Tensions frontalières avec le Cambodge, fast fashion destructrice pour l’économie, animaux en folie et même volley-ball, la presse francophone parle de la Thaïlande et les nouvelles ne sont pas toutes bonnes.


Notre revue de presse débute cette semaine par un rapide retour sur la surchauffe à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge. Rappelons que si les tensions durent depuis presque toujours, un accrochage, fin mai, à coûté la vie à un soldat cambodgien et menacé de relancer des hostilités chaudes. Libération parle de « surenchère », de « coup de chauffe frontalier » et de « flambée nationaliste ». « Malgré un dialogue bilatéral et des efforts diplomatiques lancés au lendemain des premières escarmouches le 28 mai, la situation semble dans une impasse, se désole le quotidien. Avec des passes d’armes rhétoriques qui risquent d’alimenter une nouvelle flambée nationaliste de part et d’autre de la frontière. La réunion, jeudi en Thaïlande, des deux ministres de la Défense a encore été l’occasion d’étaler au grand jour les divisions et les positions opposées des deux capitales. »
Plus factuelle, l’édition suisse de 20 Minutes raconte comment la Thaïlande a décidé de fermer aux ressortissants des deux pays plusieurs points de passage à la frontière avec le Cambodge. Elle entend ainsi répondre à son voisin, qui a décidé de maintenir ses troupes dans le secteur malgré une demande de retrait. « Samedi, l’Armée royale thaïlandaise a pris le contrôle de l'«ouverture et fermeture» de tous les passages frontaliers avec le Cambodge, invoquant une «menace pour la souveraineté et la sécurité de la Thaïlande», rapporte le quotidien. Le pays compte actuellement 18 points de contrôle (checkpoints). Elle a notamment interdit le passage des camions à six roues et réduit les heures d’ouverture du poste-frontière d’Aranyaprathet-Poipet, le plus important avec le Cambodge, en précisant dans un communiqué que les Thaïlandais et les Cambodgiens ne pourraient désormais traverser que pour des raisons professionnelles et commerciales. » En clair, les touristes peuvent encore traverser librement mais les Thaïlandais arrêtent de ses rendre au Cambodge pour jouer au casino !
La Thaïlande n’a pas vraiment changé en trente ans
Ouest France et le tourisme en Thaïlande, chapitre trois, sous le titre « des réactions (encore) et des actions (peut-être) ». Après un premier article dont nous avons parlé ici, s’inquiétant pour l’avenir du tourisme en Thaïlande, les réactions ont afflué et nous en avons également parlé. En voici une dernière, publiée il y a quelques jours dans la suite de la suite de l’enquête du quotidien de l’ouest.
« Pour vivre en Asie du Sud-est depuis 1993, mon opinion est que la Thaïlande n’a pas vraiment changé en 30 ans. Ce qui a changé c’est l’attitude et le volume des touristes. L’offre c’est aussi élargie et l’inflation a beaucoup affecté le coût de la vie.
Dans les endroits touristiques et à Bangkok les prix ont vraiment explosés dans certains établissements. En dehors, c’est toujours très abordable et l’attitude des locaux est vraiment accueillante.
Les étrangers sont perçus à juste titre comme bien plus riches que la grande majorité des locaux; l’écart social est immense en Thaïlande.
Que nous devions payer plus pour visiter les parcs ne me choque pas du tout. J’ai tendance à laisser de bons pourboires quand je suis satisfait du service. Après il y en a qui cherchent toujours à arnaquer.
Cas typique les taxis. Maintenant avec Grab (une appli mobile de VTC, NDLR), il y a beaucoup moins d’abus et il faut aussi se montrer compréhensif. Une fois dans Bangkok on s’est retrouvé coincé deux heures dans un bouchon alors que la course devait durer 30 minutes. J’ai donné trois fois le prix de la course en pourboire pour dédommager le chauffeur pour le manque à gagner à cause du temps perdu.
À l’inverse, des tour opérateurs chinois organisent des voyages gratuits où ils poussent les touristes à acheter des articles hors de prix dans des boutiques complices. Tout ça crée des tensions, entraîne des abus et conditionne des changements d’attitude. Les zones touristiques sont particulièrement affectées.
