A l’occasion du mythique tournoi de Roland-Garros (26 mai – 9 juin), la rédaction du Petit Journal Stockholm se penche sur la relation particulière de la Suède avec la balle jaune, sous plusieurs volets, des temps glorieux des Björn Borg, Stefan Edberg ou autre Mats Wilander, au contraste actuel.
Episode 1 : Björn Borg, la légende
Björn Borg. Un nom, une classe, une légende évoquant souvenirs et nostalgie à tous Suédois et amateurs de tennis. Vainqueur de 11 titres du Grand chelem, il a marqué l’univers de la balle jaune de son empreinte et est encore aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands joueurs de l’histoire.
"Borg est probablement le joueur le plus influent de l’histoire" confie l’ancien étendard du tennis australien, Pat Cash. Plus qu’une marque de sous-vêtements éponyme, la légende Borg laisse derrière elle un héritage impressionnant qui continue de faire la fierté du peuple suédois. 6 Roland-Garros, 5 Wimbledon, 11 titres du Grand Chelem remportés sur deux surfaces aux antipodes. Un paradoxe témoignant du génie de Borg capable d’imposer son hégémonie tant sur la terre-battue parisienne que sur le gazon londonien. Avant sa prématurée retraite sportive à 26 ans, rarement un sportif n’a autant dominé sa discipline.
Aux origines de la légende
Né dans la capitale suédoise un 6 juin 1956 et ayant grandi dans la ville industrielle de Södertälje sur la côte est suédoise, rien ne prédestinait Borg a marquer le tennis de son empreinte. Ses parents étaient des fans de hockey et c’est par hasard, après que son père Rune ait remporté une raquette de tennis lors d’un tournoi de tennis de table, qu’il frappe ses premiers coups droits et revers à l’âge de 9 ans. Petite cause, grande conséquence, cet effet papillon va changer à jamais l’histoire du tennis. Enfant prodige, le jeune Borg s’impose très vite comme l’un des meilleurs joueurs de sa génération. A l’âge de 15 ans seulement il joue ses premiers matchs de Coupe Davis pour la Suède et attire l’attention de tout un pays exsangue de véritables champions. L’ascension est alors fulgurante.
L’hégémonie IceBorg
Un tel talent n’attend pas et Björn Borg passe professionnel dès ses 16 ans en 1973. Travailleur acharné, il gagne ses premiers tournois et détonne par sa qualité de frappe inédite pour son époque. L’année suivante, à seulement 18 ans, il remporte son premier tournoi du Grand chelem à Roland Garros. La planète tennis est consciente d’avoir affaire à un phénomène. 5 autres internationaux de France suivront (1975, 1978, 1979, 1980 et 1981).
En parallèle de son jeu de fond de court particulièrement adapté à la terre-battue, il brille également à Wimbledon, son autre jardin. Quintuple lauréat de 1976 à 1980 sur le gazon londonien, Björn Borg impose une véritable hégémonie. Numéro 1 mondial de 1977 à 1981 pendant 109 semaines, il écœure alors tous ses adversaires, qu’ils s’agissent de ses grands rivaux américains John McEnroe et Jimmy Connors en passant par l’autre prodige de la terre-battue, l’argentin Guillermo Villas. Au cours de cette période, Borg remporte 11 titres du Grand Chelem et inscrit, à seulement 25 ans, définitivement son nom dans la légende.
Résumé de la légendaire finale de Wimbledon 1980 Borg v McEnroe :
L’avènement d’une icône
Outre ses succès sportifs, Borg a joui d’une aura l’ayant propulsant au rang d’icône. Réputé pour son tempérament froid et pragmatique, il acquiert rapidement le surnom d’IceBorg. Prophète en son pays, la popularité de Björn dépasse alors les frontières suédoises. Son charisme naturel et sa crinière blonde en font l’un des sex-symbols des années 70-80. Björn Borg est pour la Suède ce que les Beatles étaient pour le Royaume-Uni, une Rockstar. Surreprésenté dans la presse sportive et people, il devient plus qu’une idole, une véritable égérie de la Suède et du tennis.
Sa rivalité avec John McEnroe que tout oppose, fascine les médias et alimente un peu plus sa légende. Antagonistes dans la vie comme sur les courts, cela ne leur empêche pas de devenir de bons amis. "On se poussait à devenir meilleur et on a rendu le tennis plus attractif", témoigne l’américain dans le Daily Telegraph.
Cette rivalité légendaire comparable à celle contemporaine entre Federer et Nadal, a même fait l’objet d’un long métrage avec Shia Lebœuf dans le rôle de McEnroe en 2017 :
Une retraite prématurée
En 1983, à seulement 26 ans, Borg provoque un tremblement de terre en annonçant sa retraite sportive. Epuisé par ses 10 années sur le circuit professionnel, l’ancien numéro 1 mondial souhaite alors se consacrer à sa vie familiale et regagner une place à l’ombre, loin de la célébrité. 8 ans plus tard, en 1991, il tente cependant un come-back mais à 35 ans et avec sa raquette en bois totalement obsolète, il lui est impossible de performer.
Björn Borg est, et restera, une figure emblématique de la Suède et de son patrimoine sportif. Véritable légende, il a inspiré toute une génération de joueurs et fondé la dynastie des tennismen suédois. Mats Wilander, Stefan Edberg ou autre Jonas Björkman, ont tous suivi les traces de leur pionnier dans l’espoir de devenir son légitime héritier.
Prochaine épisode : Edberg-Wilander, les héritiers.