Le Rex Animation Film Festival s’est tenu cette année du 11 au 14 octobre dernier à Stockholm. Cette 4e édition du festival en partenariat avec l’Institut Français a véritablement placé la création française à l’honneur. En effet, deux longs-métrages ainsi que deux courts-métrages français étaient présentés.
Faire connaître l’animation européenne
Le Rex est un festival européen qui a mis en valeur cette année plus de 80 films qui représentent 16 pays différents. Pour sa 4e édition, le festival grandit, avec des diffusions au cinéma le Capitol et au Zita. Le gala d’ouverture s’est déroulé dans la salle prestigieuse du Capitol, ornée de fauteuils en velours vert, et a présenté pas moins de sept courts-métrages. En effet, grâce à des partenariats avec différents Instituts, la Roumanie, l’Italie, la Pologne ou encore la Suisse ont pu proposer des films pour l’ouverture. Il s’agit aussi pour le festival d’unir des artistes de toute l’Europe et de mettre en avant une juste représentation des nationalités mais aussi des genres (la parité femme/homme est de mise). Ces valeurs tiennent à cœur aux organisateurs du festival, comme nous l’a précisé le directeur de l’événement Joakim Larsson.
Le festival a aussi pour objectif de changer un peu l’idée que le public non-averti se fait de l’animation. Il faut la détacher du simple divertissement pour enfant et la voir comme une forme d’art à part entière. L’animation demande beaucoup de talent et de travail aux artistes et propose ainsi une incroyable diversité dans le processus de création. Joakim Larsson la décrit comme une autre manière de raconter des histoires, qui ne se fond pas complètement dans le cinéma plus classique mais qui reste quand même partenaire de celui-ci.
Grâce au festival, le public peut ainsi découvrir une autre forme de film d’animation, qui diffère des blockbusters les plus célèbres. Joakim Larsson était ainsi satisfait d’accueillir un public très large mélangeant adultes et enfants, familles et amis, amateurs et curieux.
Le Grand Méchant Renard et autres contes
L’animation française était bel et bien présente au Rex Festival, avec notamment « Le Grand Méchant Renard », film réalisé par Patrick Imbert et Benjamin Renner. Ayant reçu le César du Meilleur film d’animation 2018, ce long-métrage a eu beaucoup de succès en France et s’exporte aussi très bien à l’étranger. Il était ainsi un bon représentant de l’hexagone lors du festival suédois.
Dans la salle du cinéma Zita ce samedi 13 octobre, des familles, des amis et des couples étaient présents pour visionner le film. Beaucoup de français se sont réunis mais les sous-titres anglais n’ont pas été en vain car quelques suédois se sont aussi déplacés.
Ce film joyeux et chaleureux suit le parcours de plusieurs personnages animaliers, qui vivent paisiblement dans une ferme à la campagne. Mais, au cinéma, les péripéties finissent toujours par pointer le bout de leur nez. Alors ramener un bébé chez lui, élever des petits poussins, se faire passer pour un renard féroce ou encore sauver la fête de Noël deviennent de véritables missions pour ces petits personnages attachants. Un film qui convient aux enfants mais qui semble aussi ravir les adultes. Après tout, un peu de douceur n’a jamais fait de mal à personne.
Mutafukaz
Ambiance différente pour l’autre long métrage en français présenté dans le cadre du festival. Mutafukaz, film d’animation adapté du comic du même nom, est un film déjanté et violent mais non dénué d’humour. C'est à l'origine une création du dessinateur Guillaume Renard (aka Run), qui s’allie ici au japonais Shojiro Nishimi pour nous proposer un film à l’animation dense et soignée. Les deux Casseurs Flowteurs, Orelsan et Gringe prêtent leurs voix aux deux héros du film tandis que la BO est assurée par le DJ Toxic Avenger et le compositeur Guillaume Houzé.
Mutafukaz narre les aventures d’Angelino, looser inoffensif vivant avec son pote Vinz et ses cafards à Dark Meat City, ville imaginaire de Californie. Ici la misère n’est pas moins pénible au soleil : au sein de cette métropole sauvage, chaotique et sur polluée le seul objectif quotidien est la survie. Les deux amis y parviennent tant bien que mal jusqu’à ce qu’Angelino, envouté par le regard de la belle Luna, percute un camion arrivant en sens inverse. A partir de là, il commence à avoir d’étranges hallucinations et à être pourchassé par des types en costumes noirs à la dégaine de tueurs. Gunfights sanglants, catcheurs mexicains ou encore créatures extraterrestres seront au programme pour Angelino et Vinz dont les problèmes ne font que commencer.
Tout au long du film, les références cinématographiques ou issues de la culture hip hop ou geek foisonnent. Le style et les dialogues étant volontairement « cool », on passe un agréable moment devant ce film d’animation qui s’adresse principalement aux jeunes et presque plus jeunes. Les nombreuses influences de «Mutafukaz» en font un objet unique, ou tout du moins rare en son genre, et une des bonnes surprises de cette 4ème édition du festival Rex.
Sarah ZIAI et Johann TSATI, le 16 octobre 2018