La Thaïlande est victime du surtourisme comme nombre d’autres pays de la région, par exemple Siem Reap au Cambodge. Rien n’est tout rose ou tout noir. Montrer du respect et se comporter en invité est le début d’une bonne relation. Mais quand on voit ceux qui débarquent en conquistadors alcoolisés alors on peut estimer légitime que les locaux se sentent en droit d’au moins en tirer un profit maximum…. »
Ouest France s’attend maintenant à une réaction des autorités thaïlandaises face à la dégradation de l’image de leur pays. Des autorités qui s’abritent un peu derrière le déferlement de ce qui sont à leurs yeux des fake news mais ne semblent pas vouloir fuir leurs responsabilités. Le quotidien cite ainsi le ministère thaïlandais du tourisme en guise de conclusion. « La Thaïlande doit être une destination où les touristes se sentent en sécurité, bénéficient de services conformes aux normes reconnues et vivent des expériences enrichissantes et de qualité. Il s’agit d’une priorité essentielle que le gouvernement et notre ministère s’efforcent de respecter avec détermination. » Rendez-vous, peut-être, la semaine prochaine pour un chapitre quatre…
S’exposer avec un lionceau est devenu hyper tendance
« Avoir un lionceau dans son salon: la dernière mode des riches Thaïlandais pour frimer sur les réseaux ». C’est Géo qui nous présente cette tendance. « En Thaïlande, le commerce de lionceaux captifs connaît une croissance fulgurante, portée par les réseaux sociaux et une élite avide d’animaux exotiques. Derrière les vidéos « glamour » se cache une industrie opaque, où souffrance animale et dérives légales se multiplient, comme le révèle un nouveau rapport. »
S’exposer sur les réseaux sociaux, un lionceau à la main, semble être devenu hyper tendance dans les villas luxueuses de Bangkok. Les chiffres le prouvent, la demande de lions de compagnie explose. Et celle-ci ne prend pas en compte les trafics qui échappent aux statistiques officielles. « Au cœur de cette industrie, explique Géo, des fermes privées se multiplient. Patamawadee Chanpithak, éleveuse, affirme avoir déjà vendu plus de 80 lions dans tout le pays. « Nous étions très inexpérimentés quand nous avons commencé », admet-elle au Guardian, évoquant la perte de cinq lionceaux à ses débuts. Aujourd’hui, elle vend les bébés à une clientèle fortunée, thaïlandaise ou étrangère, pour des prix allant de 5 000 à 15 000 dollars (environ 4 400 à 13 000 euros). » Et pour ceux qui n’ont pas les moyens, on peut loués les animaux à l’heure, le temps de quelques photos…
« Un business lucratif mais désastreux pour les animaux », poursuit le magazine. Des lions sont élevés sur du béton, sans lumière naturelle, mal nourris et souvent atteints de maladies liées à l’humidité. Le climat est trop humide pour eux. Les infections cutanées sont fréquentes. Les animaux sont mal nourris parce qu’un morceau de poulet ne leur suffit pas. Ces fauves ont besoin de foie et d’intestins pour survivre. Une fois encore, le plaisir au mépris de l’éthique.
La fast fashion fait du mal à la Thaïlande
France Culture, dans le cadre de son Journal de l’Éco à consacré une série à la fast fashion, « toujours plus fast ». Chapitre 4 : en Thaïlande, la production textile locale à la peine face à la concurrence chinoise. « Cette mode qui vient du sud-est asiatique, et principalement de la Chine, fait des dégâts partout, nous alerte-t-on en préambule. Notamment en Thaïlande, pays manufacturier où le secteur textile emploie plus de 400.000 personnes. Jusqu’à présent, la production locale alimentait la consommation textile des Thaïlandais mais la concurrence des marques chinoises se fait de plus en plus ressentir. »
« Le textile chinois envahit le pays, explique Juliette Chaignon, correspondante de France Culture à Bangkok. Que ce soit à travers les plateformes d’achats en ligne, où il représente 20% des transactions, avec rabais sur les frais de port et recours à des influenceurs, ou tout simplement sur les étals. En 2023, la Thaïlande a importé 720 millions de dollars de vêtements de chine, c’est 17% de plus qu’avant le Covid. Car la Chine est très compétitive. Sa capacité de production en volume est imbattable avec des stocks quasi illimités et des coûts de production au plus bas. Le salaire minimum en Thaïlande dépasse d’environ un dollar par jour celui des chinois. » Concurrence donc sur tout, sur les chaussettes, deux fois moins chères quand elles sont chinoises, et mêmes sur les pantalons éléphants, les fameux, désormais imités à la perfection, nous dit-on sur France Culture.
