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Alexandre Holroyd : un Français de l’étranger

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Écrit par Lepetitjournal Stockholm
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 22 novembre 2017

Lors de sa venue à Göteborg vendredi 17 novembre, lepetitjournal.com/stockholm a eu l’opportunité d’interviewer Alexandre Holroyd, député de la 3ème circonscription des Français de l’étranger qui regroupe les pays du nord de l’Europe: Royaume-Uni, Irlande, Finlande, Suède, Norvège, Danemark, Estonie, Lituanie, Lettonie et Islande.

Vendredi dernier, à Göteborg, 26 chefs d'état se sont réunis pour répondre à l'invitation du Premier ministre suédois Stefan Löfven et du Président de la commission européenne Jean Claude Juncker et participer ainsi au sommet social pour des emplois équitables et une croissance durable, un sommet dédié au socle européen des droits sociaux. Présent au rendez-vous, Alexandre Holroyd en a profité pour rencontrer différents membres de la communauté française et apprécier le cadre de la ville qu’il découvrait pour la première fois et qu’il a trouvé fabuleux, tout comme l’accueil chaleureux qu’il a reçu.

 

Lepetitjournal.com/stockholm a eu l’opportunité de l’interviewer entre deux rendez-vous.

 

lepetitjournal.com : J’imagine que vous avez une journée bien remplie. Quel a été votre programme depuis votre arrivée ce matin et que reste-t-il à votre ordre du jour aujourd’hui ?

Je suis arrivé de Londres ce matin et me suis rendu à la Franska Skolan de Göteborg où j’ai eu la chance de m’entretenir avec des élèves qui parlent un français exceptionnel. Sachant qu’un élève sur deux n’a pas de parents français, c’est tout à fait remarquable ! Nous avons eu une conversation sous forme de questions/réponses. Il est intéressant de voir que certains élèves comptent poursuivre leurs études en France. La plupart d’entre eux connaissent le nom d’Emmanuel Macron, ce qui permet de mesurer l’effet du souffle créé par la présidentielle française au regard des enfants. Nous avons également échangé sur le métier de député, et les élèves ont posé des questions dont un, Antoine, 12 ans, qui m’a posé une question très précise sur la loi travail.

 

J’ai également échangé avec des représentants de la communauté française, de l’Alliance française, et des professeurs de l’école française sur les différentes problématiques qu’ils ont ici et sur la question du budget. Nous avons aussi eu la possibilité d’échanger avec des étudiants en Erasmus ainsi que des citoyens qui sont en Suède depuis très longtemps pour des raisons personnelles ou professionnelles. Et là nous nous dirigeons pour aller signer le partenariat franco-suédois sur l’innovation avec le président de la république.

 

Troisieme_circonscription_francais_etranger

 

Qu’est-ce que cela signifie pour vous de représenter les Français de l’étranger ?

C’est très particulier car c’est représenter ce que je suis, du fond du coeur, moi un Français qui ai grandi à l’étranger et qui est devenu français à travers certes mes parents, mais aussi grâce au réseau culturel, linguistique et scolaire français à l’étranger. Ce sont des institutions auxquelles je suis particulièrement attaché. Les Français vivant à l’étranger sont d’une richesse inouïe par leur expérience de vie unique à l’international. Dans chaque pays de l’OCDE, il y a des choses qui marchent et d’autres qui marchent moins bien et en général, les Français vivant à l’étranger ont cette expertise différente qui prend en compte le fonctionnement d’autres pays. Il faut absolument apprendre d’eux. Les pays en question ont vocation à rester des partenaires de la France d’où l’idée d’étendre le programme Erasmus des étudiants à de jeunes professionnels, d’où l’utilité de créer des universités européennes. C’est une direction pour continuer la construction européenne qui a commencé il y a un demi siècle et qui à mon sens est un ouvrage fabuleux.

 

Quelle sont les priorités de votre mandat pour les Français de l’étranger ?

La priorité absolue de mon mandat et de tous les députés qui ont été élus, qui sont des députés de la nation, doit être de réformer notre pays. Nous avons des secteurs de notre pays qui souffrent énormément, un taux de chômage tragiquement élevé et certaines régions en France ont besoin d’un soutien de l’état pour offrir à tout un chacun les mêmes opportunités sociales et économiques. Après, chaque élu a sa particularité dans sa circonscription mais la priorité numéro 1 de tous les élus de la nation, cela doit être le redressement national.

