Édition internationale

SOCIÉTÉ – L’anorexie toute crue

L'anorexie revient sur le devant de la scène par le biais d'une campagne d'affichage polémique présentant une malade nue. Diffusée en Italie, elle a été déconseillée en France par le Bureau de vérification de la publicité (BVP)

Campage de lutte contre l'anorexie ou simple publicité provocante ?  (photo AFP)

Une jeune femme apparaît nue sur d'énormes panneaux d'affichage ou dans les magazines depuis le début de la semaine en Italie. Mais ce n'est pas ce qui suscite la polémique. Non, Isabelle Caro, la comédienne française âgée de 27 ans qui a accepté de s'exposer ainsi, est anorexique.
5.000 personnes en France souffrent d'anorexie. Mais, depuis le lancement de la campagne de pub contre la maladie, une grande vague de réactions s'est soulevé.
Car l'auteur de la pub, c'est Oliviero Toscani, le polémique photographe célèbre pour ses clichés "coup de poing"pour Benetton. La campagne actuelle a certes reçu le soutien du ministère italien de la Santé, mais des protestations se sont tout de même exprimées dans le pays.
La mairie de Milan a qualifié le procédé de pornographique. Le quotidien italien Il Corriere della Sera a refusé de publier la photographie, en expliquant que selon lui cela allait déclencher un sentiment de répulsion de la part des gens et une possible vague d'émulation chez certaines anorexiques. L'association de consommateurs Codacons a déclaré qu'aucune personne malade ne devrait être exploitée à des fins publicitaires. Or, la ligne de vêtement Nolita parraine la campagne, faisant naître une ambiguïté sur son caractère publicitaire et renforçant la polémique.

Anorexie, une lutte encore timide
En France, la campagne "choc"a reçu l'avis défavorable du Bureau de vérification de la publicité. L'organisme déconseille donc aux afficheurs français de suivre le mouvement. Il juge qu'elle est "intentatoire à la dignité humaine" et que Toscani ne fait qu'exposer une pathologie "au profit d'une marque". La pub n'est cependant pas interdite puisque cela serait de la censure. Hier, L'Express exprimait sur son site
son refus de publier la photographie, que l'on trouve toutefois partout sur Internet.
Le débat autour de la campagne a pris de l'ampleur alors que vont débuter les défilés de prêt-à-porter et que se déroule actuellement la Semaine de la mode à Londres. Le projet d'Isabelle et de Toscani fait aussi écho à la polémique qu'avait suscitée le sort des top models trop maigres. Les autorités commencent à réagir face aux critiques de plus en plus vives concernant la maigreur des mannequins, mais les actions entreprises sont encore peu nombreuses.
L'Espagne avait pris des mesures pour interdire les défilés aux jeunes femmes ayant un indice de masse corporelle (IMC) inférieur à 18 (56 kilos pour 1m75). Le Conseil britannique de la mode a publié un rapport interdisant le mannequinat aux jeunes filles de moins de 16 ans et conseillé un "environnement sain" dans les loges : pas de drogue, pas de cigarette, une nourriture saine et de la documentation sur les désordres alimentaires? Chez nos voisins transalpins, l'élection de Miss Italie le 22 septembre a provoqué certaines réactions outrées de téléspectateurs considérant que la lauréate était trop maigre.
Au-dessus de la polémique, Isabelle Caro a expliqué que c'était seulement son "devoir de faire passer un message", espérant que son image réveille les consciences.
Nicolas MANGIN. (
www.lepetitjournal.com) jeudi 27 septembre 2007

En savoir plus
Libération - Toscani met l'Italie mal à l'aise
L'Express - Anorexie : les victimes de la mode

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