Sur le circuit, la tension monte d’un cran. Une sortie de piste d’un concurrent provoque l’arrêt de la course pendant quelques minutes. Au bout de 45 minutes d’une démonstration de sang-froid, Paul Jouffreau franchit la ligne d'arrivée quatrième sous les acclamations de son clan. "C'était beau", souffle sa marraine en quittant le balcon. Mais la remontada n’est pas finie ! A la surprise générale, Lucas Lasserre, le troisième de la course, se voit infliger une pénalité, propulsant le pilote français en troisième position. C’est l’euphorie dans la loge 29. “Il confirme le talent qu'il a. A 20 ans. C’est historique. C'est grandiose. C'est monstrueux.”, réagit son père Frédéric, très ému.
Quelques minutes plus tard, le Blayais laisse exploser sa joie sur le podium, drapeau de la Communauté valencienne sur le dos. “Je suis heureux et soulagé. Je m’attendais à finir dans le top 7, mais pas troisième”, confie le jeune pilote, entre deux photos avec ses supporters. La journée était pourtant loin d’être terminée. Fabrizio Armetta, deuxième du classement, a également été pénalisé en début de soirée, cédant ainsi sa place au Girondin. Paul Jouffreau termine alors deuxième de la course avec le sixième meilleur temps au tour, derrière l’Italien Vittorio Ghirelli, et premier au classement des Juniors.
Une deuxième course marquée par un accrochage
Ayant réalisé le sixième meilleur temps au tour la veille, Paul Jouffreau est parti en sixième position lors de la course 2 du dimanche. Après un gros crash dès le premier virage et un arrêt de la course, le pilote français a vite déchanté lorsque Lucas Lasserre s’est rabattu devant lui. Sa voiture endommagée, il a été contraint à l’abandon quelques tours plus tard. Malgré tout, il a pu marquer des points en réalisant le meilleur temps au tour de la journée. En attendant, Paul Jouffreau pense déjà à la prochaine course à Vallelunga en Italie, les 18 et 19 mai prochains.
Article rédigé par Marion Mergault & Guillaume Martin
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