D’un point de vue d’élu des Français de l’étranger, ma mission est de m’assurer du fonctionnement du réseau que nous avons à l’international, unique au monde. Si vous regardez l’AEFE, l’Agence pour l'enseignement français à l'étranger, qui oeuvre pour la scolarisation des Français à l’étranger, il n’y a pas d'équivalent à nos 496 écoles partout dans le monde et sous des formes différentes. Je suis un enfant de ce système, j’ai passé toute ma scolarité dans un lycée des Français à l’étranger. Pour moi, ce n’est donc pas un exercice intellectuel, c’est le coeur de ma personne. Il est essentiel de défendre cette influence. La défendre, cela ne veut pas forcément dire de la protéger de la réforme mais bien aussi la réformer pour qu’elle se pérennise à long terme.

Les 11 députés de l’étranger de la république En marche ! se sont battus pour que le budget de l’AEFE soit sanctuarisé en 2018 et en 2019 et il l’est. Il faut qu’on maintienne notre présence. Je parle de la scolarité mais aussi de la présence de la langue, de la culture, des Instituts français, des Alliances françaises et des services consulaires. La citoyenneté s’exprime aussi par cet accès aux services publics francais à l’étranger à travers le consulat. On doit solutionner l’accès des services français à l’étranger, vraiment le protéger et  moderniser afin de le démocratiser. Il faudra donc en réformer certains aspects tels que la numérisation du vote électronique. On a un droit constitutionnel au vote mais il est très clair que si vous habitez à 6 heures de voiture du bureau de vote, oui techniquement, vous pouvez voter mais vous conviendrez que c’est différent de pouvoir voter presque instantanément électroniquement. On fait tout pour mettre en oeuvre ce vote électronique pour les prochaines élections législatives.


Dans quelle mesure avez-vous l’impression de renouveler la classe politique avec votre background ?
 

Nous avons tous notre particularité et notre pierre à apporter à l’édifice mais ce que nous représentons, c’est la volonté farouche de la majorité des Français d’effectuer les réformes dont le pays a besoin. Et cette majorité n’est pas toujours la plus brillante, ni la plus politisée mais nous, les élus, sommes le reflet de cette majorité qui vient de tous les territoires nationaux et internationaux. Cette majorité veut que notre pays redevienne le pays de conquête qu’il a été, et qu’au lieu de se recroqueviller sur lui-même dans l’espoir désillusoire de trouver sa voie, notre pays reprenne confiance en lui pour réussir dans le monde d’aujourd’hui tel qu’il est, aussi imparfait soit-il. Cette volonté doit se manifester en libérant toutes les énergies des individus, des entrepreneurs et investisseurs et en même temps en protégeant chacun, quelles que soient l’origine sociale et la situation familiale. Chacun doit pouvoir avoir accès aux possibilités que le monde d’aujourd’hui offre. C’est pour cela qu’on doit investir dans l’éducation et la formation, c’est pour cela que l’on veut se pencher particulièrement en France sur les quartiers avec les Réseaux d'Éducation Prioritaire où l’école républicaine s’est affaiblie. Pour donner à chacun la chance de réussir dans le monde d’aujourd’hui.
 
 


À quel point la Suède est-elle une source d’inspiration pour la France ?

La France est très clairement influencée par les réformes qui ont été menées dans les années 80 et 90 en Suède. Si vous regardez le programme présidentiel et que vous le comparez à ceux des états voisins, vous trouverez que ceux de la Suède et du Danemark sont les plus proches de notre programme, puis peut-être l’Allemagne et le Royaume-Uni pour des secteurs particuliers. La Suède est une source d’inspiration pour le dialogue social et la réforme de l’ISF. La Suède a réussi à concilier une économie libérée et protectrice de ses citoyens à la particularité, l’astérisque près que la Suède a une relation moins engagée dans l’U.E que la France notamment sur la zone euro.

 

Né le 17 mai 1987 à Bâle, Alexandre Holroyd a étudié au lycée Charles-De-Gaulle à Londres puis au King’s Collège, à la London School of Economics, et à Sciences Po Paris. Il a ensuite travaillé plusieurs années pour un cabinet de conseil en stratégie, avec l’administration européenne à Bruxelles ainsi qu’avec l’administration britannique. En 2017, Il quitte son emploi pour fonder le mouvement En Marche ! à Londres quelques semaines après le vote britannique sur le Brexit. Investi par La République En Marche, il est élu député le 18 juin 2017 dans la 3ème circonscription des Français de l’étranger pour représenter la communauté française établie au Nord de l’Europe (Royaume-Uni, Irlande,Finlande, Suède, Norvège, Danemark, Estonie, Lituanie, Lettonie et Islande.)

 

Noémie Altschul, 21 novembre 2017

lepetitjournal Stockholm
Publié le 21 novembre 2017, mis à jour le 22 novembre 2017

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