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Carnet de voyage d'une Française du Brésil au Japon (3/5)

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Écrit par Marie-Gabrielle BARDET
Publié le 15 décembre 2017, mis à jour le 15 décembre 2017

Française, vivant au Brésil depuis les années 90 et côtoyant la communauté japonaise de là-bas depuis plus de dix ans - dont sept à étudier la langue, je réalise enfin mon rêve d'enfant en m'envolant pour le Pays du Soleil Levant, à l'été 2017. Après un périple d'un mois de tourisme sur la moitié nord du pays, en remontant depuis Osaka jusqu'à Wakanaï, suivi de six semaines de cours de langue à Sapporo, et enfin une dizaine de jours à Tokyo, voici mes impressions en 5 volets sur ce pays fascinant.


Le troisième volet de cet article est, lui, plus axé sur les différences culturelles entre les trois pays qui se partagent mon cœur.

 

Chrysanthème x Carnaval x Cocorico


Bien qu'un million et demi de Japonais et descendants résident actuellement au Brésil - c'est d'ailleurs la plus grande diaspora au monde -, les nikkei, nissei, sansei et même maintenant yonsei (4ème génération d'émigrants) installés principalement à São Paulo et dans le centre ou sud-ouest du Brésil (Etats du Minas Gerais, du Paraná et du Mato Grosso do Sul) ressemblent assez peu à leurs congénères qui vivent dans l'archipel. En l'occurrence, les nippo-brésiliens d'ici sont beaucoup plus chaleureux et ouverts tout en conservant une discipline et une honnêteté, conséquence indéniable d'un ADN aux yeux bridés qui ne saurait trahir. En contrepartie, si tout ici marche grâce au copinage, au système D et – il faut bien l'avouer - à la corruption, au Japon, même si la bureaucratie est assez pesante, elle fonctionne parfaitement du moment que vous respectez bien toutes les règles et présentez les documents nécessaires. Au Brésil, les expats vous le diront, il y a toujours un papier qui manque, une signature qui n´est pas dans la bonne case, etc…


Ayant étudié sept ans la langue japonaise à l'Alliance Culturelle Brésil-Japon de São Paulo, dont le cursus inclut systématiquement des cours d'histoire (rekishi) et de culture (bunka), je suis partie en sachant tout - ou presque - sur la société japonaise, mais j'avoue que certains aspects m'ont pris de court. Ce sont soit des détails insolites auxquels je ne m'attendais pas car on ne m'en avait rien dit, soit des choses que je savais déjà, mais dont je n'imaginais pas l'ampleur ni la portée, avent de les vivre dans la peau, au quotidien.


Bref, ce qui m'a laissé bouche bée…

- Le rituel impressionnant des composteurs dans les trains ou des chauffeurs de bus (en képi et gants blancs svp) avec leur gestes et courbettes. 
- Le personnel de service qui nettoie tous les jours les lieux publics, que ce soit un panneau vitré d'arrêt de bus ou une plaque de signalisation pendue au plafond.
- L'agent de sécurité routière qui reste 10 heures debout sans broncher, sous le soleil de midi ou la pluie battante, pour faire traverser les enfants ou les cyclistes à un croisement où il passe 2 voitures par heure (!!?)
- Les travaux de voirie hyper-signalisés et la rapidité impressionnante avec laquelle les ouvriers construisent une passerelle de voie ferrée.
- Le silence feutré et incompréhensible lors de travaux de ravalement de façade de la maison voisine (c'est tout juste si je m'en rendais compte !).
- Les téléphones qui ne sonnent jamais (mode silencieux) bien que tout le monde soit connecté en permanence ; en revanche, quand les Japonais parlent au téléphone, ils ne cessent de faire des courbettes devant un interlocuteur invisible (trop drôle !).
- Les gens qui dorment n'importe où et n'importe comment, assis, debout, avachis, dans les trains, les bus, sur les bancs, mais…sans jamais ronfler et qui se réveillent toujours à la bonne gare!
- Le nombre impressionnant de petits produits emballés séparément puis ré-emballés dans des boîtes ou sachets (bonbons, biscuits, médicaments). Même si tout est recyclable, cela fait beaucoup de déchets !
- Les fruits et les légumes qu'on achète à l'unité et souvent à un prix exorbitant (je sais bien que c'est une île et que le pays manque de place pour l'agriculture, mais ça fait un choc après le Brésil…).
- Les portions individuelles de tout ce que vous pouvez imaginer, in natura, en sauce, mariné, découpé, dénoyauté, cru, cuit, rissolé, frit, bref prêt à être consommer quasi imédiatement. Le Japon est le paradis des célibataires…
- La mode portée dans la rue (hors Tokyo, on est bien d´accord) ; pour les femmes, c´est soi sportswear chic, soit carrément vieille fille… même parmi les jeunes ; pour les hommes, c'est soit très hétéroclite et branché, soit style retraité.
- Les jeunes mamans qui font absolument tout avec leur bébé en sac-kangourou et grâce également aux vélos adaptés jusqu'à 3 sièges enfant (mais par contre, où sont les femmes enceintes ?).
- Le transport des enfants de maternelle dans des espèces de remorques à 2 roues et la sagesse de tous ces petits japonais (comme ils sont mignons !).

 

enfants japon


- Les gens qui marchent tout droit et vous rentrent dedans sans dévier ni s'excuser d'ailleurs, ce qui est bizarre puisque les Japonais s'excusent généralement pour un rien (ceci dit, c'est surtout vrai à Sapporo et j'en ignore la raison).
- Les ongles longs et décorés à l'américaine des adolescentes et jeunes femmes (je serais curieuse de savoir comment elles font la vaisselle). 
- La peau translucide des Japonaises et leurs traits fins qui contrastent avec leurs cheveux lisses mais mal coiffés et leurs dents horribles qui se chevauchent.
- Le manque de chaleur humaine, ne jamais serrer une main et encore moins se faire la bise, bien évidemment.
- La population entière qui a les yeux rivés sur son portable (même les vieilles générations) et personne ne dit un mot dans les transports en commun.
- L'impression d'être parfois sur une toute autre planète et d'être entouré de robots humanoïdes (tous parlent d'un ton pratiquement identique, utilisent les mêmes expressions idiomatiques figées et hochent de la tête).

 

vélo au Japon


Les situations à double tranchant...

- Les rues propres et impeccables, mais par contre, impossible de trouver une poubelle quand vous en avez besoin ; le truc, c´est d´avoir toujours un sac en plastique sur soi. 
- Le moteur silencieux des voitures, génial mais dangeureux car vous ne les entendez pas venir (surtout que pour nous, c'est du « mauvais » côté !) 
- L'usage encouragé et hyper répandu du vélo, parfait pour l'environnement mais qui cause un enchevêtrement de bicyclettes dans les parkings externes ou couloirs d'immeubles (je ne vous raconte pas le nombre de bleus aux jambes sans compter les fois où j'ai erré pour la retrouver).
- Enfin, le système draconien du recyclage des déchets, ce qui est parfaitement louable mais en revanche, à cause des poubelles qu'on doit protéger avec un filet, on ne peut rien mettre d'avance ni même la veille, sous peine d'amende ou de réclamations de la part du voisinage. 

 

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