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Japon Infos, le slow média des infos japonaises

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Écrit par Adèle Hourdin
Publié le 17 janvier 2021

Produire un contenu « plus artisanal qu’industriel ». C’est ce que revendique Japon Infos, le « slow média » qui informe les Français sur l’actualité japonaise. 

Lors de leurs études à Toulouse en Langue et Civilisation Japonaise, Adrien Leuci et son associé Pierre-Etienne de Lazzer créent Japon Infos: un « slow-média » spécialisé dans l’information japonaise pour le public français. Diffusé sur le web, le média compte depuis 3 ans un journal papier qui arrive dans les boites aux lettres une fois par mois. Ils revendiquent un droit à la lenteur pour pouvoir fournir de l’information de qualité. 

Entre Toulouse et Tokyo, les deux associés font vivre ce média et espèrent bien obtenir les financements qui permettront de pérenniser l’aventure. Lepetitjournal.com s’est entretenu avec Adrien Leuci.

 

Comment vous est venue l’idée de Japon Infos?

Quand j’étais étudiant en Langue et Civilisation Japonaise à l’université de Toulouse, je ne trouvais pas d’informations sur le Japon dans les médias français qui correspondaient à mes attentes. Les informations étaient très peu sourcées, vérifiées ou référencées. C’était quelque chose qui me tenait vraiment à coeur parce que mon expérience universitaire m’a toujours appris à ne pas affirmer quelque chose avant d’avoir croisé les sources 6 ou 7 fois. Je remarquais aussi que les médias français traitaient des sujets très clichés sur le Japon et toujours de manière légère. 

Pendant mes études j’ai commencé à compiler des informations en français sur le Japon pour ma propre culture générale. Je faisais des revues de presse avec les sites japonais et anglais et j’essayais de regrouper tout ce dont ne parlaient pas les médias français. Ces informations étaient au départ destinées à mon information personnelle et celle de mon entourage. Finalement, j’ai décidé d’en faire un média.

Pourquoi un média sur le Japon ?

Je sens l’intérêt des Français pour le Japon depuis très longtemps parce que je fais moi-même partie des gens qui se sont intéressés à la culture japonaise par les mangas, les animés, les jeux vidéos influencés par toute la génération du Club Dorothée et des dessins animés.

Japon Infos est né de cette passion pour la culture graphique japonaise mais toujours dans le but de fournir des informations fiables et de qualité. Comme on n’a pas une formation de journalistes au départ, on a beaucoup écouté les conseils autour de nous, surtout sur l’écriture afin de garder quelque chose proche de notre ADN mais qui ne soit pas non plus hyper spécialisé pour ne pas barber nos lecteurs.

Notre média ne répond pas à une envie mais à un besoin, celui d’être bien informé

Pourquoi un « slow média »?

Le terme de « slow média » ne s’est pas imposé directement. Il y a trois ans, nous avions lancé une campagne de crowdfunding pour mettre en place une version payante de Japon Infos. Nous avons cherché ce qu’on pouvait offrir de plus à nos lecteurs avec cette version payante et le papier s’est imposé à nous. J’ai une double formation de graphiste qui fait que j’aime l’objet papier et comme beaucoup j’en ai marre de passer mon temps devant un écran. 

Le « slow média » incarne vraiment la volonté de mieux positionner l’information, mieux la restituer en n’étant pas tout le temps dans la course aux chiffres pour satisfaire les annonceurs. Je pense que ces valeurs sont particulièrement importantes pour la jeune génération qui doit comprendre qu’il y a différentes façon de s’informer : prendre son temps, comprendre et digérer l’information ou simplement lire et jeter à la poubelle comme un paquet de chips. Nous sommes loin d’être un produit de masse ou de consommation. Notre média ne répond pas à une envie mais à un besoin, celui d’être bien informé.

Japon Infos

Qu’est ce que cela change de travailler dans un « slow média »?

Nous sommes plus éthique en terme de qualité et de conditions de travail ainsi que de respect de nos journalistes et de nos lecteurs. Il nous est parfois reproché que notre abonnement soit trop cher, ce à quoi je répond systématiquement que le travail qu’il y a derrière justifie ce prix là. Je déplore le fait qu’aujourd’hui les gens n’ont plus conscience du prix que vaut une bonne information. Nous sommes d’ailleurs sous rémunérés par rapport à l’énergie que nous investissons. Le slow-média permet de compenser tout ça. Je pense que si notre média était comme beaucoup d’autres dans une logique de production du contenu permanente qui demande d’être dans le moindre scoop, dans le moindre tweet, aujourd’hui je serais déjà en dépression.

Vous avez lancé une campagne de Crowdfunding, qu’en attendez vous?

Atteindre le premier pallier nous permettra de réaliser un livre qui compile nos 30 numéros papiers réalisés depuis 3 ans. Cette campagne est aussi un test pour voir si les gens nous suivent et s’ils sont ouverts à notre mode d’expression actuel. Je pense qu’il est important de rester à l’écoute des lecteurs. Nous avons la chance d’être une petite structure avec une ADN start-up qui fait que si un projet échoue on sait rebondir et créer des choses avec une énergie nouvelle. 

Je pense qu’aujourd’hui si on veut créer un monde plus sain, il faut que les gens se positionnent par rapport à cette boulimie qu’on avait avant le Covid. Comme je le dis dans mes éditos à chaque fois : "on est pas devenu malade avec le virus, on était malade avant". Il faut prendre conscience qu’on est tous capable de faire bouger les choses, d'avancer, de développer la culture, l’information, écarter les fake news, et apprendre aux gens à mieux s’informer. 

 

Il reste quelques jours pour participer à la campagne de financement de Japon Infos. Si vous voulez les soutenir c’est ici

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