Kaïs Saïed a prêté serment mercredi 23 octobre lors d’une plénière extraordinaire, devenant ainsi le président de la république tunisienne, pour un mandat de cinq ans.
Devant un hémicycle bondé, il s'est adressé au président de l'ARP, aux ministres et anciens premiers ministres, ancien Président de la république, présidents des organismes constitutionnels,représentants des organismes nationaux et des partis politiques, ambassadeurs et chefs de corps diplomatique régionaux accrédités en Tunisie, et au premier rang, très remarqués, au grand Mufti de la République, au grand Rabbin de Tunis, et à l'archevêque de Tunis.
Le chef de l’Etat a prononcé un long discours d’investiture. Il a commencé par un message chaleureux de félicitations et de remerciements au peuple tunisien :
Les Tunisiennes et les Tunisiens vivent aujourd'hui une expérience qui a surpris le monde entier. Notre peuple a inventé de nouvelles méthodes, tout en respectant la légitimité. C'est quelque chose d'unique et sans précédent historiquement. Il s'agit d'une révolution et d'une nouvelle conception de la révolution. Une révolution qui n'est pas dirigée contre le pouvoir en place, mais nous notre révolution a été réalisée grâce aux moyens légitimes. Il s'agit aussi d'une révolution culturelle, d'une conscience qui explose après une longue attente. Un moment historique, où l'histoire change de parcours. Le peuple est capable de changer son destin, et d'aller là où il veut. L'expérience tunisienne est unique, et elle est déjà en train d'être étudiée ... Il a préféré la liberté et la dignité. Je remercie les enfants de mon pays, mon pays qui a surpris le monde entier. Mon pays a su créer un nouveau chemin, et ce depuis 2011. Nous ne pouvons plus décevoir les espoirs, nous devons continuer à travailler, à passer du désespoir vers l'espoir, de la déception, vers la construction et le travail."
Le nouveau locataire de Carthage a réaffirmé qu’il se doit d’être digne de son élection et garant des devoirs dus au peuple. « Devoir de répondre aux besoins du peuple pour la liberté et la dignité qu’il a longuement attendus ; pour préserver l’Etat où les Tunisiens et les Tunisiennes devront être traités sur un pied d’égalité, et où les services publics devront observer la règle d’impartialité et être en dehors des calculs politiques ».
Kaïs Saied a rappelé la mémoire des martyrs, qui ont « préféré la mort à une vie sans dignité ». Il a prôné la fin de la corruption " au millime près ", et l’union sacrée pour lutter contre le terrorisme, et en éradiquer toutes les causes. « Une balle de terroriste fera face immédiatement à des tirs d'unités ».
Il a plaidé pour le respect strict de la loi. « Cette liberté que le peuple tunisien a chèrement payé, personne ne pourra l'arracher sous aucun prétexte . Celui qui est nostalgique et prône un retour au passé, court derrière un mirage ».
Sous les applaudissements
Il a martelé « soyez sûrs qu'il n'est pas question de toucher aux droits des femmes, de porter atteinte aux droits des femmes. La femme a besoin de voir ses droits renforcés, notamment économiques et sociaux. Les femmes travaillent dans les maisons, dans les usines, dans les champs. La dignité d'un pays est reflété par la dignité des hommes et des femmes. Notre grand peuple qui aspire à la liberté, aspire à la justice avec la même force, la même détermination. Les Tunisiens n'en peuvent plus, même les enfants se suicident ou pensent à se suicider dans certains cas. Il est temps d'inventer de nouvelles méthodes afin de réaliser les aspirations du peuple.»
Le président de la république a rendu hommage aux organismes nationaux dont « le patriotisme des membre ne peut en aucun cas être mis en doute », faisant valoir leur rôle de « force de proposition », qui sont en mesure « de suggérer des solutions et d’ouvrir des horizons pour surmonter toutes les crises ».
« Notre grand peuple adresse à tout le monde un message clair : le peuple veut participer pour faire face à tous les défis. Celui qui est prêt à se sacrifier pour son pays, peut travailler pour son pays. Beaucoup de Tunisiens ont déclaré, à l'intérieur et à l'extérieur du pays, qu'ils étaient prêts à faire don d’un jour de travail tous les mois, pendant cinq ans, pour renflouer les caisses de l’Etat et se débarrasser de l’endettement. Les Tunisiens ont besoin d'une confiance nouvelle entre les gouvernés et les gouverneurs. Participons tous à cette nouvelle relation qui nous manqué depuis très longtemps. »
Relations avec l'Etranger
« La Tunisie respectera toutes les conventions internationales, même si la Tunisie a le droit de développer ces conventions en fonction de ses intérêts. Parmi celles ci, la plus importante étant l’entente entre les peuples, le prolongement naturel de la Tunisie est le Maghreb arabe, l’Afrique, le monde arabe, et le Nord de la Méditerranée, ainsi que tous ceux avec qui nous partageons les mêmes aspirations à travers le monde ».
La Tunisie défendra toutes les causes justes, en premier lieu la cause palestinienne, a-t-il affirmé, soulignant que le droit palestinien est imprescriptible. « La Palestine n’est pas un lot de terrain inscrit auprès des services fonciers, c’est une cause inscrite dans la conscience des Tunisiens et Tunisiennes, ancrée dans le cœur ne peut être extirpé, quels qu’en soient les deals et les puissances. Il ne s'agit pas d'une position contre les juifs, que nous avons protégé et que nous continuerons à protéger, il s'agit de mettre fin à l'occupation, au racisme et à l'injustice, pour un monde nouveau où transcendera la dimension humaine. »
Il a reconnu que « les défis sont grands et les responsabilités immenses », se disant confiant de l’obstination de notre peuple à franchir tous les obstacles.
Kaïs Saïed a conclu par cette phrase « le président doit être rassembleur et au-dessus de toutes les cirsconstances. Nous sommes tous égaux, le plus noble est celui qui aime son pays. Nous devons répondre aux aspirations du peuple et passer le flambeau aux générations futures afin que ce flambeau soit placé à un niveau encore supérieur. Soyons ensembles dans la vie d'ici bas avant que nous soyons devant le Dieu tout puissant. Je vous remercie »