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Le tennis féminin en Suède #5 : portrait d’Hanna Nooni

Hanna Nooni Hanna Nooni
Hanna Nooni - photo : tous droits réservés
Écrit par Louisa Karmoudi
Publié le 9 juin 2018, mis à jour le 9 juin 2018

A l’occasion du mythique tournoi de Roland-Garros (28 mai – 10 juin), la rédaction du Petit Journal Stockholm se penche sur la relation particulière de la Suède avec la balle jaune, sous plusieurs volets, des temps glorieux des Björn Borg, Stefan Edberg ou autre Mats Wilander, au contraste actuel.


Episode I : Björn Borg, la légende


Episode II : Wilander-Edberg, les héritiers


Episode III : Le jour où Söderling a fait tomber Nadal


Episode IV : de l’âge d’or aux abîmes


Episode V : le tennis féminin en Suède : portrait d’une joueuse


Il est temps d’aborder pour ce dernier numéro le tennis féminin en Suède qui semble d’avantage porter ses fruits par rapport à ses homologues masculins qui ne parviennent plus à se hisser dans le top mondial des 100 meilleurs joueurs. Pourtant, le tennis féminin a émergé assez tardivement sans le Royaume. Les premières joueuses suédoises qui sont parvenues à se hisser dans le haut du classement sont apparues dans les années 2000 et n’ont jamais connu un succès aussi grandissant que leurs collègues masculins.

La Suède n’est pas qu’un empire du tennis masculin, de nombreuses joueuses ont su s’imposer dans le classement mondial et dans les plus grandes compétitions internationales telles que Johanna Larsson, Rebecca Peterson ou encore Sofia Arvidsson. La rédaction est partie à la rencontre d’Hanna Nooni, une ancienne joueuse professionnelle, pour comprendre le milieu du tennis féminin en Suède.

 

Hanna Nooni
Hanna Nooni - tous droits réservés

Portrait d’une ancienne joueuse professionnelle

Hanna Nooni est rentrée très vite dans le monde du tennis et de la compétition. Elle nous confie avoir découvert ce sport tout à fait par hasard : "Quand j’étais petite, je jouais tout le temps avec les garçons et je faisais beaucoup de sport. J’ai décidé alors de commencer le tennis à l’âge de 7 ans". Née en 1984, elle débute sa carrière en tant que joueuse professionnelle à la sortie du lycée dans les années 2000. Commence alors une véritable aventure, mais surtout un combat pour se hisser dans le top mondial. Elle a notamment remporté 5 titres en simple, organisés par l’ITF (Fédération internationale de tennis) tels que Madrid, Vittel, Portschach, Båstad et Garching. Elle a également gagné un titre en double avec la joueuse argentine Erica Krauth à Båstad. De 2003 à 2005, elle joue pour l’équipe de Suède de la Fed Cup et se hisse au plus haut niveau de sa carrière à la 150ème place du classement mondial.

Les difficultés du métier de sportive de haut niveau

Hanna Nooni n’a pas eu la possibilité de bénéficier tout le long de sa carrière de sponsors permettant de financer ses déplacements, ses logements, son matériel, etc. Voyager partout en Europe à ses propres frais a représenté une réelle difficulté pour l’ancienne joueuse qui nous confesse : "Je prenais parfois des vols qui duraient plus de 20h car cela revenait moins cher et je dormais dans des hôtels premier prix pour économiser au maximum". Le jour où Hanna Nooni a atteint sa meilleure place au classement, elle avait plus de quarante de fièvre et était dans un état déplorable, elle nous déclare : "C’est devenu un souvenir très fort et mémorable de ma carrière".

Hanna Nooni
Hanna Nooni - tous droits réservés

Cependant en 2006, la joueuse se blesse et doit subir une opération du poignet qui va l’empêcher de jouer pendant plusieurs saisons. Une difficulté majeure à laquelle les sportif.ves de haut niveau sont constamment confronté.es. "C’est comme si vous étiez sur le Mont-Everest, vous êtes presque arrivé au sommet mais vous tombez et vous êtes obligé de tout redémarrer à zéro. C’est ce que j’ai ressenti quand je me suis blessée". Malgré sa blessure, Hanna a repris la compétition et est même parvenue à atteindre de nouveau le top 200 du classement mondial mais elle a décidé de mettre un terme à sa carrière.

La fin d’une carrière prometteuse

Hanna Nooni a mis fin à sa carrière de joueuse professionnelle en 2012, suite à un surmenage. Elle a confié au Petit Journal Stockholm son ressenti : "Je n’étais plus moi même, je n’appréciais plus de participer à des compétitions, je me sentais mal et je voulais absolument sortir du terrain. J’ai fait un burn-out et j’ai alors décidé de mettre un terme à ma carrière de joueuse pro afin de me concentrer d’avantage sur moi-même et mon avenir". Aujourd’hui, Hanna Nooni travaille sur les questions d’intégration dans le sport avec pour objectif de le rendre plus inclusif et accessible à toutes et à tous (personnes en situation de précarité, minorités stigmatisées, personnes non-valides, etc).

Le tennis, un sport sexiste ?

Parmi les enjeux majeurs qui parcourent la carrière d’Hanna Nooni et qui s’inscrivent dans son combat actuel se trouvent les questions féministes. Le Petit Journal a voulu connaître son opinion sur la position des femmes dans le monde du tennis. Elle avoue avoir été "chanceuse" concernant les discriminations et disparités (pour ne pas dire inégalités) vis à vis des joueuses de haut niveau. En revanche elle soulève l’hypersexualisation du corps des femmes sur le terrain et prône une identité féministe basée sur l’acceptation du corps, sur le pro-choix (mon corps, mes choix). Rappelez-vous la surmédiatisation de la tenue portée par la joueuse américaine Serena Williams durant cette édition de Roland-Garros. La presse ainsi que les commentateurs sportifs ont d’avantage extrapolé sur les vêtements de la joueuse plutôt que sur ses prestations sur le terrain.

Empowerment des femmes dans le monde sportif

Afin de lutter encore et toujours contre les discriminations et inégalités (salariales, visibilité, violences sexuelles, sexualisation du corps des femmes, etc.) entre les femmes et les hommes dans le sport il faut selon Hanna Nooni "parler d’avantage de ces questions et enjeux dans le débat public dans la perspective d’établir une égalité des genres dans le monde du tennis". La joueuse nous rappelle l’importance d’un mouvement comme celui de "metoo" qui a bouleversé la Suède depuis le mois de novembre et qui touche tous les domaines d’activité dont le sport.


Louisa Karmoudi et Betty Mavon, 09 juin 2018.

 

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