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Charles Nicolle, prix nobel de médecine

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Écrit par Lepetitjournal Tunis
Publié le 25 août 2020, mis à jour le 24 juin 2023


Directeur de l'Institut Pasteur de Tunis jusqu'à sa mort, Charles Nicolle découvrit le mode de transmission du typhus exanthématique, l'origine canine du kala-azar, la séroprévention de la rougeole, et l'agent transmetteur de la fièvre récurrente. Malgré ses nombreuses découvertes et le Prix Nobel en 1928, Charles Nicolle n'a pas toute la place qui lui revient

Charles Jules Henri Nicolle, né le 21 septembre 1866 à Rouen et mort le 28 février 1936 à Tunis, est un médecin et microbiologiste français.

Son père, Eugène Nicolle, est un médecin rouennais. Son frère Maurice est également microbiologiste et son frère Marcel, critique d'art.

Afin de répondre aux voeux exprimés par son père, il renonce temporairement à ses ambitions littéraires et entame des études de biologie.

Après une formation à l'Institut Pasteur de Paris, et le soutien de sa thèse en 1893 sur "Recherches sur le chancre mou", il retourne à Rouen. Là, il travaille à l'Hôpital et à l'École de

Médecine où il se consacre surtout à la dermatologie et à la syphiligraphie.

Avec l'appui de collègues, il développe un petit laboratoire de bactériologie dans l'école de médecine. Il diffuse le diagnostic bactériologique de la diphtérie, et, dès sa mise au point par Widal, le sérodiagnostic de la fièvre typhoïde. Il participe très activement à la campagne contre la tuberculose, véritable fléau de son époque. Il s'implique également dans la lutte antivénérienne et se heurte à l'administration hospitalière lorsqu'il s'élève contre les traitements dégradants infligés aux prostituées.

Fin 1894, Émile Roux met au point le sérum antidiphtérique et s'attache à en assurer la production à Rouen, ce qu'il réussit en trois mois grâce à une souscription publique, puis à des subventions de collectivités locales. Nicolle prépare alors les plans d'un véritable service de sérothérapie, qu'il prévoit de doter d'un centre moderne de recherches bactériologiques.

En 1895, il se marie avec Aline Avice. Ses enfants Marcelle (née en 1896) et Pierre (né en 1898) deviendront tous deux médecins. Handicapé par une surdité précoce, il doit renoncer aux auscultations et se consacrer aux manipulations en laboratoire.

Il fonde en 1900 la "Revue Médicale Normande" (1900), en concurrence directe avec la "Normandie Médicale". Charles Nicolle entre ainsi en conflit avec les autorités médicales locales puis avec l'administration de l'hôpital de Rouen. Il accepte la direction de l'Institut Pasteur de Tunis en 1903 et ne le quittera plus.

Il mène de front une énorme tâche d'administrateur, de chercheur, de chef d'école, de militant de l'éducation sanitaire et de la prévention des maladies infectieuses. Il travaille sur des maladies africaines peu connues en Europe, et effectue des recherches sur diverses maladies infectieuses dont le typhus et la brucellose et sur le rôle des animaux dans leur propagation.

En 1909, une épidémie de typhus exanthématique sévit dans Tunis. Il forme une équipe avec Ernest Conseil et Charles Comte, et leur travail sur l'épidémie démontre que l'agent vecteur de la maladie est le pou. En effet, les médecins remarquent qu'à l'hôpital Sadiki, le personnel ne contractait jamais le typhus, exceptés les employés qui recevaient les malades et changeaient leurs vêtements. L'hôpital est une ancienne caserne dotée d'un bain maure. Le malade y était rasé et débarrassé de ses poux : il n'était plus contagieux. À partir de cette constatation, l'équipe conclut que des actes simples d'hygiène et la suppression du parasite suffisent à assurer la prophylaxie du fléau et sauver des vies.
Pour cette découverte, Charles Nicolle reçoit le prix Nobel de médecine en 1928 et est élu membre de l'Académie des sciences en 1929.

Il obtiendra également au cours de sa carrière le prix de l'Académie de Médecine en 1920, le prix Osiris de l'Institut de France en 1927.

Il est enterré à l'Institut Pasteur de Tunis. Sur sa tombe, deux rameaux entrelacés, pommier et olivier, symboles de la Normandie et de la Tunisie. L'ancien hôpital civil français de Tunis, ainsi que plusieurs avenues, portent son nom depuis 1946. En 1953, l'Hôpital général de Rouen décide également, en reconnaissance de ses travaux, de prendre son nom.

Actualités

Au moment où l'Institut Pasteur de Tunis, fondé en 1893, célèbre cette année son 120ème anniversaire, Mohamed Bergaoui réédite la biographie consacrée à Charles Nicolle par l'un des anciens pasteuriens de Tunis, Dr Maurice Huet. L'auteur retrace sous le titre "Le Pommier et l'Olivier" le parcours de celui qui donnera à l'Institut Pasteur de Tunis toute sa dimension internationale, découvrira la transmission du typhus par le pou et obtiendra en 1928 le Prix Nobel de médecine.


Oeuvres

Charles Nicolle n'écrivait pas seulement des articles scientifiques, il a également donné naissance à des ouvrages de fiction et de philosophie.

Littérature

Le Pâtissier de Bellone, Calmann-Lévy, Paris 1913
Les Feuilles de la sagittaire, Calmann-Lévy, Paris 1920
La Narquoise, Calmann-Lévy, Paris, 1922
Les Menus Plaisirs de l'ennui, Rieder, Paris 1924
Marmouse et ses hôtes, Rieder, Paris, 1927
Les Deux Larrons, Calmann-Lévy, 1929

Philosophie biologique et médicale

Naissance, vie et mort des maladies infectieuses, Félix Alcan, Paris, 1930
Biologie de l'invention, Félix Alcan, Paris, 1932
La Nature, Félix Alcan, Paris, 1934

Leçons au Collège de France

Introduction à la carrière de la médecine expérimentales, Félix Alcan, Paris, 1932
Destin des maladies infectieuses, Félix Alcan, Paris, 1933
L'Expérimentation en médecine, Félix Alcan, Paris, 1934
Responsabilités de la médecine (1 et 2), Félix Alcan, Paris 1935 et 1936

Bibliographie

Jacques Debray, Charles Nicolle. Enfant de Rouen. Médecin. Savant. Écrivain, Amis des monuments rouennais, Rouen, 1993

Maurice Huet, Le Pommier et l'Olivier. Charles Nicolle. Une biographie. 1866-1936, Sauramps Médical, Montpellier, 1995

Fernand Lot, Charles Nicolle : Un Grand Biologiste, Paris, Ed. de la Liberté, 1946

Germaine Lot, Charles Nicolle et la biologie conquérante, Seghers, Paris, 1961

Mélanie Mataud et Pierre-Albert Martin, La Médecine rouennaise à l'époque de Charles Nicolle. De la fin du xixe aux années 1930, Bertout, Luneray, 2003 (ISBN 2867434882).

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