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CULTURE - Le DJ Rone en escale à Stockholm

DJ Rone StockholmDJ Rone Stockholm
Le DJ Rone sur le toit de Slakthuset - photo : Killing Art Photography
Écrit par Sarah Chabane
Publié le 12 juin 2018, mis à jour le 14 juin 2018

Il y a deux semaines la terrasse de Slakthuset accueillait deux entités bien connues de la scène musicale électronique : Rone et Acid Arab. Avant qu’il n’électrise la nuit suédoise, Le petit journal Stockholm a eu l’occasion de rencontrer Rone pour un entretien exclusif. Connu internationalement avec ses titres oniriques comme Bye Bye Macadam, le Dj a sorti son quatrième album Mirapolis, à la fin de l’année 2017.  A l’occasion de son premier concert à Stockholm il a évoqué son processus créatif, ses inspirations et ses projets à venir.

 

Bienvenue à Stockholm ! C’est la première fois que tu joues en Suède, quelles sont tes premières impressions ?

Oui c’est la première fois que je joue à Stockholm ! Je suis venu directement de l’aéroport donc j’ai pas vu grand chose, mais je suis content et surpris du lieu car ça fait longtemps que j’ai pas joué en plein air, donc ça c’est plutôt pas mal. Et puis je suis super content de faire cette mini tournée dans les capitales scandinaves, car c’est des villes où je n’ai jamais joué avec des ambiances très différentes suivant les lieux.

Tu viens de sortir un album Mirapolis est-ce-que ce soir tu vas jouer des morceaux de cet album ?

Alors oui ce soir je vais faire un live set où je pense jouer pour moitié des morceaux du nouvel album et l’autre moitié des trucs un peu plus anciens.

 

DJ Rone sur les toits de Slakthuset
Le DJ Rone durant son set à Stockholm - photo : Killing Art Photography

 

On voit que dans tes inspirations il y a beaucoup de lieux, comme pour ton deuxième album ( inspiré par la ville de Berlin), j’ai appris que pour ton dernier album tu avais été inspiré par la Bretagne, qu’est ce que ce lieu t’as apporté ?

En fait, j’habite à Paris, j’ai grandi à Paris, j’adore cette ville, mais c’est un endroit où j’arrive pas vraiment à créer. Donc quand j’ai envie de faire un disque, je pars. Et là sur cet album, j’avais envie d’être près de la mer donc j’ai juste loué des chambres d’hôtel face à la mer, une fois à Roscoff et une fois à Brest, puis la musique est sortie toute seule. S’isoler aussi c’est important, pouvoir se mettre dans sa petite bulle et voire même rechercher une forme d’ennui, parce que quand tu t’ennuies tu prends plaisir à faire du son… Et puis les lieux sont inspirants et m’inspirent une musique complètement différente, la musique que j’ai faite à Berlin n’a rien à voir avec celle que j’ai faite en Bretagne.

Dans cet album on voit beaucoup de collaborations, avec un pochette d’album réalisée par Michel Gondry et des apparitions du slameur Saul Williams, est-ce que tu peux nous parler du processus créatif derrière cet album ?

Je fais toujours un peu les choses de la même manière. Après chaque album, je fais une tournée et pendant ces tournées je commence à réfléchir au prochain, je pose quelques idées sur mon ordinateur, dans les chambres d’hôtel, les aéroports…. et puis à un moment donné je prends deux trois mois pour le finaliser. Pour Mirapolis j’ai réfléchi en contraste avec le dernier album, Creatures, qui était un album sombre et là j’avais envie de faire quelque chose de très différent, beaucoup plus solaire, je voulais aller chercher des énergies beaucoup plus positives. Après, j’avais aussi envie de faire un album très solitaire, et finalement y a plein de collaborations. J’ai composé tout l’album dans les chambres d’hôtels tout seul et une fois que j’étais dans mon studio à Paris, j’ai commencé à me dire : ce serait bien qu’il y ait une voix sur celui-là, des cordes sur ce morceau...donc j’ai invité des musiciens, chanteurs à enrichir le morceau. C’est un processus en deux temps finalement.

 

DJ Rone Slakthuset Stockholm
Le DJ Rone pendant son set à Stockholm - photo : Killing Art Photography

 

Ta pochette d’album réalisée par Michel Gondry, tes clips très visuels comme celui de Bye Bye Macadam, quel rapport entretiens-tu avec l’image ?

Quand j’ai commencé à faire de la musique j’étais étudiant en cinéma, donc je “consommais” plus de films que de musique, je regardais quatre, cinq films par jour, j’allais tout le temps à la cinémathèque, donc l’image est vraiment importante pour moi. Quand l’album est fini j’adore réfléchir à comment on peut emmener les morceaux plus loin avec des images. Mon fantasme ce serait de faire un disque film, c’est à dire que chaque morceau a un clip et que tous ces clips s'enchaînent comme un film. L’image me suit aussi jusque sur la scène, puisque pendant les concerts on a toute une scénographie dessinée par Michel Gondry qui permet de poser un cadre, un univers, un décor.

Plus que les images, il y a aussi des textes dans tes morceaux, notamment lors de ta collaboration avec Alain Damasio, l’auteur de science fiction, quelle est ta relation avec ce genre littéraire?

Je suis pas un grand expert de la science fiction. J’avais lu Orwell ou K. Dick, mais à l’époque où j’étais étudiant en cinéma, j’étais tombé sur un des bouquins d’Alain, La Zone du dehors et j’avais le projet de l’adapter au cinéma. Du coup c’est comme ça qu’on s’est rencontré, pendant deux ans j’ai bossé là-dessus mais j’ai jamais réussi à le faire, c’était trop ambitieux. Mais du coup ce morceau, Bora, a jailli et plus que la science fiction c’est l’oeuvre et l’univers d’Alain qui m’ont touché. Y a ce truc dans la science fiction qui est de grossir à la loupe les petits travers d’aujourd’hui pour montrer vers quoi on se dirige, mais souvent de manière très négative alors que chez Alain on retrouve cette niaque qui pousse à se révolter, à faire des choses, qui est géniale.

 

Dj Rone - Globen - Stockholm
Globen s'illumine dans la nuit de Stockholm - photo : Killing Art Photography

 

Quelles sont tes influences musicales dans cet album ?

La plupart du temps je suis un peu comme une éponge, j’écoute un peu de tout et j’arrive pas vraiment à mettre le doigt sur des influences musicales précises. C’est pour ça que l’album est assez hétérogène, il y a évidemment beaucoup de musiques électroniques car mes instruments restent des machines et des boîtes à rythme mais comme j’adore le classique il y a des cordes, comme j’adore la pop il y a des voix … Mais parfois comme par exemple sur le morceau avec Baxter Dury, je me suis dit, ce serait intéressant d’avoir la voix d’un anglais, j’ai pensé aux Beatles et à ce souvenir d’enfance…. Donc oui c’est plutôt des influences assez anciennes, des souvenirs qui remontent à la surface.

Est ce que tu peux nous parler de tes projets en cours ?

Il y a d’abord cette grosse tournée qui va durer jusqu’à la fin de l’année et puis j’ai pas mal de projets assez différents. J’ai des projets de musique de film, avec la bande originale de deux longs métrage mais j’ai aussi un projet un peu plus atypique avec un choeur d’enfants… Je ne m’ennuie pas !

Rone Mirapolis (2017) InFiné Music

Sarah Chabane et Louisa Karmoudi, le 12 juin 2018

Photos : Killing Art Photography

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