Pourquoi aller aux Caraïbes quand des plages tout aussi belles sont à 35 minutes d’avion de Valencia ? Bon, juste un peu plus quand on quitte Ibiza pour aller vers la spectaculaire Formentera, où le sable se pare de rose et attire même les milliardaires. Trois ou quatre jours hors saison suffisent pour en faire le tour et vous aurez du mal à choisir votre plage préférée. Promis.
Le ferry est l’unique moyen de rejoindre Formentera et l’avantage, c’est que vous êtes déjà en vacances. Les doigts de pied en éventail sur le pont extérieur, vous commencez déjà la séance de bronzage et admirez les falaises d’Ibiza qui s’éloignent. À votre arrivée au port La Savina, la foule se précipite vers les locations de méharis, vélos ou scooters. Si comme moi, vous ne conduisez pas, pas de panique, les bus municipaux vous emmènent où bon vous semble pour quelques euros. Inutile de prendre les bus touristiques, les locaux vont exactement aux mêmes endroits pour 4 fois moins cher.
Mon objectif c’est toujours de rallier au plus vite la plage de ses Illetas. C’est un émerveillement à chaque visite. Le bus vous dépose dans une réserve naturelle où les dunes sont protégées. Prenez de bonnes chaussures pour ne pas commettre l’erreur de vous installer sur la première plage venue. Car il y en a deux qui se font face: celle du levant et celle du couchant. Et si vous continuez tout droit pendant 20 bonnes minutes, vous arrivez à la pointe de l’île où les deux plages se font face à seulement 30 minutes l’une de l’autre. Et elles ne se ressemblent pas. À l’est, vous perdrez rapidement pied et jouerez dans les vagues. À l’ouest, vous plongerez dans une piscine chauffée sans remous où vous pourrez marcher sur des centaines de mètres. Certains en profitaient d’ailleurs par le passé pour rejoindre ma plage préférée sur l’île voisine de Espalmador. Mais les fonds marins ont bougé et il est désormais interdit de la rejoindre à la nage. Un petit bateau s’en charge en 10 minutes de traversée. Les billets sont vendus dans le restaurant Es Ministre (il y a aussi des départs du port La Savina) et pour 12,50 euros vous pourrez y passer quelques heures.
Impossible d’y dormir, à moins comme les milliardaires, d’y avoir votre yacht amarré. Mais mixité sociale oblige vous poserez votre serviette sur le même sable aux teintes roses qu’eux. Seules deux ou trois maisons existent sur l’îlot, construites avant qu’il ne devienne un parc naturel préservé. Sur place, c’est vraiment la nature à l’état brut, pas de vendeur d’eau ou de glaces, pas de WC, juste des dunes, des bains de boue paraît-il aux vertus apaisantes (accès interdit, mais les touristes s’y ruent), du sable fin et une eau tellement transparente que vous oublierez vos rêves de Caraïbes. De retour à Ses Illetas offrez-vous un cocktail original (gingembre, vodka et thé Earl Grey !) face à la mer au Es Moli de Sal, ce restaurant installé dans un ancien phare est hors de prix, mais pour une boisson, faites-vous ce plaisir, car la vue est fantastique. Et c’est juste en haut de l’arrêt de bus.
Le soir venu, les discothèques abondent à Es Pujols et aux alentours. Les bons restos aussi. Mais j’ai trouvé le meilleur un jour de pluie. Et oui, à vouloir partir hors saison, ça arrive. Il s’agit d’un restaurant français Can Toni en face du marché hippy (sans intérêt, selon moi). D’ailleurs, si la météo est peu clémente (ça ne dure jamais, cela dit), profitez-en pour visiter le Far (phare) de la Mola, le front de mer de Es Pujols et ses pêcheurs, promenez-vous dans la capitale Sant Francesc avec ses expos, ses boutiques de luxe, son église, ses chapelles et ses nombreux restaurants. Et pourquoi pas un spa? Ils sont nombreux sur l’île.
Côté plages, deux dernières recommandations : la playa de Migjorn au sud-est, jalonnée de petites criques qui font que l’on peut toujours s’éloigner du gros des touristes. En revanche, pas moyen d’éviter le tourisme de masse à la Cala Saona à l’extrême ouest. Mais sa plage est tellement jolie, entourée de pierres escarpées qu’on n’y résiste pas. Elle est aussi bordée de deux excellents restaurants dont un sert encore du hérisson (Erizo) ! Oui sans blague. Je n’ai pas osé tester, mais cet ancien plat de pauvre (ma serveuse valencienne m’a raconté que son grand-père lui en préparait régulièrement) est apparemment très apprécié. Je ferai sans doute l’expérience l’an prochain, car je suis accro à Formentera depuis des années. Et je parie que vous non plus, vous ne résisterez pas longtemps à ses eaux limpides.
Comment y aller : En bus Alsa jusqu'à Denia puis en ferry, Balearia par exemple (évitez Aquabus depuis Ibiza, ils ne remboursent pas quand le bateau est annulé pour cause de gros temps). Mais après une expérience cauchemardesque dans un bus bondé aux sièges cassés et d’une saleté repoussante, je préfère l’avion au bus. Les prix sont comparables hors saison et on arrive plus vite à bon port.
Où dormir : J’ai testé le Riu La Mola sur la plage de Migjorn, un 4 étoiles de toute beauté aux prix très élevés, mais avec vue sur la mer et un restaurant délicieux. Je préfère désormais l’hôtel Rosales à Es Pujols, plus abordable (150€ avec petit-dej et WiFi, quand même) et dans une vraie ville très animée. Pas d’échappatoire, tout est cher sur l’île, même hors saison. Le seul secret : réservez le plus tôt possible.