Deux jeunes filles qui se rencontrent à la fac, la naissance d’une amitié, une expatriation en Italie pour le travail, et on obtient le cocktail détonant Ciccia&Cerva. Laura et Amélie ont créé un blog à leur image pour partager leur amour des voyages, mais surtout leur coup de foudre pour Turin, capitale du Piémont méconnue, et pourtant chargée d’histoire.
Amélie, c’est la plus petite des deux. Débrouillarde, elle sait se repérer, dans la vie comme dans la ville, à tel point qu’on la surnomme le « GPS ambulant ». Organisée, directive et dynamique, sont les termes qui la qualifient le mieux. Moins autonome quand il s’agit de se faire à manger -elle déteste la cuisine-, elle peut toujours compter sur Laura, fin cordon bleu et adepte des grandes tablées entre amis. Cette dernière apporte aussi un côté plus rêveur et artistique à leur duo de choc.
Ce qui les rassemble ? Leur humour. « On est des boute-en-train, on aime rire de tout, partager nos aventures et mésaventures. » Ces deux baroudeuses de 27 ans vadrouillent par-ci par-là pendant leur temps libre, au gré des rencontres en Italie, et surtout à Turin, cette ville où elles se sentent comme un poisson dans l’eau, et où elles sont établies depuis 2 ans grâce à un Volontariat International en Entreprise (VIE), Amélie dans une entreprise de semence potagère et Laura dans le secteur aéronautique.
Amélie et Laura
Les deux jeunes femmes se sont rencontrées il y a 7 ans, alors qu’elles étaient en dernière année de licence en LEA, anglais et italien, à Nantes. « Amélie apprenait l’italien depuis le lycée, moi j’ai abandonné l’allemand pour l’italien par facilité », sourit Laura. Elle multiplie les expériences en Italie en tant que jeune fille au pair et son intérêt pour la culture de Dante grandit au fur et à mesure. « Notre aventure à deux a vraiment débuté lors de notre premier voyage, organisé sur un coup de tête à Gênes », raconte-t-elle. Ensuite, elles ne se quitteront plus. Un roadtrip italien en 2014 avec InterRail, où elles explorent la Sardaigne, Rome, les Pouilles, Venise etc… achève de forger leur amitié. En février 2018, le tandem décide de lancer son propre blog, à la suite de nombreux écrits qu’elles ont rédigés depuis deux ans. « C’était plus un journal intime qu’autre chose, basé sur la réflexion, un bilan de nos vies d’expatriées. On a voulu partager cette expérience avec d’autres personnes, pas seulement avec nos proches. »
Deux amies complémentaires
Ainsi, Ciccia&Cerva leur sert de support pour exprimer leurs coups de coeurs et coups de gueule. Ciccia qui signifie « petit gros » ou « petite grosse », surnom affectueux couramment employé en Italie, et Cerva qui veut dire « biche ». Les deux filles avaient l’habitude de s’appeler ainsi lorsqu’elles étaient encore en France, parmi leur groupe d’amis. « Cervo, c’est aussi notre coup de coeur : une petite bourgade italienne médiévale. Tout est lié. » Mine de rien, alimenter un blog requiert du temps et de l’organisation ; chose qui ne parait pas évidente à deux de prime abord, mais que Laura et Amélie maîtrisent bien : « On a un mode de fonctionnement : il y a d’abord un premier jet, rédigé par l’une de nous deux. L’autre va apporter sa patte lors d’une deuxième rédaction, ajouter une touche d’humour pour relativiser si la plume est trop acérée. Enfin, la troisième lecture sera la dernière. On veut toujours obtenir un côté décalé, tourner en dérision, caricaturer mais de façon gentille, parce qu’on aime ce pays tout de même ! » (Rires) Du côté des photos, chacune en prend de son côté, avec un regard différent, tantôt au Samsung, tantôt au Nikon : Amélie affectionne particulièrement la beauté figée d’un lieu ou d’un monument, et en tirer le maximum d’émotion. Laura, elle, a un faible pour les gens en général, capturer des bouts de vie en action.
Mi piace l'Italia perché…
Stables professionnellement, bien intégrées dans la société, Amélie et Laura sont tout bonnement amoureuses de l’Italie, de
Turin. « On adore les balades en ville, la randonnée, les paysages, le patrimoine culturel… Nous aimons aussi la France, mais le bassin méditerranéen c’est autre chose ! » Laura aborde aussi cet aspect des petits commerçants d’antan, toujours bien présent en Italie. « Cette proximité avec les professionnels locaux - le boucher, l’épicier, le vendeur de pâtes fraîches -, qui disparaît de plus en plus en France, on est contentes de l’avoir ici à Turin. » Et bien sûr, en tant que Françaises qui se respectent, ces deux gourmandes de la vie et de la bonne nourriture ne pourraient pas parler de leur amour pour l’Italie sans évoquer ses spécialités culinaires. « C’est une chose qui nous caractérise, mais qui caractérise aussi les Italiens : même en mangeant, on est capables de parler du repas que l’on va préparer le soir. » Alors, qui a le meilleur fromage et le meilleur vin ? Pour elles, impossible de choisir.
Mi piace l'Italia un po 'meno perché…
Si elles sont conquises par l’Italie, les deux amies n’ont pas peur de pousser un coup de gueule sur Ciccia&Cerva quand l’envie s’en fait sentir, notamment à cause de certaines différences culturelles qu’elles ont du mal à concevoir. A commencer par la conduite. “Nous sommes horripilées par leur rapport à la sécurité, ce que nous avons décrié dans pas mal de nos articles : il faut s’habituer à ce qu’une personne ne s’arrête pas forcément à un feu rouge ou à un stop. De même, ils sont inconscients quand il s’agit de l’alcool au volant ou du port de la ceinture. » En retard par rapport à la France d’au moins 20 ans sur certaines mentalités, l’Italie n’en est qu’au début des campagnes de prévention, selon Laura et Amélie. Un retard qu’elles expliquent peut-être par la faculté des Italiens à se « résigner » devant un problème. « Un Italien pense que ça ne sert à rien de manifester, par exemple pour changer une condition de travail, ou que ça ne sert à rien de porter plainte etc. S’ils se révoltaient un peu plus, certaines conditions pourraient s’améliorer. Mais là, c’est notre côté français qui parle » (Rires). Enfin, après deux ans passés en Italie, les jeunes femmes ont pu voir un racisme assez présent dans le pays. Notamment dans les transports en commun, où certaines personnes, la plupart âgées, refusent de s’asseoir à côté d’une personne de couleur. « A côté, la France nous paraît vraiment cosmopolite. D’ailleurs, nous avons été choquées des réflexions faites en Italie concernant les origines de notre Equipe de France. Ici, les Noirs, les Arabes, les immigrés d’Europe de l’Est doivent faire les petits boulots, au black. La perception des personnes étrangères ou de couleur est vraiment différente. »
Dénoncer donc, par le biais de leur blog, mais surtout célébrer leur affection pour l’Italie, et la partager avec leurs lecteurs. C’est principalement à ça que sert Ciccia&Cerva, tant et si bien que les deux amies évaluent le potentiel pour se lancer dans la branche du tourisme. « On a remarqué que Turin était vraiment méconnue à l’étranger, pourtant c’est vraiment une ville-musée avec ses bâtiments et vieux cafés, et la première capitale de la République d’Italie… »
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