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6 février – La fête nationale samie

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Staffan Widstrand
Écrit par Lepetitjournal Stockholm
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 31 octobre 2017

Depuis 1992, le 6 février, c’est la fête nationale samie (samenationaldagen). Une occasion pour nous d’aborder la culture et l'histoire de ce peuple du grand nord, qui se bat encore pour défendre ses droits.

 

Parce que les Sames, ce n’est pas juste du folklore comme on l'a vu dans la production télévisuelle franco-suédoise "Jour Polaire" (Midnattssol) ou dans les romans d’Olivier Truc (Le Dernier Lapon, Le Détroit du Loup, La Montagne rouge).

La population samie compte 80.000 à 100.000 membres, dont quelques 20.000 en Suède, répartie sur un territoire de 260.000 km2 dénommé Sápmi, s’étendant au delà du cercle polaire arctique de la Norvège à la péninsule de Kola en Russie en passant par la Suède et la Finlande. La fête nationale, qui célèbre la première réunion des Sames le 6 février 1917 à Trondheim, est commune à tous les Sames.

"C’est un rassemblement important qui permet de resserrer les liens entre nous tous. Et puis c'est le jour où le drapeau sami est hissé au-dessus de l’hôtel de ville de Stockholm, signe de reconnaissance de la part des politiques de la ville. Ca a beaucoup de sens pour nous", nous précise Sara Leoni, porte-parole de l’association des Sames de Stockholm (Sameföreningen i Stockholm). La cérémonie du drapeau a lieu de 09h00 à 09h30.

Le dernier peuple indigène d’Europe

Les Sames constituent le dernier peuple indigène d’Europe : ils vivent depuis des temps immémoriaux, environ 10.000 ans, dans une région qui a été colonisée. Selon les zones et les politiques nationales, les traditions samies se sont conservées de manière différente. 

Pour Sara Leoni, "Etre Same aujourd’hui, c’est différent d’une personne à une autre. A Stockholm, peu de gens connaissent notre histoire, il n’y a pas grand chose sur la culture samie dans les manuels d’histoire. Etre same est perçu comme quelque chose d’exotique".

Traditionnellement, le peuple sami est un peuple d’éleveurs de rennes et de chasseurs. Autrefois, le renne leur offrait tout ce dont ils avaient besoin pour leur survie: viande et graisse pour la nourriture, peaux et cuir pour l'habillement. Leur vie était rythmée en huit saisons selon le cycle de vie de l’animal. Aujourd'hui, seulement 10% des Sames vivent de l’élevage version 2.0: ils surveillent les troupeaux en scooter des neiges et communiquent avec leur portable. Beaucoup d'entre eux travaillent dans le tourisme, sont artisans ou artistes mais la plupart vivent complètement sédentarisés et exercent des professions sans lien avec leur culture.

Colonisation et combat actuel

La Suède n’a pas toujours été tendre avec les Sames. Elle les appelait les "Lapp", qu'on peut traduire par "haillons, guenilles”, à l’origine du terme longtemps utilisé de "Laponie".

Opprimés, déplacés, rejetés et considérés intellectuellement inférieurs pendant des siècles, le peuple indigène a été malmené, ses droits bafoués. L’Etat suédois a confisqué leurs terres et leurs bêtes. Leur langue et leur religion étaient interdites, les chamanes étaient persécutés et leurs tambours sacrés, il n’en reste que 71 à ce jour, brûlés. Beaucoup de femmes ont été stérilisées et leurs enfants n’avaient pas le même accès à l’éducation que le reste des enfants suédois.

Difficile dans ces conditions de sauvegarder l’identité et les intérêts économiques de tout un peuple. La situation a commencé à évoluer après la seconde guerre mondiale et aujourd'hui les Sames de Suède ont leur Parlement et leur langue est l'une des langues minoritaires nationales depuis 2000.

Pour Sara Leoni, Stockholm pourrait faire mieux. "L’état suédois poursuit encore aujourd'hui une politique colonialiste envers les Sames, en n'étudiant pas les questions qui les concernent".

Les relations avec l’industrie minière sont particulièrement épineuses car si elle a apporté d'énormes ressources dans le nord de la Suède, elle a aussi créé d’énormes dégâts.

En 2016, après une âpre lutte judiciaire, un village sami a récupéré les droits exclusifs pour le contrôle de la chasse et de la pêche dans sa région et les compétences qui avaient été retirées aux Sames par le Parlement suédois en 1993 ont été restaurées. Une petite victoire pour tous les Sames qui oeuvrent à la reconnaissance de leurs droits. 

A l'avenir, Sara Leoni "espère que le gouvernement suédois fera en sorte de faciliter la pratique de la langue samie, qu’il fera tout pour ne plus dégrader la terre et l'eau des territoires samis et que les gestes haineux contre les Sames diminueront. J'ai grand espoir pour la jeune génération samie".


Anne Donguy, 6 février 2017

 

lepetitjournal Stockholm
Publié le 6 février 2017, mis à jour le 31 octobre 2017

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