La Thaïlande a instauré des droits de douane spécifiques pour tenter de protéger ses entreprises mais la mesure ne semble pas donner de résultats majeurs. Le problème est que la Thaïlande dépend énormément de la Chine, premier ou deuxième investisseur dans le pays, selon les années. Si le Vietnam a tout simplement bloqué l’accès à certaines plateformes, ici en Thaïlande, certains voudraient inciter les entreprises chinoises à investir plus encore dans le pays pour y fabriquer, plutôt que d’arroser depuis leur territoire, ce qui est en général leur stratégie.
Une des pistes évoquées en conclusion de l’enquête : « la Thaïlande voit émerger des marques éthiques qui fabriquent des pièces en coton biologique, en paille de riz et en rotin. Certains blogs de mode prônent aussi l’achat de fripes populaires dans la capitale. Mais tout cela reste pour le moment très marginal. »
Un éléphant sauvage entre dans un magasin à la recherche de nourriture
De très nombreux médias dont Le Figaro nous parlent de cet éléphant sauvage « qui est entré dans un magasin à la recherche de nourriture et a semé l’émoi dans la communauté de Moo Si Subdistrict, dans la province de Nakhon Ratchasima en Thaïlande. En quête de vivres, ce dernier a décidé de venir jusqu’en ville et entrer à l’improviste dans un magasin local. Des témoins ont rapporté que l’éléphant est entré calmement dans le magasin, se faufilant entre les étagères remplies de snacks et de marchandises, à la grande surprise des habitants des environs. Malgré l’agitation, aucun blessé n’a été signalé et l’éléphant ne s’est pas montré agressif. »
« Ce n’est pas la première fois que l’animal s’aventure hors du parc national de Khao Yai dont il est originaire, poursuit le quotidien. Il est même célèbre dans la région, connu sous le nom de Plai Biang Lek. À l’heure actuelle, les gardes forestiers et les responsables de la faune sauvage s’efforcent de ramener l’éléphant en toute sécurité dans la forêt. Les autorités prennent des précautions supplémentaires pour assurer la sécurité de l’éléphant ainsi que celle des habitants de la région. »
En volley, les Thaïlandaises plus fortes que les Bleues
On termine, une fois n’est pas coutume, avec le quotidien L’Équipe qui, lui aussi, nous parle de la Thaïlande. Il nous apporte de bonnes nouvelles pour notre pays d’adoption, moins bonnes pour la France. « L'équipe de France a subi une nouvelle défaite, dimanche à Pékin lors de la première étape de la Ligue des nations, face à la Thaïlande (3-1). La Ligue des nations a débuté cette semaine et l'équipe de France faisait étape à Pékin avec un groupe jeune et donc peu expérimenté. Dimanche, les Bleues ont subi une nouvelle défaite, cette fois contre la Thaïlande, en quatre manches (25-14, 19-25, 25-23, 25-13), 14e nation mondiale - la France est, elle, 20e. Les Bleues ont bouclé l'étape de Pékin avec une victoire, contre la Belgique, et trois revers, face à la Turquie, la Chine et donc la Thaïlande. Elles reviendront en Ligue des nations à partir du 18 juin à Belgrade avec quatre autres rencontres, face à l'Allemagne, les Pays-Bas, la Serbie et les États-Unis. » Félicitations donc aux volleyeuses thaïlandaises.
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