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La coalition au pouvoir en Thaïlande en danger d’implosion

La Thaïlande se prépare à un remaniement gouvernemental qui pourrait avoir d’importantes conséquences pour la coalition en place. Qui pourrait ne pas y résister…

Blason gouvernement thaï Blason gouvernement thaï
Écrit par Franck STEPLER
Publié le 19 juin 2025, mis à jour le 20 juin 2025


 

Il n’est pas sûr que la Première ministre thaïlandaise passe des nuits tranquilles, tant Bangkok s’agite en coulisses, entre défections et tractations. Autant dire que nous n’avons jamais été aussi proches d’un remaniement à risque. Mais de quelle ampleur et avec quelles conséquences ? Difficile à dire pour l’instant.

 

La Première ministre thaïlandaise
Une Première ministre thaïlandaise dans la tourmente

 

Démissions en bloc au sein du gouvernement thaïlandais

 

Au cœur des remous, il y a tout d’abord la fuite d’une conversation téléphonique entre la Première ministre thaïlandaise, Paethongtarn Shinawatra, et l’ancien Premier ministre cambodgien Hun Sen, à propos de la crise qui oppose les deux pays. La Première ministre y aurait tenu des propos désobligeants concernant un dirigeant de l’armée de son propre pays. Très en colère, les ministres du deuxième parti de la coalition au pouvoir, le Parti de la fierté thaïe, auraient décidé de démissionner en bloc, pour marquer leur désapprobation. Pour ne pas que la coalition explose, ils attendent maintenant que le nouveau gouvernement soit formé sur les bases des positions politiques préalablement convenues. Mais tout n’est pas si simple…

 

Discussions autour du poste de ministre de l’Intérieur

 

Le ministre de l’Intérieur thaï
Le ministre de l’Intérieur thaïlandais compte bien conserver son poste

 

Anutin Charnvirakul est ministre de l’Intérieur et chef du Parti de la fierté thaïe, un parti au profil peu connu en France puisqu’on le qualifie de « populiste de centre-droit, conservateur ». Le parti Pour les Thaïs de la Première ministre Paethongtarn Shinawatra est, quant à lui, affublé de l’étiquette « populiste de centre-droit, réformateur ». Nuance, nuance, … Toujours est-il que le second d’entre eux a proposé au ministre de l’Intérieur d’échanger son poste contre deux portefeuilles accordés à son parti : la Santé publique et le Cabinet de la Première ministre. Refus tout net. Le Parti de la fierté thaïe considère la proposition contraire à l’accord de coalition, une coalition gouvernementale qu’il devrait donc, selon toute vraisemblance, quitter. « Ce n’est pas un sujet de négociation et, si l’accord ne peut être respecté, il est temps de se séparer », a déclaré le principal intéressé.

 

Il est fondamental de contrôler le ministère de l’Intérieur

 

Rappelons que les questionnements autour du ministère de l’Intérieur sont nés des propos tenus par le père et prédécesseur de la Première ministre, qui estime que leur parti devrait avoir la main sur cette grande maison, afin de garantir que ses politiques puissent être efficacement appliquées au cours des deux dernières années de mandat. Le ministère de l’Intérieur, en Thaïlande comme ailleurs, est un poste qu’il est fondamental de contrôler, notamment à l’entrée d’une période électorale. Son périmètre est souvent large. Ici, il couvre, outre la sécurité intérieure, l’administration provinciale et les allocations budgétaires aux collectivités locales. Le parti qui le détient peut évidemment s’en servir comme d’un formidable outil d’influence auprès des dirigeants régionaux, municipaux, jusque dans les moindres villages, pour obtenir des soutiens électoraux.

 

Aucun commentaire du côté du parti Pour les Thaïs

 

La maison brûle-t-elle ? Difficile à savoir. Contrairement à certaines rumeurs qui ont circulé, l’actuel ministre de l’Intérieur affirme qu’aucun ultimatum ne lui a été adressé et que le parti au pouvoir lui aurait même demandé de ne pas quitter la coalition. En attendant, il s’affirme prêt à assumer ses fonctions et dit conserver son amitié à la Première ministre, tout en se préparant à un éventuel retour dans l’opposition. Du côté du parti Pour les Thaïs, aucun commentaire pour l’instant.

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