Nous vous contons souvent dans lepetitjournal.com des histoires de Français venus évoluer en Thaïlande. Voici celle d’une artiste thaïlandaise venue parfaire ses connaissances à La Sorbonne. Siraprapha Japakhang exposé à l’Alliance française de Chiang Mai jusqu’au 30 septembre 2025.


Siraprapha Japakhang a grandi à Chiang Mai. Fille de sculpteur, elle a étudié à la faculté d’art plastique de Chiang Mai University (CMU) pendant cinq ans. Diplômée en 1999, elle prend la direction de Paris. La capitale française n’était pourtant pas son premier choix, d’autant qu’elle ne parlait pas alors un traître mot de la langue de Molière. « En troisième année, j’avais reçu une bourse pour aller passer un mois aux États-Unis, explique-t-elle. Je la devais à Rirkrit Tiravanija, un célèbre artiste contemporain thaïlandais, né là-bas. J’avais aimé Boston et je voulais y retourner. Je parlais désormais bien anglais et il me paraissait plus commode d’aller poursuivre mes études dans ce pays que je connaissais déjà. » L’influence paternelle en aura décidé autrement.

Paris, place centrale de l’art dans le monde
Son père considérant Paris comme la place centrale de l’art dans le monde, préférant le style de vie à la française et trouvant le quotidien trop dangereux aux États-Unis pour une jeune fille seule, ce sera donc Paris. Tout commence par un an de cours de langue à l’université Paris 1, histoire d’apprendre la langue de son nouveau pays d’accueil. Tout naturellement, pour ses longues années d’études suivantes, elle choisit la faculté des beaux-arts de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Un choix géographique aussi. Lorsqu’on habite le quinzième arrondissement, précisément au métro Félix-Faure, Paris 8 Saint-Denis est un peu loin.
L’histoire d’amour avec Paris durera dix-sept ans
Siraprapha reprend ses études en deuxième année, malgré cinq ans validés à CMU. « En Thaïlande, nous n’étions pas très forts en histoire de l’art, en sociologie, en philosophie, confie-t-elle. Il me fallait un peu rattraper tout ça. » Entre l’apprentissage d’une langue difficile pour une Thaïlandaise, les petits boulots en parallèle des études et une thèse sur la vanité qu’elle peaufinera pendant dix ans (!), l’histoire d’amour avec Paris durera dix-sept ans. « Ma professeure m’a dit de prendre mon temps. Aujourd’hui, une thèse doit être terminée en quatre ans. À l’époque, il n’y avait pas de limite. J’en ai profité. »

Elle rêvait d’enseignement pour s’assurer une sécurité
Elle n’a toutefois jamais pensé s’installer définitivement en France. Elle préfère la vie en Thaïlande. Elle a une quarantaine d’années lorsqu’elle décide de rentrer, juste avant la pandémie de Covid 19. Elle la vivra chez elle et s’en félicite tous les jours. Mais à vivre dix-sept ans en français, elle avait perdu tout son anglais. Elle qui rêvait d’enseignement, pour s’assurer une sécurité que n’ont pas les artistes qui essaient tant bien que mal de vivre de leur art, elle a passé plusieurs fois l’examen d’anglais jusqu’à finalement obtenir le sésame indispensable à son entrée comme professeure au département de peinture de CMU. Peut-être un jour décidera-t-elle d’essayer de vivre exclusivement de son art mais pour l’heure, même si elle vend régulièrement des œuvres, Siraprapha sait qu’il faut du temps pour reconstruire la petite notoriété qui naissait lorsqu’elle exposait avec son père, avant son départ pour la France, il y a plus de vingt ans.
Fragments of Memories, jusqu’au 30 septembre 2025, à l’Alliance française de Chiang Mai

Cela passe notamment par l’organisation d’expositions, comme Fragments of Memories, que vous pouvez découvrir à l’Alliance française de Chiang Mai jusqu’au 30 septembre 2025. Cette exposition a été rendue possible grâce à une bourse octroyée par son université. Elle y présente un travail de recherche sur l’identité à travers la mémoire. Depuis son retour en Thaïlande, grâce à l’obtention de précédentes bourses, elle avait travaillé sur la pollution, qui n’existait pas à la même échelle lorsqu’elle a quitté le pays, les relations entre la France et la Thaïlande, puis les parfums et les odeurs qui, pour elle, sont également synonymes de mémoire.
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