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LA CHRONIQUE SUÉDOISE D’ANNIE – À la recherche d’un ami suédois ?

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Publié le 24 janvier 2017, mis à jour le 24 janvier 2017

 

C'est suite à plusieurs années passées à l'étranger et un retour récent en Suède qu'Annie Sturesson nous propose de redécouvrir son pays natal au détour de plusieurs sujets auxquels elle se frotte au quotidien. Dans ce premier article, elle raconte son expérience avec Kompis Sverige, une association qui met en relation Suédois et nouveaux arrivants.

[Note de la rédaction : le texte a volontairement été laissé tel quel pour respecter les propos d'Annie, dont le français est de grande qualité]

 

 

C'est un mardi soir en février, à Bagdad café, au centre-ville de Stockholm, que l'animatrice s'adresse à son auditoire : « Pourquoi vous êtes-vous inscrits à ce programme ? ». « J'aimerais contribuer à l'intégration des immigrés dans la société suédoise », répond une infirmière. « Je cherche des échanges culturels », explique une jeune étudiante.

L'auditoire est composé d'un groupe de 40 personnes de tous âges et de différentes formations professionnelles. Ils ont tous été convoqués à la réunion informative de Kompis Sverige (autrement dit « Ami Suède », ndlr). Il s'agit d'un projet d'intégration, ou un service d'amitié, selon Pegah Afsharian, une des deux fondatrices de l'initiative. L'objectif de Kompis Sverige est de transformer la Suède à travers des rencontres entre des immigrés et des citoyens suédois. C'est à la suite d'entretiens individuels que l'organisation met en contact des individus qui partagent des intérêts en commun ou qui se trouvent dans des situations de vie similaires.

Cependant, pour s'inscrire au programme, certains critères s'imposent. De la part des immigrés, un permis de séjour en Suède est demandé ainsi qu'un niveau de suédois intermédiaire. De plus, les deux nouveaux amis devront se fréquenter au moins 6 heures par mois pendant 6 mois. Le but est de tisser des relations durables. Pour le moment, le projet s'adresse uniquement aux municipalités autour de Stockholm ainsi qu'à Lund, au sud de la Suède. Sur le long terme, l'association a pour ambition d'offrir ses services dans l'ensemble du pays.

Le service d'amitié proposé par Kompis Sverige est très sollicité, tout particulièrement par les Suédois, plusieurs milliers s'y sont déjà inscrits, y compris le Premier ministre, Stefan Löven, et l'ancien membre d'ABBA, Björn Ulvaeus. Suite à cette demande importante, une file d'attente s'est imposée pour accueillir un bon nombre de personnes qui, patiemment, attendent leur tour pour obtenir un nouvel ami. Je fais partie de ce groupe patient. Je m'y suis inscrite en novembre dernier, puis j'ai passé un entretien en janvier avant d'assister à une réunion d'introduction en février. Malgré toutes ces étapes, il me reste probablement encore trois mois d'attente.

Ce type de projet d'intégration est intéressant pour plusieurs raisons. Tout d'abord, la volonté, manifestée par des milliers de Suédois, de contribuer à une meilleure intégration, fait preuve d'un engagement civique impressionnant. Cependant, la nécessité d'un service d'amitié témoigne, en quelque sorte, de la mentalité suédoise, ce qui est moins flatteur. En effet, nous sommes plutôt réservés et prudents, donc peu favorables aux rencontres spontanées. Rares sont les personnes qui s'adressent, de façon impulsive, à de nouvelles personnes ou à des gens qu'ils ne connaissent pas bien. D'autre part, il est tout à fait normal de ne pas communiquer avec ses voisins ou même de les saluer. Si on s'adresse à un parfait inconnu dans son quartier ou dans une salle de gym, on risque même de se faire passer pour un fou !

Par conséquent, cette mentalité rend les rencontres entre les Suédois et les nouveaux citoyens plus difficile. À ce sujet, je viens de déménager à Stockholm et j'ai constaté que ça n'est pas évident de faire de nouvelles rencontres dans cette ville, même en tant que Suédoise. Donc, que faire ? Faut-il développer davantage Kompis Sverige pour stimuler de nouvelles rencontres en Suède ? Ou est-ce que notre dépendance à ce genre d'associations participe au problème ? La solution n'est-elle pas plutôt de prendre ses propres initiatives ? Ne sommes-nous pas capables de faire de nouvelles rencontres au quotidien et d'inviter, par exemple, un nouveau collègue à diner ou même d'essayer un nouveau passe-temps dans un autre coin de la ville ?    

Bien sûr, ça prend du temps de changer la société suédoise et sa mentalité. En attendant, je garde ma place dans la file d'attente de Kompis Sverige. Espérons que j'aurai une nouvelle amie dans trois mois !

Informations pratiques

À la recherche d'un ami ? Contactez : 

Invitationsdepartementet 

Svenska med baby

Kompis Sverige

 

Annie STURESSON (texte et photos) lepetitjournal.com/stockholm Mercredi 10 février 2016

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